Catégories

Recherche

Nos collaborateurs

Quand des parasites sont nos amis

20180630A Ian Alexander, WC.jpg

Guêpe parasitoïde s’apprêtant à injecter ses oeufs dans une chenille. Source: an Alexander, Wikimédia Commons

Il existe toute une gamme de minuscules insectes appelés guêpes parasitoïdes (quelque 700?000 espèces dans le monde!) qui aident à contrôler les insectes nuisibles dans nos jardins. D’ailleurs, elles le font généralement sans que nous ne remarquions quoi que ce soit. Ces guêpes pondent leurs œufs sur ou dans l’insecte hôte (puceron, coléoptère, chenille, mouche, punaise, aleurode, etc.) et leurs larves mangent l’hôte vivant. Parfois, les larves prennent même le contrôle de l’hôte, lui disant quoi faire, ou la femelle injecte un poison ou un virus mortel qui paralyse l’hôte. Cette idée d’une créature qui en mange une autre de l’intérieur est horrifiante, certes, mais quelle bénédiction pour les jardiniers!

Un rare exemple facilement visible

Le parasitisme des guêpes se passe généralement de façon parfaitement invisible et il est donc difficile pour les jardiniers d’apprécier à quel point il nous est utile. Il y a une exception, toutefois: le brachonide du sphinx (Cotesia congregata).

Cette guêpe parasitoïde est spécifique aux chenilles du sphinx, soit d’énormes chenilles de jusqu’à 10 cm de longueur, de loin les plus grosses chenilles que l’on trouve dans la plupart des jardins. Deux espèces sont très communes dans les jardins nord- et sud-américains: le sphinx de la tomate (Manduca quinquemaculata) et son cousin sosie, le sphinx du tabac (M. sexta). Les deux dévorent le feuillage des plants de tomates et d’autres plantes de la famille des Solanacées (aubergines, poivrons, pommes de terre, tabac, etc.). Une seule chenille peut entièrement défolier un plant de tomate!

Guêpes à la rescousse!

20180630B 8thstar, WC.jpg

Cocons sur le dos d’une chenille du sphinx de la tomate. Source: 8thstar, Wikimedia Commons

Le brachonide femelle injecte ses œufs dans la chenille où ils se transforment en larves. Ces larves se nourrissent de la chenille, digérant ses organes internes. La chenille affaiblie arrête de se nourrir et les larves émergent, produisant des cocons blancs à l’extérieur du corps de leur hôte. C’est la seule étape où le parasitisme est visible et vous ne pouvez vraiment pas le manquer: on dirait que la chenille a enfilé un manteau de tubes blancs!

Normalement, je vous aurais suggéré de cueillir à la main n’importe quelle chenille que vous auriez trouvée dans votre jardin et de la déposer dans un pot d’eau savonneuse ou de l’écrabouiller avec votre soulier, mais si des cocons blancs sont visibles sur le dos de cette chenille, c’est exactement ce que vous devriez éviter de faire. Au lieu de cela, laissez les guêpes continuer leur développement. Dans environ quatre jours, elles seront parties et la chenille va enfin mourir… mais la saison prochaine, vous et vos voisins aurez plus de guêpes bénéfiques pour aider à contrôler les futures générations de chenilles.

Comment encourager les guêpes bénéfiques

Je répète qu’il y a beaucoup plus de guêpes utiles à l’œuvre dans votre jardin que vous ne le soupçonnez, contrôlant toute une horde d’insectes nuisibles: sans elles, votre jardin serait probablement anéanti par des insectes nuisibles! Mais elles sont minuscules, rarement vues… et encore plus rarement reconnues. Toute minuscule guêpe brune, noire, rouge ou jaune (on peut la distinguer d’une petite mouche par sa «taille de guêpe») est probablement une alliée. Et non, ces petites guêpes ne piquent pas les humains!

20180630C Gilles Gonthier, Flickr.jpg

Guêpe parasitoïde se nourrissant de fleurs. Source: Gilles Gonthier, Flickr

Même si vous ne pouvez pas facilement voir les guêpes parasitoïdes, vous pouvez aider à augmenter leur population. Voici comment faire:

  1. Évitez d’utiliser des pesticides, même biologiques.
  2. Offrez-leur beaucoup de petites fleurs. Les guêpes adultes se nourrissent de nectar et de pollen et ont besoin de petites fleurs peu profondes, comme celles des ombellifères (coriandre, aneth, etc.), des crucifères (alysse odorante, moutarde, etc.) et des astéracées (camomille, marguerite, verge d’or, etc.).
  3. Préparez-leur une source d’eau très peu profonde (trop peu pour que les larves de moustiques puissent s’y installer). Peut-être juste une assiette laissée en plein air et remplie d’une mince couche d’eau. Il suffit alors de placer dans l’assiette quelques pierres sur lesquelles les guêpes peuvent atterrir.
  4. Et surtout, ne tuez pas les insectes nuisibles présentant des signes de parasitisme!

Guêpes parasitoïdes: qui aurait pensé que ces créatures au mode de fonctionnement si cruel pouvaient être nos amies?20180630B 8thstar, WC.jpg

Étiquettes + Sphinx de la tomate, Sphinx du tabac, Manduca quinquemaculata, guêpe parasitoïde, Guêpe parasite, Manduca sexta, Brachonide du sphinx, Cotesia congregata


commentaire sur "Quand des parasites sont nos amis"

Inscrivez-vous au blogue du Jardinier paresseux et recevez ses articles dans votre boîte de courriel à tous les matins!

%d blogueurs aiment cette page :