Le faux zamier: une plante d’intérieur presque increvable
Même si le faux zamier est une introduction relativement récente, il est déjà considéré comme une «plante d’intérieur classique». Source: fleurenville.com
Le faux zamier, aussi appelé zamiocolocase ou plante ZZ (Zamioculcas zamiifolia), est une plante d’intérieur populaire, mais cela n’a pas toujours été le cas. Bien que découvert au début du 19e siècle (il a été décrit botaniquement pour la première fois en 1829) en Afrique de l’Est, il a fallu plus de 150 ans avant que nous ne nous rendions compte de son potentiel en tant que plante d’intérieur. D’accord, on le voyait parfois dans les serres des grands jardins botaniques pendant toutes ces années, mais autrement, le faux zamier n’était pas connu des amateurs de plantes d’intérieur.
Ce sont des horticulteurs néerlandais qui, le voyant utilisé comme plante ornementale dans les jardins asiatiques tropicaux, l’ont essayé à l’intérieur pour la première fois… et le reste appartient à l’histoire! Introduit en 1996, il est essentiellement disponible dans le monde entier depuis 2000. Aujourd’hui, il n’y a presque pas de jardinerie digne de ce nom qui ne l’offre pas, du moins à l’occasion.
Qu’est-ce que c’est?
Le faux zamier est une aracée aberrante: il ne ressemble à aucune autre.
Les jardiniers connaissent mieux la famille des Aracées (famille du philodendron) pour ses plantes tropicales grimpantes, dont non seulement le très populaire philodendron grimpant (Philodendron hederaceum, anciennement P. scandens, P. cordatum et P. oxycardium), mais aussi le pothos (Epipremnum aureum), le monstera (Monstera deliciosa) et le syngonium (Syngonium podophyllum). Bien entendu, la vaste famille contient beaucoup d’autres plantes, y compris des plantes tropicales tubéreuses comme le caladium, aussi appelé oreille d’éléphant (Caladium hortulanum), la colocase, également appelée oreille d’éléphant (Calocasia esculentum) et presque toute autre plante communément appelée oreille d’éléphant, des plantes d’intérieur de table comme le lis de la paix (Spathiphyllum spp.), l’anthurium (Anthurium spp.) et l’aglaonéma (Aglaonema spp.) et même quelques plantes rustiques, comme le petit prêcheur (Arisaema triphyllum), les arums ou gouets (Arum spp.) et le chou puant (Symplocarpus foetidus).
Cependant, le faux zamier ne ressemble à aucune autre aracée. En raison de ses touffes de feuilles pennées se courbant vers l’extérieur, vous aurez plus de chance de le prendre pour un palmier ou une fougère que pour un philodendron. Mais avant tout, il ressemble beaucoup à un genre de cycadale appelé zamier (Zamia spp.). Cela se reflète d’ailleurs dans son nom botanique, Zamioculcas zamiifolia, qui veut dire «le zamier-colocase à feuilles de zamier», alors qu’il porte les mêmes feuilles pennées à pétiole épais qui s’arquent vers l’extérieur et des folioles elliptiques et charnues similaires. Il faut presque voir les deux côte à côte pour comprendre que le vrai zamier a une texture matte, une couleur vert plus pâle et un début de tronc alors que le faux zamier a des folioles vert foncé luisants et pas de tronc du tout.
Le faux zamier est tellement aberrant dans sa famille qu’il n’a pas de parents véritablement proches. Il est en fait monotypique, la seule plante du genre Zamioculcas et de la sous-famille des Zamioculcaoïdées.
Une description
Même s’il ressemble extérieurement à un zamier, le faux zamier en est en fait très différent dans sa structure.
C’est une plante tubéreuse poussant à partir d’un rhizome souterrain ressemblant à une pomme de terre. Le faux zamier n’a pas de tronc. Les pétioles succulents extrêmement épais portent environ 6 à 8 paires de folioles vert très foncé, presque aussi brillantes qu’un miroir. Les feuilles sont pennées, composées de folioles disposées de part et d’autre d’un axe médian, à la manière des barbes d’une plume, une forme, tel que mentionné plus haut, plus typique des palmiers, des cycadales et des fougères, mais autrement rare chez les Aracées.
La plante atteint généralement une hauteur et un diamètre d’environ 60 à 90 cm à maturité.
De petites inflorescences typiques des Aracées se forment au printemps ou à l’été et sont composées d’une spathe (bractée en forme de feuille) verdâtre à marron d’où émerge un spadice (épi floral) de couleur crème devenant brun. Les «fleurs» apparaissent sur de très courtes tiges à la base de la plante, souvent si bien cachées qu’on ne les voit pas. Elles contribuent peu à la beauté de la plante.
Un dur à cuire
Le faux zamier est extrêmement tolérant aux conditions intérieures. (C’est aussi une plante d’ombre facile à cultiver en plein air dans les régions tropicales, mais ça, c’est une autre histoire!) Il pousse à peu près n’importe où dans nos intérieurs, du plein soleil à l’ombre profonde, et semble prospérer malgré la négligence de ses propriétaires. Cela dit, vous obtiendrez de meilleurs résultats si vous le traitez gentiment en lui offrant un éclairage au moins moyen avec un peu de soleil direct chaque jour. Aussi, évitez les emplacements au plein soleil qui deviennent très chauds l’été. Et, bien sûr, dans les emplacements vraiment sombres, il finira éventuellement par mourir, même si cela peut prendre plus d’un an: toute plante verte a besoin de lumière, quand même!
Le faux zamier est une plante succulente (encore une fois, une situation aberrante chez les Aracées, dont la plupart des espèces préfèrent un sol humide en tout temps) qui emmagasine l’eau dans ses rhizomes, ses pétioles et ses folioles et qui préfère, par la suite, que son terreau s’assèche passablement. Ainsi, il tolère une négligence considérable. Malgré tout, il est préférable de l’arroser régulièrement, dès que le terreau est sec au toucher. Et quand vous arrosez, faites-le abondamment, en humidifiant complètement la motte de racines.
Un arrosage excessif peut entraîner la pourriture, surtout s’il est répété, alors, assurez-vous que le terreau dans lequel il pousse soit presque sec avant d’arroser de nouveau. Enfoncez votre index dans le substrat jusqu’au deuxième joint: si le terreau est encore humide, il n’est pas encore temps d’arroser!
Il y a une rumeur qui court qui prétend que le faux zamier n’ait jamais besoin d’être arrosé! C’est absurde, bien sûr: toutes les plantes d’intérieur vivantes ont besoin d’arrosage! Mais il est vrai qu’il tolérera tellement de négligence que si vous ne l’arrosez pas du tout pendant 2 ou 3 mois, il paraîtra toujours en assez bon état. Cela provoquera, par contre, une dormance profonde et, éventuellement, la chute des feuilles. Il sortira de la dormance dans laquelle la négligence l’a plongé lorsque vous recommencerez à l’arroser, mais il pourrait prendre 6 mois et même plus avant de récupérer.
Sa réputation bien méritée de plante de culture très facile ne s’applique que si vous le maintenez au chaud. Il est parfaitement heureux à des températures comprises entre 18 et 26 °C, typiques de nos demeures, mais n’aime pas les températures froides et peut mourir s’il est exposé à des températures inférieures à 15 °C pendant une période prolongée. Si vous placez le vôtre à l’extérieur pour l’été, assurez-vous de le rentrer à l’intérieur dès le tout début de l’automne.
Le faux zamier n’est pas très gourmand et réussira probablement très bien même si vous ne le fertilisez jamais, mais pour maintenir une bonne croissance, un régime régulier de fertilisation à ? à ¼ du taux recommandé sur l’étiquette, appliqué pendant sa saison de croissance, soit du printemps jusqu’au début de l’automne, est recommandé. Vous pouvez utiliser à cette fin l’engrais de votre choix.
Enfin, rempotez votre faux zamier au bout de quelques années, ou encore, lorsque la plante devient trop grande pour son pot.
Multiplication
Il est possible de multiplier les plantes matures en les divisant, bien qu’elles puissent prendre 5 ans ou plus pour atteindre ce stade de vie. Regardez votre plante et si vous pouvez voir qu’elle est composée de deux ou trois touffes distinctes, vous pouvez facilement la couper en sections avec un couteau tranchant et rempoter individuellement chaque division pour créer de nouvelles plantes.
La plupart du temps, cependant, c’est par boutures de feuilles ou, pour être plus précis, de folioles (les petites feuilles qui forment une feuille composée) qu’on multiplie le faux zamier.
Les folioles du faux zamier sont en fait assez fragiles et faciles à détacher de la feuille par accident. Quand cela arrive, profitez-en pour faire un peu de multiplication! Ou encore, arrachez deux ou trois folioles fraîches.
La technique est des plus faciles. Il suffit d’insérer l’extrémité inférieure de la foliole dans un pot de terreau humide et de garder le terreau toujours un peu humide par la suite.
La première étape dans la multiplication se passe hors de vue, car un tubercule se formera à la base de la foliole, sous le terreau. Après plusieurs mois, des racines aussi seront générées et enfin, une première feuille sortira.
Ne perdez pas espoir si la foliole commence à jaunir ou même s’assèche complètement avant que vous ne voyiez le moindre signe de croissance aérienne. Si un tubercule s’est formé à la base de la foliole mourante, une nouvelle plante se développera, même si cela peut prendre un an ou même deux… et non, je n’exagère pas! Le bouturage du faux zamier est parfois trèèèèèèès lent!
Vous pouvez également utiliser une feuille composée entière comme bouture, donc enfonçant le pétiole dans un pot de terreau humide, mais vous n’obtiendrez toujours qu’une seule plante.
Problèmes
Comme mentionné, quand un faux zamier meurt, c’est presque toujours à cause de la pourriture… et la pourriture s’installe généralement lorsque la plante trempe dans l’eau pendant de longues semaines. Rappelez-vous que, avec cette plante, il faut uniquement arroser lorsque le terreau est vraiment sec au toucher. Oui, il faut bien arroser, humidifiant toute la motte, mais pas au point que le terreau trempe dans l’eau.
Les cochenilles farineuses et les cochenilles à carapace adorent le faux zamier et sont difficiles à déloger. Des deux, les cochenilles à carapace sont les plus discrètes et donc les plus difficiles à contrôler. Mieux vaut vous assurer que la plante n’est jamais en contact avec des plantes souffrant de ces insectes!
Si vous découvrez que votre plante est infestée, essayez d’enlever les insectes visibles avec un chiffon doux savonneux, puis vaporisez de l’alcool isopropylique (alcool à friction) sur les feuilles, autant sur le dessous que sur le dessus, ce qui, si tout va bien, éliminera les nymphes, si petites qu’elles sont souvent invisibles. Répétez hebdomadairement pendant au moins un mois.
Si cela ne fonctionne pas, mettez la plante à la poubelle et réutilisez le pot contaminé uniquement après un nettoyage minutieux.
Toxique ou pas?
Le faux zamier appartient aux Aracées, réputées toxiques à cause de l’oxalate de calcium qu’elles contiennent, car ce produit peut provoquer des irritations douloureuses aux muqueuses et à la langue en cas d’ingestion. Pendant des années, le faux zamier a donc été jugé «coupable par association» et même classé par de nombreuses sources comme hautement toxique.
Cependant, des études récentes suggèrent que le faux zamier est considérablement moins toxique que la plupart des autres aracées et, en fait, n’est peut-être même pas toxique du tout.
En attendant des études plus approfondies, il est toujours sage de garder cette plante hors de portée des enfants et des animaux domestiques.
Cultivars
Récemment, quelques cultivars de faux zamier sont apparus sur le marché. Aucun n’est toutefois largement disponible dans le commerce pour le moment.
‘Raven’ a un feuillage pourpre foncé presque noir sur une plante plus compacte (75 cm de hauteur).
‘Zamicro’ est une version naine (40 cm x 30 cm), idéale pour les espaces restreints. ‘Zenzi’ est similaire sinon identique.
Il existe également une variété panachée (à feuillage irrégulièrement marbré jaune et vert), mais elle demeure incroyablement chère.
Le faux zamier: original et facile au point d’être presque impossible à tuer. Offrez-le en cadeau à un ami au pouce brun qui a désespérément besoin d’un peu de confiance en ses capacités de jardinier!
Merci tres belle plante inconnue.
Merci pour cet article super complet.
[…] Pour davantage d’information sur le zamioculcas, consultez l’article: Le faux-zamier: une plante d’intérieur presque increvable. […]
Bravo pour l’explication. J’habite l’Ile Maurice. Je vais essayer de m’abonner. Vous expliquez tellement bien!!je ne sais pas comment se passe le règlement? Je vais me renseigner.
Bonjour! Par accident, mon chat a fait tomber mon faux zamier et a cassé quelques tiges. Est-ce que je peux bouturer avec les tiges, ou seulement avec les feuilles comme mentionné dans l’article?
Seulement les feuilles.
Bonjour! Les tiges de mon faux-zamier ne reste jamais dressées, mais s’arquent ou même s’aplatissent jusqu’au sol… J’ai tenté d’arroser davantage, d’augmenter l’engrais… Rien n’y fait… Des idées?
Par ailleurs, merci beaucoup pour votre blog, super instructif et qui nous fait découvrir toute sorte de chose!
Liliane
Plus de lumière! Il survit à l’ombre, et pousse même, mais pas aussi bien qu’au soleil.
J’adore cette plante !
Bonjour, la bouture de ZZ est possible par le bouturage des tiges également, reprise plus efficace que les feuilles, plus rapide surtout. Pas obligé de couper en gardant les rhizomes. Pour ma part j’y suis arrivé en coupant bien au-delà des racines, au ras-le-terreau, 2-3 cm au dessus de la terre. Bref, c’est possible, apparition de racine après 4 2 mois, soleil indirect tout l’été dans un bocal en vitre. Vous essayerez. C’est en étant un jardinier fou qu’on devient un bon jardinier 🙂
2 mois*