Catégories

Recherche

Nos partenaires

Pour des tomates sans maladies

 

20180614A clipartpanda.com, www.barronheating.com & pngtree.com .jpg

Nos plants de tomate croulent sous les maladies. Source: clipartpanda.com, www.barronheating.com & pngtree.com. Montage: jardinierparesseux.com

Indéniablement, les jardiniers qui aiment cultiver les tomates n’ont pas la vie facile. Ce légume, de loin le plus populaire auprès des jardiniers amateurs, est sujet à de plus en plus de maladies et, par conséquent, sa culture est de plus en plus difficile. Quel jardinier n’a pas déjà vu ses plants de tomate jaunir peu à peu, en commençant pas la base, un symptôme classique des maladies comme la fusariose, la verticilliose et le mildiou? Ces maladies sont tellement courantes qu’on ne sait plus à quel saint se vouer quand vient le temps de planifier le jardin estival.

Heureusement, on peut amoindrir les dommages en choisissant des variétés résistantes et en appliquant quelques techniques, cela afin de profiter d’une excellente récolte de tomates juteuses. Voici quelques conseils:

  1. Évitez de planter trop tôt

Les tomates mises en terre quand le sol ou l’air sont encore frais sont plus sensibles aux maladies. Dans ma région (ville de Québec), on peut par exemple rarement planter des tomates avec succès avant la mi-juin. Cultiver des plantes en pot peut aider, car on peut les rentrer à l’intérieur si la nuit s’annonce fraîche.

  1. Faites une très longue rotation

La plupart des maladies des tomates hivernent dans le sol sous forme de spores et sont trouvées là où les tomates ou d’autres plantes de la famille des Solanacées (les poivrons, les pommes de terre et les aubergines, notamment) ont été cultivées. En déplaçant le site de plantation annuellement, on devrait pouvoir alors les éviter.

Pour la culture en pleine terre, la tradition est de faire une rotation de quatre ans. L’idée est que, chaque année, un certain nombre de spores meurt et que donc, après quatre ans, il ne devrait plus rester assez de spores viables pour affecter les plants.

Malheureusement, cela s’avère de moins en moins exact pour les tomates. On trouve encore des spores dormantes, mais bien vivantes, jusqu’à 10 ans plus tard! Logiquement alors, une rotation de 10 ans serait nécessaire pour les tomates… ce qui est presque impossible dans beaucoup de potagers!

Si vous cultivez des tomates en pot, c’est beaucoup plus facile. Remplacez le terreau annuellement (il peut servir pour d’autres plantes qui ne sont pas des Solanacées) et nettoyez bien les pots avec du savon et de l’eau de Javel avant de les utiliser de nouveau et presto! Plus de maladies!

  1. Appliquez des mycorhizes sur les racines
201806014B www.timesofisrael.com.jpg

Application de mycorhizes sur des racines: cela stimule un meilleur enracinement, mais donne aussi une meilleure résistance aux maladies. Source: www.timesofisrael.com

On sait que les plantes traitées aux mycorhizes (des champignons bénéfiques) sont plus résistantes aux maladies qui pénètrent les tomates par leurs racines (fusariose, verticilliose, etc.) que les plantes qui ne le sont pas. On peut appliquer des mycorhizes, disponibles dans le commerce, lors du semis, ou encore, sur les racines des plants lors du repiquage. Il est aussi possible d’acheter un terreau qui contient déjà des mycorhizes, ce qui est très pratique si on fait ses propres semis.

  1. Cultivez vos tomates dans un potager surélevé

Un potager surélevé se réchauffe et s’assèche plus rapidement, aidant à prévenir les maladies, la plupart desquelles s’étendent davantage par temps froid ou humide.

  1. Espacez bien les plants

Laissez au moins 60 cm entre les plants de tomate pour permettre une bonne circulation d’air, ce qui assèche le feuillage après une pluie ou une forte rosée, aidant à prévenir l’établissement de maladies.

  1. Paillez les plants

Un paillis organique placé sur le sol autour des plants de tomate (eh oui, il devrait toucher la base des plantes, malgré une légende urbaine qui prétend le contraire!) empêchera les spores de maladie hivernant dans le sol d’être lancées sur le feuillage lors de fortes pluies. Préférez un paillis riche en matière organique, comme des feuilles déchiquetées ou du bois raméal fragmenté.

  1. Arrosez le sol, pas le feuillage
20180614C acti-sol.ca.jpg

Si possible, arrosez le sol, pas les feuilles. Source: acti-sol.ca

Plusieurs maladies s’établissent surtout sur les feuilles humides. On peut difficilement contrôler dame Nature, avec ses pluies et ses rosées, mais on peut faire attention de mouiller uniquement le sol en arrosant, pas le feuillage. De plus, un arrosage le matin permettra au feuillage de s’assécher plus rapidement qu’un arrosage le soir, où les feuilles risquent de demeurer humides toute la nuit, ce qui peut plus que quadrupler le risque d’infestation.

  1. Supprimez les feuilles malades

Si, malgré tout, vos tomates semblent avoir des feuilles qui jaunissent, brunissent ou sont diversement tachetées (des symptômes de plusieurs des maladies), supprimer les feuilles atteintes peut ralentir le progrès de la maladie. Portez des gants et stérilisez le sécateur entre chaque coupe avec de l’alcool à friction pour éviter de transmettre les maladies d’une feuille à une autre. Ne taillez pas, toutefois, quand le feuillage est mouillé.

  1. Choisissez des variétés résistantes

Certaines tomates sont naturellement résistantes aux maladies et sont préférables lorsque vous avez eu des problèmes de maladies dans le passé. À cette fin, les producteurs de semences de tomate utilisent des lettres pour indiquer la résistance. Voici quelques exemples :

V                            résistant à la verticilliose
F                            résistant à la fusariose race 1
FF                          résistant à la fusariose races 1 et 2
FFF                       résistant à la fusariose races 1, 2 et 3
A                           résistant à l’alternariose
N                           résistant aux nématodes
Ph, PhR ou LB    résistant au mildiou
St                           résistant à la stemphyliose
T ou TMV            résistant à la mosaïque du tabac

Donc, les variétés de tomate avec toute une filée de lettres après leur nom, comme ‘Big Beef’ VFFNTA ou ‘Celebrity’ VFFNT, sont d’excellents choix pour les jardiniers ayant eu des problèmes dans le passé. Avant d’acheter un plant de tomate, demandez toujours au fournisseur de vous spécifier ses résistances.

Notez qu’une résistance à une maladie ne garantit pas que la plante ne l’attrapera pas, notamment si l’été est frais et humide ou si le sol est contaminé de spores de maladie, mais qu’elle retardera au moins le début de l’infestation ainsi que sa progression, permettant souvent une récolte très raisonnable.

Un cas spécial: ?le mildiou de la tomate

20180614E blogs.cornell.edu.jpg

Tomate sévèrement atteinte par le mildiou de la tomate. Source: blogs.cornell.edu

De nouvelles souches très virulentes du mildiou de la tomate (Phytophthora infestans), autrefois un problème relativement mineur, sont apparues au début des années 2010 et sont maintenant disséminées mondialement. Cette recrudescence a pris les semenciers et les jardiniers de court, car, au début, aucune tomate ne semblait résistante à ces nouvelles souches (l’US-23 et, à un moindre degré, l’US-22). Surtout courant dans les régions aux nuits fraîches et humides, le mildiou de la tomate est rapidement devenu la maladie de la tomate la plus dévastatrice dans les régions tempérées, notamment au Canada et dans le nord-est des États-Unis, dans le centre et le nord de l’Europe, etc.

De plus, contrairement aux autres maladies, qui tendent à affaiblir la plante et à réduire la récolte, mais sans nécessairement la tuer, le mildiou peut tuer la plante ou détruire tous ses fruits. Et comme ses spores s’étendent rapidement, apportées par le vent, plutôt que de rester dans le sol là où étaient plantées des tomates au cours des années précédentes, la rotation n’est pas très utile pour le prévenir.

20180614F www.extension.umn.edu.jpg

Fruit atteint par le mildiou de la tomate. Source: www.extension.umn.edu

On reconnaît le mildiou de la tomate par ses symptômes. D’abord, vers la fin de l’été (les anglophones appellent cette maladie late blight [mildiou tardif], car justement elle survient tardivement), des taches brunes s’installent sur les feuilles inférieures et grossissent rapidement jusqu’à ce qu’elles soient complètement brunes. À l’endos des feuilles, ces taches peuvent être couvertes de «mousse» blanchâtre. La maladie monte successivement vers le haut, affectant feuille après feuille. Souvent, les tiges aussi brunissent. Pire encore, juste au moment où le fruit est presque mûr, une ou des dépressions molles et brunes ou noires s’y forment et il n’est bon que pour la poubelle.

Heureusement, il y a maintenant quelques variétés résistantes à ce fléau. C’est notamment le cas de ‘Mountain Magic’, ‘Mountain Merit’, ‘Defiant PhR’, ‘Iron Lady’, ‘Plum Regal’, ‘Juliet’, ‘Jasper’ et ‘Fantastico’. Pour une liste plus complète, allez à Achetez des semences de tomate résistantes au mildiou. Si vous avez eu des problèmes dans le passé avec cette maladie, mieux vaut rechercher une de ces variétés résistantes pour votre jardin estival!20180614A clipartpanda.com, www.barronheating.com & pngtree.com .jpg

 

Étiquettes + Phytophthora infestans, Mildiou de la tomate, Maladies de la tomate, Comment prévenir les maladies chez la tomate, Tomates sans maladies, Longue rotation pour la tomate, Résistances aux maladies - tomate


commentaire sur "Pour des tomates sans maladies"

  1. Line Bertrand dit :

    Si je comprends bien nous ne devrions pas mettre les feuilles malades dans notre compost car les spores survivront à nos hivers.

    • Pas nécessairement.

      Les spores du mildiou de la tomate ne survivent pas d’une année à l’autre, du moins, pas dans les climats froids, car elles ne tolèrent pas le gel. Comme mentionné dans le texte, elles doivent être apportées par le vent et viennent généralement alors des serres de production de tomates insuffisamment stérilisées. Les feuilles atteintes de cette maladie peuvent donc toujours aller au compost sans crainte dans toute région où le compost gèlera.

      Et si votre sol est contaminé par des maladies hivernant dans le sol (fusariose, verticilliose, etc.), aussi bien de composter ces feuilles aussi. Car en général, le mal est déjà fait: le sol de presque tout potager où on a cultivé des tomates depuis 10 ans ou moins est déjà contaminé.

      Mais en plus, si le compostage est fait correctement, il détruira les spores. (Je parle d’un compost fini, pas d’un compost encore actif où le travail de décomposition n’est pas terminé.) Et sinon, il faut quand même que les très rares spores survivantes aboutissent au pied d’une plante de la bonne espèce et que, par miracle, ces spores atteignent le feuillage de la plante en question (peu probable si vous paillez vos plantations), sinon, elles ne peuvent pas germer.

      Personnellement, je composte toutes les feuilles malades de toutes les plantes. Si je soupçonnais un risque de contamination chez les tomates, il suffirait que je n’en mette pas au pied des tomates, voilà tout!

  2. Tomate urbaine dit :

    Lorsque l’on met en terre nos plants de tomates, à quelle distance minimale de l’endroit où on a cultivé des tomates l’année précédente devrait-on le faire? C’est un vrai casse-tête pour moi, car j’ai très peu de soleil dans ma cour. Mais j’utilise des mycorhizes. D’ailleurs combien de temps se conserve une boîte de mycorhizes? Je cultive pour la première fois des poivrons en pots. Je suppose qu’il serait bon de mettre du paillis autour du pied tout comme pour les tomates. Est-ce que cette pratique est indiquée quel que soit le légume? Vous dites que pour la culture en pot, il est préférable de changer la terre. Devrait-on faire la même chose pour tous nos légumes? C’est-à-dire, ne pas planter, par exemple, de la laitue dans la même terre que l’année précédente. Merci.

    • 1. Distance de séparation: difficile à dire, car beaucoup de facteurs interviennent (type de sol, taille de la plante, etc.), mais au moins 1,2 m.
      2. Mycorhizes: les producteurs de mycorhizes mettent généralement 2 ans comme date de péremption, mais en fait, il n’y a pas de limite tant que les spores restent secs et à l’abri du gel et de forte chaleur.
      3. Le paillis est toujours bon pour les légumes, même en pot.
      4. Changer le terreau annuellement: seulement si la plante est très sujette aux maladies. Pour les autres, une rotation de 4 ans est généralement adéquate.

  3. Lacasse dit :

    Merci beaucoup!

  4. Marthe Lessard dit :

    bonjour
    j’aimerais bien acheter des semences avec plusieurs résistances,
    mais j’ai de la difficulté à trouver un site qui indique clairement les petites lettres après leur nom
    pouvez-vous m’en indiquer quelques-uns?
    merci

  5. Manon Bélisle dit :

    J’ai déjà mis des plants en pots, mais j’ai récolté très peu de tomates. Des gens m’ont dit qu’il était très difficile de faire une bonne récolte puisque les pots même s’ils sont gros, ne fournissent pas assez d’espace. Est-ce vrai? Y a-t-il une grandeur recommandée ou est-il préférable de les mettre directement en terre?

    • Les tomates produisent très bien en pot, mais souvent plus qu’en pleine terre. On ne sait pas pourquoi, mais plusieurs plantes à fruits produisent mieux quand les racines sont confinées. Il faut toutefois fertiliser davantage en pot qu’en pleine terre, même un peu à chaque arrosage. Perso, j’utilise des seaux de plastique recyclés (obtenus à peu de frais de l’épicerie) dans lesquels je perce des trous de drainage. Pour une tomate déterminée, un pot de 45 cm de diamètre est correct; 60 cm pour une tomate indéterminée.

  6. martinsoleil dit :

    Tomates anciennes
    J’ai l’habitude de planter plusieurs variétés de tomates anciennes tout en ligne dans un petit espace. Mes fruits ne sont pas parfaits. Ça m’intrigue, est ce que les pollennisateurs mélangent la génétique de mes 12 variétés et me donnent des fruits autre que ceux espérés?
    Merci

    • En fait, les tomates s’autopollinisent presque toujours: il y a rarement des transferts de pollen entre deux variétés. Voici un texte à ce sujet: https://jardinierparesseux.com/2019/06/07/comment-prevenir-la-pollinisation-croisee-chez-la-tomate/. Donc, normalement, il n’y a pas de mélange génétique. De plus, même s’il y avait un mélange génétique, cela ne changerait pas le goût de fruits de la première génération. C’est seulement les semences de la deuxième génération qui contiendraient un mélange de gènes. Donc, si vous achetez vos semences de sources fiables, il n’y aura pas de problème. Seulement les jardiniers qui récoltent et ressèment leurs propres semences ont a s’inquiéter de ses mélanges génétiques.

  7. Bibi60 dit :

    Bonjour! Néophyte en semis et quelques-uns de mes plants de tomates ont les feuilles du bas molles, et certaines affichent des plaques blanchâtres. Les tiges sont fragiles, j’ai un peu peur de leur faire leur sortie progressive, car on nous annonce une belle température cette semaine. Le terreau est de qualité, et légèrement humide…Je cherche de l’aide, car j’aimerais procéder correctement,afin de les acclimater…Tant d’efforts méritent le succès! ? Milles mercis et bonne journée! ??

    • Ce n’est probablement que de petits dommages sans conséquence… et il est normal que les feuille inférieures jaunissent et meurent après quelque temps. Allez-y avec votre acclimatation, tout simplement.

      • Retraitée débutante en tomates dit :

        Bonjour, premier été à la retraite, j’ai 2 plants de tomate (Big beef et Goldmine)pour la culture en pot, mais je n’y connais pas grand chose. 1) Les pots ont des soucoupes fixes, est-ce que que je devrais les trouer? Ces plants seront en plein soleil à partir de midi pour le reste de la journée. 2) J’utiliserai un terreau pour légumes et fines herbes avec Mycorhizes, il est indiqué que les plants seront nourrit pendant 3 mois, est-ce que je dois quand même ajouter un engrais? 3) Les feuilles du bas ont des taches noires est-ce normal? 4) Comme ces feuilles étaient un peu tachées, je les ai retirées alors la tige n’a pas de feuilles en bas, est-ce que je dois enterrer le bout de tige sans feuilles lors du transfert de pot? Merci pour vos précieux conseils!

      • 1. Tant que c’est chaud et sec, il n’y a pas de problème à laisser les soucoupes intactes, mais par période fraîche et pluvieuse, l’eau peut s’y accumuler et faire pourrir les racines. Théoriquement, les soucoupes, c’est pour la culture à l’intérieur, pas pour l’extérieur.
        2. Les tomates sont gourmandes, donc oui, ajoutez un peu d’engrais.
        3. Ça peut être une maladie appelé tache septorienne. Pas très grave si on la prend à temps. Vous avez déjà supprimé les feuilles atteintes. Maintenant, évitez de mouiller le feuillage lors des arrosages.
        4. Oui, vous pouvez enterrer cette partie.
        4.

  8. Raf dit :

    Bon et alors au final rotation ou pas rotation ? Il me semble avoir chu sur une de tes vidéos que tu as ne la pratiquais plus… Quel choix au final ? Merci

    Raf

    • Je ne le fais plus tout de rotation au potager simplement parce que je cultive maintenant en contenant, car avec le peu d’espace que j’avais, une rotation de 4 ans ne suffisait plus: il y avait toujours des maladies.

      Maintenant, je fais toujours une rotation, mais si, après quelques années, les maladies s’accumulent encore, j’étends le terreau ailleurs, nettoie le contenant et recommence avec un terreau frais.

  9. Suzanne St-Jean dit :

    Ah! Les tomates! Cette année, mes semis ont très bien commencé. Cependant, deux variétés de tomates cerise (bleue et noire) se sont mises à perdre leurs feuilles du bas, après un enroulement. Les feuilles sèchent, les branches ramollissent et tombent d’elles-mêmes… D’autres variétés cultivées au même endroit n’ont pas du tout ou presque pas ce problème (Tony Tim et Manitoba). Mon nouvel éclairage a l’inconvénient d’être chaud…Pas de pucerons observés, mais à l’occasion une petite mouche noire qui ne s’intéresse pas du tout au piège jaune collant… Je crains que le problème ne se propage à tous les plants… avez-vous des suggestions? Je pourrais vous envoyer des photos…merci!

Inscrivez-vous au blogue du Jardinier paresseux et recevez ses articles dans votre boîte de courriel à tous les matins!