Ces plantes d’intérieur qui ne veulent pas se ramifier
L’avocatier est tout naturellement porté à pousser sans ramification. Si vous voulez le voir se densifier, il faut l’obliger à le faire. Source: www.reddit.com
Avez-vous déjà remarqué que certaines plantes d’intérieur produisent des touffes denses et feuillues, créant un joli monticule de verdure, tandis que d’autres poussent tout droit vers le haut, sans la moindre branche, révélant une bonne longueur de tige nue? Ces plantes étaient souvent bien mignonnes dans leur jeunesse, quand elles étaient encore assez trapues ou portaient encore assez de feuilles pour recouvrir leur tige dressée, mais elles sont devenues dégarnies et maigrichonnes à mesure qu’elles ont grandi.
Ces espèces — des plantes aussi populaires que l’avocatier (Persea americana), le faux aralia (Dizygotheca elegantissima, maintenant Pierandra elegantissima), le schefflera (Schefflera actinophylla), le caoutchouc (Ficus elastica), les dracénas (Dracaena spp.) et l’arbre à monnaie (Pachira aquatica) — sont souvent des arbres de forêt dense dans la nature: elles sont génétiquement programmées pour pousser en hauteur jusqu’à ce qu’elles quittent l’ombrage dense du sous-bois pour atteindre la canopée, là où il y a du soleil, et seulement alors commenceront-elles à se ramifier. Elles ne semblent pas se rendre compte que, dans votre salon, le meilleur éclairage est généralement vers la mi-hauteur de la pièce et qu’ainsi elles ne trouveront que déception (ainsi que le plafond!) si elles continuent à croître obstinément vers le haut.
Il y a aussi certaines plantes d’intérieur qui ne deviennent pas nécessairement des arbres, mais qui ne se ramifient naturellement qu’après leur première floraison… ce qui, étant donné que les conditions dans nos demeures sont rarement l’équivalent de celles que ces plantes auraient reçues à l’état sauvage, pourrait ne se produire qu’après bien des années. C’est le cas du kalanchoé de Grémont (Kalanchoe daigremontiana) et du pachypode (Pachypodium lamerei).
Enfin, il y a aussi certaines plantes d’intérieur dressées qui semblent être naturellement dépourvues de branches, même à maturité. L’aglaonéma (Aglaonema spp.) et le dieffenbachia (Dieffenchia seguine, syn. D. amoena) appartiennent à cette catégorie.
Que peut-on faire avec ces plantes à tige unique?
Recherchez des cultivars naturellement ramifiés
Souvent, les hybrideurs aident les jardiniers amateurs en développant des variétés qui se ramifient plus abondamment que leur ancêtre. Autrefois, par exemple, le coléus (Coleus scutellarioides) était peu porté à se ramifier et produisait généralement une haute tige avec seulement des feuilles au sommet. Les variétés modernes, par contre, se ramifient abondamment, formant de véritables monticules de feuillage coloré. Il en va de même pour le pélargonium des jardins (Pelargonium x hortorum) : les cultivars modernes ont un port naturellement plus arrondi et ramifié que les anciens. Il existe même maintenant des variétés de dieffenbachia (Dieffenbachia spp.), pourtant une plante qui a la réputation de filer tout droit vers le plafond, qui se ramifient, du moins à la base.
La taille stimule la ramification
Et pour les plantes qui n’ont pas encore été «améliorées», vous pouvez toujours les tailler pour stimuler la pousse de branches.
On sait depuis longtemps que la taille stimule la ramification des végétaux : demandez à un pomiculteur ou à un élagueur de haies et il vous le confirmera. On sait même pourquoi! C’est à cause de la dominance apicale, très forte chez certaines espèces, notamment les arbres. Le bourgeon terminal (celui de l’extrémité supérieure de la plante) produit une hormone, l’auxine, qui inhibe la croissance des branches latérales. Mais si on l’enlève, l’inhibition tombe et une ou plusieurs branches secondaires se développent.
Donc, si vous voulez voir votre plante se ramifier, il faut lui couper la tête! On peut le faire en pinçant (supprimant) tout simplement le bourgeon terminal, ou encore, on peut couper la tige principale avec un sécateur à 5 à 15 cm du sommet. Si la plante est déjà trop haute, on peut même la rabattre sérieusement, la ramenant à une hauteur plus acceptable. Par exemple, vous pouvez couper un dracéna de 2 m de hauteur à 15 ou 30 cm de sol et il repoussera sans problème à partir du peu de tige qu’il lui restera.
Chaque plante réagit différemment à la suppression du bourgeon terminal. Certaines produisent alors une multitude de rameaux; d’autres, que quelques-uns. Certaines aussi s’entêtent à ne produire qu’une seule tige de remplacement (l’avocatier, par exemple). Donc, on lui coupe la tête et elle réagit en produisant une seule autre tête. Parfois, il faut la pincer ou la tailler plusieurs fois, tous les quatre ou cinq mois, avant que la plante daigne produire une deuxième branche.
Et même quand plusieurs branches se forment, la dominance apicale s’installe de nouveau et ces nouvelles branches commencent à empêcher d’autres branches de se former. Ainsi, pour les plantes où la dominance apicale est forte, il faut généralement pincer la plante occasionnellement, de préférence au début du printemps, enlevant le bourgeon terminal de toutes les branches, pour maintenir la croissance dense tant désirée.
Quelles plantes tailler?
En fait, vous pouvez supprimer la tête de presque toutes les plantes d’intérieur qui ont une tige dressée… sauf les palmiers. Les vrais palmiers ne produisent tout simplement pas de branches (sauf dans de très rares circonstances, peu susceptibles de se produire chez vous). Il y a, il est vrai, des palmiers qui produisent des drageons dans le sol au pied de la plante mère, mais des branches sur leur stipe (tronc)? Non. Alors, laissez les palmiers tranquilles, mais vous pouvez tailler essentiellement toute autre plante qui a une tige dressée.
Vous pouvez, en passant, faire enraciner la tête que vous avez enlevée. Oui, il suffit de l’insérer dans un pot de terreau humide et de la cultiver comme n’importe quelle autre bouture! Ou de faire un marcottage aérien.
Groupez les plantes pour un plus bel effet
Pour une solution plus rapide, pensez à planter plusieurs végétaux peu ramifiés dans le même pot, ce qui leur donne une apparence plus dense qui peut durer des années. D’ailleurs, les pépinières de production le font régulièrement avec certaines plantes telles que l’aglaonéma, le faux aralia et les dracénas. Lorsque les plantes dans ces pots communs commencent à paraître dégarnies, rabattez-les sérieusement et elles repousseront toutes à partir de la base, rétablissant ainsi l’apparence dense et attrayante du début.
Ainsi, il n’est pas nécessaire de laisser les plantes dégarnies nuire à l’effet de votre décor: une taille judicieuse ou un rempotage en groupe peut leur redonner une apparence des plus saisissantes.
Depuis le temps que je cherche à comprendre l’obstination de mon ficus elastica de se refaire une seule tige chaque fois que je l’étête, vous êtes le premier à me fournir une explication claire et aidante. Merci.