Nymphéa, nénuphar ou lotus?
Les jardiniers confondent ces trois plantes; elles sont pourtant très différentes! Source: www.woodvalefishandlilyfarm.com.au & www.rarexoticseeds.com
Nymphéa, nénuphar ou lotus?
Que de confusion avec les noms de ces trois plantes des genres Nymphaea, Nuphar et Nelumbo! D’accord, elles sont toutes des plantes aquatiques, avec des feuilles plus ou moins circulaires, mais elles ne sont pas nécessairement très apparentées. L’utilisation des noms nymphéa, nénuphar et lotus est tellement confuse que même Wikipédia n’arrive pas à faire une distinction très précise, notamment entre nymphéa et nénuphar.
Essayons d’y voir plus clair.
Qui a raison?
La distinction entre nymphéa et nénuphar, surtout, est très controversée. Certaines autorités utilisent les deux noms indifféremment, ce qui, à mon avis, porte à confusion. Ce qui vous lirez ici est donc mon point de vue et d’ailleurs, le point de vue de plusieurs horticulteurs.
Pour démêler la terminologie, je me suis surtout référé aux spécialistes des plantes aquatiques qui, eux, sont très précis dans leur utilisation des trois termes. Ma référence principale — et pourquoi pas? — est la célèbre maison Latour-Marliac, spécialiste française des plantes aquatiques depuis 1875… mais aussi, je compte sur le gros bon sens. Car, comme vous verrez, il y a des raisons très logiques pour utiliser les trois termes distinctement!
Feuilles ou fleurs?
Notez que les trois plantes ont des feuilles circulaires flottantes, au moins pendant une partie de leur vie. C’est donc davantage par la fleur qu’on peut les distinguer.
Les trois plantes confondues
Nymphéa
C’est le nom à préférer pour les plantes du genre Nymphaea, de la famille des Nymphéacées. Cela paraît logique, car le nom commun dérive directement du nom botanique. Pourtant, la plupart des non-initiés appellent ces plantes nénuphars.
Chaque fleur de nymphéa produit beaucoup de pétales : au moins huit et généralement beaucoup plus. Ils peuvent être blancs, roses, rouges, bleus ou jaune pâle, mais jamais jaune franc (couleur limitée aux plantes du genre Nuphar). Il y a un amas d’étamines jaunes au centre.
Les fleurs peuvent être flottantes ou portées au-dessus de l’eau, selon l’espèce. Les capsules de graines, par contre, disparaissent sous l’eau après la floraison, un trait unique aux nymphéas.
Les feuilles plus ou moins circulaires sont munies d’une fente pour permettre l’évacuation de l’eau de pluie, un trait que les nymphéas partagent avec les nénuphars (Nuphar spp.).
Les nymphéas sont des plantes très ornementales, populaires dans les jardins d’eau. Il en existe des centaines d’hybrides.
Nymphéa est aussi le terme à préconiser comme nom commun pour d’autres plantes similaires de la famille des Nymphéacées, comme le nymphéa géant (Victoria spp.).
Nénuphar
Le mot nénuphar* vient de l’arabe nain?far et s’utilisait indifféremment pour désigner les Nymphaea, les Nuphar et les Nelumbo. Logiquement, il faudrait l’utiliser uniquement avec le genre Nuphar, aussi de la famille des Nymphéacées. Après tout, le nom Nuphar dérive du mot nénuphar.
*La nouvelle orthographe préconise l’épellation nénufar (f plutôt que ph).
Les feuilles circulaires des nénuphars (Nuphar) rappellent celles des nymphéas et possèdent la même fente de drainage. La différence la plus visible entre les deux est dans la floraison. Les fleurs sont jaune franc, une couleur absente chez les nymphéas, et sont composées non pas de pétales nombreux, mais de seulement 4 à 6 sépales formant une coupe. (Il y a des pétales, mais ils sont insignifiants.) Aussi, le fruit mûrit au-dessus de la surface de l’eau.
Le nénuphar est généralement jugé moins attrayant que le nymphéa et est rarement cultivé.
Lotus
Dans le sens le plus strict, le terme lotus ne s’applique qu’aux plantes du genre Nelumbo, composé seulement de 2 espèces (Nelumbo nucifera et N. lutea) et de leurs hybrides. Curieusement, ces deux espèces n’appartiennent pas à la famille des Nymphéacées, mais plutôt à leur propre famille, les Nélumbonacées, et ne sont même pas de très proches parentes des Nymphéacées. Si les deux familles se ressemblent, c’est à cause de la convergence évolutive, les plantes des deux familles ayant adopté des stratégies similaires pour survivre dans un milieu aquatique.
La feuille du lotus est «peltée»: parfaitement circulaire, avec le pétiole fixé au centre (à l’envers de la feuille, bien sûr). Il n’y a pas de fente pour permettre à la pluie de s’en drainer. À la place, la feuille est hydrophobe et les gouttes de pluie perlent à sa surface pour ensuite s’écouler de la marge, poussées par le vent. Les feuilles sont flottantes en début de saison, mais celles qui se forment plus tard se dressent au-dessus de l’eau sur des pétioles solides.
Si la grosse fleur du lotus dressée au-dessus de l’eau ressemble superficiellement à celle d’un nymphéa (mais pas à celle d’un nénuphar) et est composée d’un bon nombre de tépales (pétales et sépales), le centre de la fleur permet de distinguer instantanément un lotus, car il est dominé par un gros réceptacle floral en forme de pomme d’arrosoir.
Quand les tépales tombent, le réceptacle reste dressé au-dessus de l’eau, souvent tout l’hiver, s’ouvrant éventuellement pour libérer les graines. Si vous voyez des «pommes d’arrosoir» qui sortent de l’eau, vous avez assurément affaire à un lotus.
Même s’il est clair que le lotus n’est pas un nymphéa, le mot lotus demeure toutefois associé à certains nymphéas. Le célèbre lotus bleu ou lotus égyptien est en fait un nymphéa (Nymphaea caerulea) et on devrait logiquement l’appeler nymphéa bleu.
Nom botanique Lotus
Pour confondre la situation encore davantage, Linné (1707-1778) a donné le nom botanique Lotus à un genre de la famille des Fabacées (légumineuses) composé d’environ 100 plantes terrestres à fleurs en forme de fleur de pois. Appelons-les lotiers et n’en parlons plus : ils n’ont aucun lien avec les Nymphaea, Nuphar et Nelumbo et il n’y a aucun risque de confusion.
Le bon nom pour la bonne plante
Il est important que nous, les jardiniers, puissions nous comprendre entre nous, d’où l’importance de nous entendre sur le bon nom à donner aux plantes que nous cultivons.
Est-ce que je peux me fabriquer un bassin de lotus dans la zone 3. Est-ce qu’il survivra. Merci de votre réponse Ginette
Non. Certains sont rustiques en zone 5, mais ailleurs, il faut les cultiver en pot et rentrer le pot dans un sous-sol ou un garage un peu chauffé pour l’hiver.
Merci bonne journée
Est-ce un bon ou mauvais signe que des nénufars commencent à pousser dans l’eau du lac devant mon chalet?
Ni l’un ni l’autre. Par contre, si vous avec un bateau à sortir, il faudrait éventuellement assurer un passage libre de végétation.
Encore une fois, un article très instructif et qui nous fait voyager.! Merci, Larry Hodgson. Je vous lis tous les matins avec grand plaisir. 😉
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Bonsoir Larry, j’en suis à mon première article et je l’ai trouvé formidable et par la même occasion, vous dites que wikipédia est flou sur le sujet mais le faite qu’il puisse être modifié par n’importe qui, si ce que je dis est exact et que vous ou quiconque preniez le temps pour le faire et bien l’affaire serait dans le sac! 😉 Je poursuis ma lecture, en vous remerciant.
Merci. Je savais cela vaguement, mais j’avais jamais essayé de faire une correction.
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Enfin ! j’ai compris la différence entre nénuphar, nymphéa et lotus ! Merci de cet exposé parfaitement clair
j’ai commandé plusieurs graines de lotus , nymphéa et nénuphar. certaines pourronts t’elle survivre dans un milieu aquatique naturel , tel que un ruisseau communiquant directement avec une rivière étant donné le gel que nous avons au quebec
Pluiseurs nymphéas et nénuphars, oui.
Dommage ! Quelques photos ne s’affichent pas bien et même aussi certaines parties du texte! Par contre, toutes les publicités intempestives qui gênent la lecture n’ont pas de mal à s’afficher elles!
Ce n’était pas comme ça du temps de Larry. Je le déplore.
C’est comme tout ces temps-ci: les coûts augmentent et les revenus baissent. Pas de publicités, pas de site.