Résidus de végétaux laissés dans le jardin: ce que les scientifiques en disent
Les agriculteurs modernes laissent les résidus de récolte dans leurs champs afin de maintenir et d’améliorer la qualité du sol. Les jardiniers amateurs devraient apprendre à le faire aussi! Source: Fabian Fernandez
Je n’ai jamais été très porté sur le ménage d’automne dans le jardin, car je n’en ai jamais compris le but. Après tout, dame Nature ne ramasse pas les racines, les tiges et les feuilles des annuelles, légumes et céréales morts à l’automne et qui sait mieux qu’elle comment faire?
Mais assez de mes croyances de simple jardinier amateur. Voici un article qui présente le point de vue de la science sur le sujet, article que j’ai vu sur l’excellent site de vulgarisation scientifique Soils Matter de la Soil Science Society of America (une association professionnelle de pédologues, soit les scientifiques qui étudient le sol). L’article est traduit de l’anglais.
Quel est l’effet de laisser des déchets de légumes dans le potager pendant l’hiver? Comment cela améliore-t-il les conditions du sol?
Intentionnellement ou non, de nombreux jardiniers laissent des résidus végétaux dans leurs jardins et plates-bandes pendant l’hiver. C’est en fait une bonne chose pour le sol et d’ailleurs quelque chose que tout jardinier devrait réellement apprendre à mettre en pratique à chaque année!
Les scientifiques — notamment les agronomes et les pédologues — qualifient de «litière» les résidus restés au sol l’hiver. Laisser la litière en place pendant l’hiver plutôt que de la retirer ou de l’enfouir dans le sol offre de nombreux avantages pour le sol et pour le jardin.
- Les résidus végétaux réduisent l’érosion et la perte de la si importante «couche arable». La litière recouvre le sol et le protège après que la saison de croissance des plantes soit terminée. Les résidus de récolte attrapent les précipitations et réduisent ainsi la force d’impact des gouttelettes de pluie individuelles sur la surface du sol. La litière ralentit également l’écoulement de l’eau de la fonte des neiges, lui permettant de pénétrer le sol. Tout cela aide à protéger la structure du sol, la gardant intacte pour les cultures de l’année suivante.
- La présence de résidus de plantes à la surface du sol empêche également ce dernier de se croûter. Vous avez peut-être remarqué que, lors de fortes pluies, un sol croûté n’absorbe aucune eau. Pire encore, de petits ruisseaux se forment parfois sur un sol sec pour devenir ensuite de véritables torrents qui emportent le sol et ses nutriments importants.
- La matière végétale résiduelle réduit les mauvaises herbes en recouvrant et en ombrageant le sol. Les mauvaises herbes germent souvent au début du printemps et ces résidus inhibent leur croissance. Les résidus de culture limitent aussi la quantité de sol disponible pour la germination et la croissance de ces plantes indésirables et réduisent également les ressources et l’espace nécessaires à la croissance des jeunes plants de mauvaises herbes.
- Les résidus végétaux fournissent de l’ombre et aident à contrôler la température du sol. Ils contribuent à garder les sols plus frais pendant toute la saison morte et jusqu’au début de la saison de croissance suivante. Des températures de sol plus fraîches fournissent des conditions plus appropriées pour le développement des microbes bénéfiques du sol. Ces microbes sont nécessaires au maintien d’un sol productif, ce qui permet un développement maximal des cultures.
- Des températures de sol plus fraîches contribuent également à la rétention de l’humidité du sol, ce qui est aussi favorable à la germination des graines au printemps, puis à la croissance des cultures.
- Les résidus de culture fournissent des microhabitats qui protègent et favorisent les semences de plantes en germination et l’établissement de jeunes plants.
- La litière constitue une source de matière organique pour le sol. Or, la matière organique est essentielle à la santé du sol. Elle aide à créer un environnement favorable à la croissance des cultures. Les matières organiques constituent une source d’énergie pour les populations microbiennes du sol, ce qui accélère les taux de décomposition et libère les nutriments essentiels à la croissance des cultures. La matière organique du sol aide également à maintenir la bonne structure du sol lui-même, ce réduit davantage l’érosion tout en améliorant l’infiltration d’eau et l’aération du sol.
Texte de Kelley House, pédologue agréée (Duraroot) et Kate Norvell, pédologue agréée et agronome professionnelle agréée (North 40 AG, Inc.). Traduction : jardinierparesseux.com
Je trouve le principe très bon mais je me demande comment semer des petites semences avec une litière ?
Et aussi s’il y a eu des maladies ont laisse-tu les résidus quand-même? (ex pied de tomate)
et les pieds de maïs faut il les couper?
Beaucoup de questions mais c’est un sujets qui me parle énormément .
Merci pour tous les sujets apporté
Tassez tout simplement la litière du rang pendant le semis pour les variétés aux graines minuscules. En ce qui concerne les maladies, surtout chez la tomate, où la plupart des maladies dont les spores sont déjà libérées bien avant la fin de la saison, la présence ou absence de litière ne changera pas beaucoup de chose. Une rotation sera quand même nécessaire. Expérimentez et vous verrez!
C’est ce que je fais depuis de nombreuses années dans mon potager et mes platebandes. le sol et les plantes n’en souffrent pas, au contraire. et en prime je m’épargne une tâche harassante à l’automne. la nature travaille pour moi. c’est tout bénéfice.
C’est tellement agréable de découvrir que tout ce que l’on faisait «d’instinct» depuis des années, malgré la réprobation des autres qui veulent tout raser à l’automne, c’était scientifiquement la bonne chose à faire! Mère Nature a raison, faisons acte d’humilité devant elle… et remercions Larry!
J’ai déjà du paillis de cèdre naturel dans mes plates-bandes. Si je laisse tout à l’automne, est-ce que je devrai faire du ménage au printemps (j’ai beaucoup de plantations hautes qui font de «gros résidus »)? Ce ménage au printemps est parfois plus ardu car les tiges et feuilles qui ont gelé sont molles et plus difficiles à couper…
Il est sûr, par contre, que ça aiderait à prévenir la perte de vivaces lors d’un gel survenant avant une bonne couverture neigeuse! (Comme l’hiver dernier!)
Pensez que, dans la nature, tout reste en place et disparaît naturellement. Il est possible que certaines feuilles (et surtout des tiges) soient en présentes et pas tout à fait décomposées au printemps, mais elles disparaîtront rapidement. S’il y a des tiges debout, faites les tomber au printemps et laissez-les décomposer sur place, tout simplement. Les plantes qui repousseront cacheront rapidement ses “déchets” (en fait, des résidus utiles) de vue.
Là où le bon sens du jardinier amateur rejoint la théorie scientifique ?
A lire ” le jardin du paresseux” – presque un homonyme – ce jardinier a développé une technique de paillage à base de foin. Il laisse tout en place, adventices et résidus de légumes et paille abondamment et serré avec du foin – une round-ball déroulée – au printemps il découpe des tranchées au coupe-bordure ou au couteau à pain pour ses semis, ou fait un trou. a la fin de l’été le foin est presque entièrement digéré par la terre qui prend le soleil, avant d’être recouverte à nouveau pour l’hiver. je m’y mets.
Dans la même suite d’idées, il est aussi conseiller de semer des annuelles à l’automne pour créer de la paille qui protègerais le sol et amènerais de la matières carbonées. Est-ce qu’il y a une plante qui est conseillé pour les plates de fleurs, une petit légumineuses annuelles par exemple qui pousseraient un mois avant les gelées?
Presque n’importe quelle légumineuse capable de pousser sous une certaine fraîcheur conviendrait, même tout simplement des pois et des fêves (vraies fêves, pas les haricots qui ne tolèrent pas le froid). Autres possibilités: luzerne, féverole, trèfle, lotier.