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Faut-il éviter les grimpantes sur les murs?

Lierre de Boston (Parthenocissus tricuspidata) poussant sur un mur de brique. Non, il ne l’endommagera pas. Source: icastle.com

Certaines grimpantes, comme la vigne vierge (Parthenocissus quinquefolia, zone 2), le lierre de Boston (P. tricuspidata, zone 5), l’hydrangée grimpante (Hydrangea anomala petiolaris, zone 5),  le lierre commun (Hedera helix, zone 7) et le fusain de Fortune (Euonymus fortunei, zone 6), montent grâce à des «crampons» (racines aériennes ou ventouses, selon le cas), ce qui leur permet de gravir même des surfaces plates comme les murs d’une maison. Par contre, les vieux livres de jardinage déconseillaient leur culture sur les murs, sous prétexte que les crampons pouvaient s’infiltrer dans le mortier et l’arracher.

Il y avait peut-être un fond de vérité dans cette croyance, car les types de mortier utilisés jusqu’au début du 19siècle s’effritaient avec le temps, et le poids d’une plante qui s’y serait fixée aurait pu théoriquement arracher le mortier, mais ce n’est plus le cas. Le mortier utilisé depuis les derniers siècles n’est pas le moindrement dérangé par la présence de crampons, pas plus que les pierres ou les briques qui recouvrent les murs ou même les revêtements d’aluminium ou de vinyle. De nombreuses études indiquent que les grimpantes cultivées sur un mur le font durer plus longtemps, car elles le protègent contre ses pires ennemis, soit les rayons ultraviolets, la pluie et les polluants atmosphériques. D’ailleurs, une étude de l’université d’Oxford a déterminé que les murs couverts de grimpantes étaient «moins sujets aux effets nuisibles du gel, des températures fluctuantes, de la pollution et des sels qu’un mur sans grimpante.»

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Si le mortier est en mauvais état, il faut bien sûr réparer le mur avant d’y installer une plante grimpante! Source: limetec.co.uk

Si vous doutez que le mortier de votre maison soit en bon état, essayez de le gratter avec une clé métallique. S’il reste intact, il n’y a aucune raison pour craindre que des plantes grimpantes l’endommagent. S’il se défait, n’y cultivez pas de plantes grimpantes… et d’ailleurs, songez sérieusement à le remplacer, sinon l’eau pénétrera et endommagera la structure de votre demeure.

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Les crampons des grimpantes se fixent à l’extérieur du mur, mais ne le pénètrent pas. Source: medium.com

D’ailleurs, il faut comprendre que les crampons des plantes grimpantes (du moins, celles de climat tempéré) ne s’infiltrent jamais dans le mortier ni ne s’insèrent derrière les bardeaux ou les revêtements, malgré ce qu’on entend parfois dire.

Les ventouses, de toute évidence, restent en surface : d’ailleurs, elles n’ont aucun mécanisme pour «pénétrer» quoi que soit. Mais c’est aussi le cas des racines aériennes.

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Racines aériennes: elles restent sagement à la surface et ne s’enfoncent jamais dans le mortier ni dans les fissures. Source: pestid.msu.edu

Les racines aériennes des grimpantes de climat tempéré sont des organes très différents des racines souterraines et servent strictement à fixer la tige sur son support. Elles n’accomplissent pas, non plus, les autres fonctions des racines souterraines, comme absorber l’eau et les minéraux. Jamais elles ne se mettront à allonger et envahiront : elles resteront toujours courtes et en surface.

Donc, pas de problème pour les murs de pierre, de stuc ou de brique ni ceux couverts de revêtements. Mais devrait-on laisser les grimpantes monter sur les murs en bois? La réponse n’est pas aussi nette.

Au début, les grimpantes protègent le bois et font durer les peintures et teintures pendant des décennies; beaucoup plus longtemps que les enduits exposés aux éléments. Par contre, quand la peinture s’écaille ou que la teinture s’estompe, il est impossible de repeindre ou de reteindre le mur tant qu’il est couvert de plantes. Et ces peintures et teintures aident, en partie, à empêcher le bois de se dégrader. Donc, à très, très long terme, probablement pas au cours de votre vie, il faudra penser à enlever les grimpantes pour repeindre. Après, vous n’aurez qu’à les laisser remonter sur le mur.

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Il vaut quand même mieux dégager les surfaces autour des fenêtres de la végétation à tous les 3 ou 4 ans, sinon les grimpantes peuvent finir par les obstruer. Source: www.bakker.com

Et une autre croyance a aussi été réfutée, car les mêmes vieux livres précités prétendaient que les murs couverts de grimpantes restaient humides plus longtemps, ce qui pouvait résulter en leur dégradation. Mais aujourd’hui, on sait que c’est plutôt le contraire qui se passe. C’est la variation dans l’humidité – quand un mur passe d’humide après une pluie à sec après quelques heures – qui cause la dégradation. Un couvert végétal modère nettement les écarts d’humidité (moins de pluie touche le mur, mais le feuillage maintient une humidité modérée en tout temps). Donc, le mur n’est jamais très humide ni très sec, ce qui le protège contre les méfaits de l’humidité.

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Lierre de Boston (Parthenocissus tricuspidata ‘Veitchii’) sur le mur de ma maison. Source: jardinierparesseux.com.

Donc, la question demeure: devrait-on ou non laisser les grimpantes monter sur sa maison?

Personnellement, j’ai décidé que, même si les murs de ma maison sont en bois, la situation la plus douteuse, comme je ne prévois pas vivre 300 ans, j’allais profiter de la beauté des plantes grimpantes de mon vivant et j’en ai donc plusieurs qui grimpent directement sur la maison chez nous. Après 25 ans de murs verts, je n’ai toujours aucun regret… et la teinture sous les grimpantes paraît aussi fraîche que la journée où je l’ai appliquée.

 

Étiquettes + Fusain de Fortune, Euonymus fortunei, Hedera helix, Grimpantes sur les murs, Doit-on laisser les grimpantes monter sur un mur?, vigne vierge, Parthenocissus quinquefolia, lierre de Boston, Parthenocissus tricuspidata, hydrangée grimpante, Hydrangea anomala petiolaris, lierre commun, Est-que les grimpantes endommagent le mortier?


commentaire sur "Faut-il éviter les grimpantes sur les murs?"

  1. Julie Barrière dit :

    Moi aussi j’adorais mes murs couverts de plantes grimpantes jusqu’à que je rende compte que les petites souris des champs s’en servaient comme échelle pour élire domicile dans la toiture de ma maison. J’ai passé un hiver à les entendre gratter dans mes murs. Rien n’est parfait !

  2. Nicole dit :

    Y-at’il des variétés de grimpantes vivaces que je peux cultiver en pot sur ma terrasse et qui résisteraient à l’hiver?

    • Oui, mais plutôt des grimpantes à cultiver sur un treillis, pas un mur. Il vaut mieux choisir une plante extra rustique, qui le froid pénètre davantage dans les pots que dans le sol. Donc, pensez aux plantes comme le kiwi arctique (Actinidia kolomitka), la vigne vierge ou l’une des clématites plus rustiques, comme la clématite jaune (Clematis tanguitica).

  3. Cynthia Leduc dit :

    Les plantes grimpantes ajoute tellement de charme à mon avis ! C’est si beau !

  4. Line dit :

    Je dois déplacer un hydrangee grimpante qui est trop au soleil et le placer sur un mur de cabanon en vinyl.
    Croyez vous qu’il va grimper au mur sans treillis?

    • Bien sûr. Il se fixera plus facilement à un mur qu’à un treillis. Par contre, les branches déjà grimpantes (s’il y en a) auront de la difficulté à s’ajuster au changement. Mieux vaut les tailler sévèrement, jusqu’à la base. Les nouvelles branches trouveront le nouveau support.

  5. Sebastien Muller dit :

    Bonjour. Merci pour cette page. Vous semble-t-il possible de faire partir une vigne vierge du Japon a partir d’un grand bac (100x50x50) pour grimper sur une façade ? Avec une maison de ville, la question des plantes grimpantes de façade est plus difficile a penser, mais il y a peut-être des méthodes adaptées ?

    • Pas de problème dans un grand bac, mais je ne comprends pas tout à fait votre deuxième question. Pourquoi la culture des grimpantes en façade serait difficile à penser?

      • Sebastien Muller dit :

        J’entendais par là le fait de ne pas avoir de jardin en bord de mur et donc de devoir composer avec des pots et des bacs. Merci beaucoup en tous cas pour votre réponse !

  6. Isabelle Nodorakis dit :

    Bonjour, on craint que notre vigne vierge, installée sur un mur de côté qui s’étend/s’accroche maintenant par les sofites sur les autres façades, ne finisse par compromettre la circulation d’air dans l’entre-toit. A-t-on raison? Si oui, avez vous un truc pour limiter l’étalage de la vigne à un seul endroit/mur?
    Merci!

  7. Ariane Savard dit :

    Nous avons une maison canadienne en pierre et brique et le risque que nous avait donné notre inspecteur de maison c’était que les grimpantes qui montaient le long de la cheminée pouvaient contribuer davantage à la circulation des insectes (par exemple les fourmis) qui montent et s’infiltrent plus facilement dans la charpente. Par peur nous en avons retiré une bonne partie mais nous aimions beaucoup l’effet que ça faisait 🙁

    • Votre inspecteur est dans les patates. Comment une grimpante à l’extérieur puisse donner accès à l’intérieur d’un bâtiment à une fourmis aussi à l’extérieur? Il n’y a aucun trou. Et s’il avait un trou, une fourmis peut monter un mur sans besoin d’une grimpante. Habituellement, cependant, c’est sous le sol où il y a un problème quelconque avec l’enveloppe que les fourmis et autres insectes entrent.

      Mais vous savez, la “vieille école” domine dans le secteur de l’inspection du bâtiment. On lui a sans doute toujours dit cela, donc, il le répète.

  8. Jp dit :

    Merci pour éclairer ce sujet – dans mon pays natal – pourtant beaucoup plus humide en hiver – les plantes sur les murs sont très acceptées. Je pensais qu’ici il avait une raison particulier pour déconseiller la pratique

  9. Marie-Josée Grenier dit :

    En zone 4B (Shawinigan), quel type de plante grimpante serait la mieux adaptée?

  10. Lothyya Mbayo dit :

    J aimerai savoir si je peux mettre des plantes grimpantes sur mon mur en brique directement sans le peindre??

  11. michel dit :

    Bonjour Larry, merci pour votre blog, toujours aussi pertinent! question: auriez-vous des conseils à donner pour la sélection d’une plante grimpante pour un endroit où le sol est souvent humide? merci pour toute information.

  12. Barbara Réthoré dit :

    Sauriez-vous dire si les valérianes (centranthus) qui s’installent dans les murs menacent leur intégrité ? Beaucoup de débat ici autour de l’arrachage des plantes qui trouvent refuge dans les murs et murets. Merci !

    • Théoriquement, oui, mais les racines en soi créent peu de pression. Le vrai dommage est causé par le temps, l’infiltration de l’eau et les variations de température: les mêmes forces qui agissent sur les roches dans la nature.

  13. Florent Rigaud dit :

    Merci pour cet article intéressant.
    L’école de ma fille a une façade en brique imposante orientée plein sud qui donne sur une grande cour asphaltée. J’aurais voulu suggérer le développement d’un mur végétal, cependant les solutions comme le lierre de Boston ou la vigne vierge ne semblent pas adaptées à cause de la toxicité des baies. Y-a-t-il d’autres solutions de plantes grimpantes pour une zone 5b qui cohabiteraient bien avec des enfants?

  14. Isabelle St-Pierre dit :

    Bonjour, merci beaucoup pour cet article! J’ai plusieurs vignes vierges sur mon terrain et l’une d’entre elle a échappé à ma vigilance et se retrouve entremêlée dans mon gros lilas jusqu’au sommet. Risque-t-elle de nuire au développement de mon lilas ou de l'”étouffer”? Devrais-je la retirer?

    Merci!

  15. Danielle Jasmin dit :

    Merci beaucoup pour cet article très instructif.
    Notre bâtisse de 5 condos possède un mur de façade de 3 étages. Aucun moyen d’aller couper le haut de notre lierre de Boston qui s’accroche maintenant aux soffites et à la gouttière. Nous craignons que la gouttière ne soit bloquée. Pour y remédier, il faudrait louer une nacelle !
    1° Croyez-vous que la seule solution est de la couper à la hauteur du 1er étage, la hauteur qu’un escabeau nous permet d’atteindre ? Quelle pourrait en être les conséquences ?
    2° Un spécialiste en aménagement paysager nous a dit qu’à chaque 5 ans, il faut couper notre lierre à 18 pouces du sol et il va repousser rapidement. Que pensez-vous de ce conseil ?

    Merci infiniment pour vos conseils toujours judicieux.
    Bonne santé !

  16. Jean-Pierre Arseno dit :

    Ce n’est pas pour les murs que j’ai une inquiétude mais pour le drain. Les racines de la vigne vierge peuvent-elles s’y insérer? Mon drain est à 6 pieds de profondeur. Quelle profondeur peuvent atteindre les racines?

  17. Miranda dit :

    Bonjour,
    C’est un article très intéressant. J’ai acheté l’an dernier une hydrangée grimpante qui venait sur un petit tuteur en pépinière. Il a bien profité cet été, mais les tiges ne s’agrippent pas au mur de brique et retombe plutôt courir au sol. Des suggestions?

  18. Lyne Lyne Lavallée dit :

    Nous devons effectuer des travaux au niveau du solage de notre maison en brique. Les lierres risque d’être endommagé. Peut-on enlever le lierre du mur et le replacer par la suite ? Devons-nous couper cette plante rat le sol et laisser le lierre repousser au printemps ? Comment enlever le lierre du mur ? Merci

  19. Françoise Gerard dit :

    Un lilas a poussé tout seul (sans l’avoir planté!) au sommet d’un mur mitoyen. Est-ce dangereux pour la structure du mur? Merci

    • Mathieu Hodgson dit :

      Les lilas ont des racines peu agressives qui restent en surface. Il ne cause normalement pas de dommage aux structures à moins qu’elles ne soient déjà affaiblies.

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