Les monarques débarquent en Europe!
Le monarque (Danaus plexippus), célèbre papillon migrateur, est originaire d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et du nord de l’Amérique du Sud. (Ailleurs en Amérique du Sud, il est remplacé par le monarque du Sud (Danaus erippus), une espèce voisine très similaire, mais non migratrice.) Si l’adulte peut se nourrir du nectar d’une vaste gamme de fleurs, les larves de cette espèce sont plus limitées. En effet, elles ne peuvent consommer que les feuilles de l’asclépiade (Asclepias spp.), un genre originellement limité au Nouveau Monde, ainsi que celles de son très prochain parent, le faux cotonnier (Gomphocarpus spp.), originaire d’Afrique du Sud. Toutefois, le monarque n’avait jamais réussi à trouver le chemin entre l’Amérique et l’Afrique du Sud. Donc, depuis des dizaines de milliers d’années, le monarque était strictement limité au Nouveau Monde.
Des idées expansionnistes
Ce n’est plus le cas! Les humains de différents endroits dans le monde ont planté différentes espèces de gomphocarpus et d’asclépiade comme plantes ornementales et plusieurs se sont naturalisées. On retrouve notamment l’asclépiade de Curaçao (Asclepias curassavica) et le faux cotonnier (Gomphocarpus fruticosus) bien établis dans la plupart des régions subtropicales du globe, et ce, depuis au moins le début du 19e siècle.
Le monarque du Nord (D. plexippus) en a profité pour étendre son aire. On l’a vu pour la première fois dans les îles hawaïennes dans les années 1840, puis dans les îles du Pacifique Sud dans les années 1850 et 1860. C’est à partir des années 1870 qu’il est apparu en Australie et en Nouvelle-Zélande où il est maintenant solidement établi et même assez commun.
Son arrivée en Europe et dans le nord de l’Afrique s’est faite à partir des îles de la Macronésie (Madère, Açores et îles Canaries). Il est établi dans les îles Canaries depuis 1880.
Par vent ou par voile?
On ne sait pas comment cette dispersion a eu lieu. Est-ce que le papillon a voyagé incognito sur des bateaux d’un continent à un autre ou d’île en île? Ou les adultes ont-ils été poussés à travers l’océan Pacifique puis à travers l’océan Atlantique par le vent? Y a-t-il volé de ses propres ailes? Comme les adultes peuvent voler sur 2 200 km dans la nature, cette dernière idée n’est pas farfelue.
Maintenant, l’Europe continentale
En 1980, le monarque a été trouvé naturalisé dans le sud de l’Espagne (Malaga) et il s’est depuis étendu le long du littoral du Portugal et du sud de l’Espagne, deux régions où l’asclépiade de Curaçao (Asclepias curasxavica) et le faux cotonnier (Gomphocarpus fruticosus) sont abondants dans la nature. On le voit aussi l’été en France et dans les îles britanniques et il a d’ailleurs déjà pondu des œufs sur une asclépiade dans le Jardin botanique Kew Gardens à Londres. Par contre, la rareté en Europe d’asclépiades adaptées aux climats tempérés limite son établissement dans le centre et le nord de ce continent. Pour l’instant, les espèces rustiques ornementales comme l’asclépiade commune (Asclepias syriaques) et l’asclépiade des marais (A. incarnata) sont uniquement cultivées de façon très limitées dans les plates-bandes et ne sont jamais naturalisées, ce qui limite les possibilités pour le monarque de s’y établir en permanence.
Reste que les nombreux lecteurs européens de ce blogue peuvent surveiller la présence de cet insecte dans leurs jardins l’été et au début de l’automne. Il est facile à reconnaître à cause de sa coloration orange aux nervures noires, mais aussi en raison de sa taille, car c’est le plus grand papillon d’Europe.
Bon voyage, papillon!
Le monarque qui se trouve à l’extérieur de l’Amérique du Nord fait-il une migration? Si oui, où se rend-il? Merci!
Il est poussé par la température automnale plus fraîche à faire un début de migration vers le Sud, mais personne ne sait s’il s’y rend encore avec succès. Évidemment, ceux de l’Espagne et du Portugal n’ont pas besoin de migrer.
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