Catégories

Recherche

Nos partenaires

Houblon, herbe de l’année 2018

 

20180613A www.heraldnet.com.jpg

Houblon (Humulus lupulus). Source: www.heraldnet.com

J’ai été surpris d’apprendre que l’International Herb Association (Association internationale des fines herbes) avait nommé le houblon (Humulus lupulus) herbe de l’année 2018, en grande partie parce que je n’avais jamais pensé au houblon, une grande plante grimpante, comme étant une herbe, terme associé dans ma tête à une plante de petite taille. Mais, dans le fond, c’est bien une plante aromatique et médicinale, soit la définition d’une herbe. Donc, d’accord, l’Association a bien fait de le choisir.

Le houblon est surtout cultivé comme aromatisant et stabilisant pour la bière. On oublie qu’il a aussi des propriétés médicinales, notamment dans le traitement de l’anxiété, de l’agitation et de l’insomnie. On dit que les oreillers de houblon, par exemple, ont un effet sédatif. Considérant que le houblon appartient à la même famille que la marijuana, soit les Cannabacées, on peut supposer que les utilisateurs peuvent s’attendre à des rêves drôlement relaxants!

Curieusement, le houblon est toxique aux chiens et, dans une moindre mesure, aux chats. Les feuilles et les tiges ne posent pas de problème, mais gardez les cônes de houblon hors de leur portée.

Presque une mauvaise herbe

20180613B talkingplants.blogspot.com

Le houblon est une plante très dominante qui peut même devenir une mauvaise herbe. Source: talkingplants.blogspot.com

Attention : le houblon peut être un véritable voyou dans le jardin. À croissance rapide et produisant de nombreux rejets, souvent à plus d’un mètre de la plante mère, il peut facilement engouffrer une petite plantation. Et il peut aussi s’échapper de la zone de culture pour envahir les environs. Idéalement, vous le garderez sous contrôle en supprimant toute repousse qui va trop loin! (Portez des gants pour ce faire : non seulement les tiges carrées sont-elles munies de petits crochets qui s’agrippent à la peau à la manière du velcro végétal, ce qui rend leur manipulation désagréable, mais elles sont légèrement urticantes et certaines personnes y deviennent allergiques!)

La tendance du houblon à dominer ses voisines est d’ailleurs clairement indiquée dans son nom botanique. L’épithète «lupulus» vient du latin «petit loup», une allusion au fait que la plante peut tuer l’arbre sur lequel elle s’enroule, son dense feuillage privant ce dernier de lumière.

Une grande grimpante

20180613H www.pinterest.ca.jpg

Le houblon couvre rapidement les supports qu’on lui offre. Source: www.pinterest.ca

C’est une plante herbacée pérenne, dont les tiges meurent au sol à chaque hiver pour repousser au printemps grâce aux rhizomes souterrains très résistants. C’est une plante grimpante qui peut atteindre jusqu’à 7,5 m de hauteur si on lui donne un support assez haut, comme un arbre, par exemple.

Le houblon pousse dans les régions au climat tempéré, soit dans les zones de rusticité 3 à 8. C’est une plante très adaptable qui prospère dans presque tous les sols tant qu’ils sont bien drainés, mais qui préfère les conditions de jardin, soit un sol riche en matière organique, au pH moyen et qui reste au moins un peu humide en tout temps.

Le plein soleil est idéal dans la plupart des régions, mais il réussit mieux à la mi-ombre dans les climats chauds. Il apprécie un bon paillis, qui garde ses racines fraîches et plus humides, notamment dans les climats plutôt secs.

C’est une plante dioïque, c’est-à-dire que le houblon produit des fleurs mâles et femelles sur des plantes séparées. C’est la substance jaunâtre, la lupuline, riche en huiles essentielles et trouvée à la base des bractées des fleurs non pollinisées des plantes femelles, qui est utilisée comme aromatisant et médicament. Non seulement les plantes mâles ne produisent pas de cônes — ainsi appelle-t-on les grappes de fleurs couvertes de bractées qui sont récoltées — mais les mâles font baisser la qualité des cônes femelles en pollinisant leurs fleurs, les poussant à produire des graines plutôt que de la lupuline, de sorte que les jardiniers sages éliminent les plantes mâles d’office pour empêcher cette pollinisation indésirable.

La plupart des jardiniers n’ont besoin que d’un seul plant de houblon, bien que si vous êtes sérieusement épris de la fabrication de bière, deux ou trois pourraient être nécessaires. Vous pouvez cultiver la plante comme plante grimpante ornementale en la faisant grimper sur un treillis robuste ou un autre support similaire. Sachez que les tiges sont volubiles : elles doivent pouvoir s’enrouler autour de leur support. Elles ne peuvent pas se fixer toutes seules sur un mur : il faut y installer un treillis.

20180613D Leonora Enking, Flickr.jpg

Le houblon doré (H. lupulus ‘Aureus’) est une variété ornementale, mais pas très productive. Source: Leonora Enking, Flickr

Les feuilles lobées vert foncé en forme de feuille d’érable ne sont pas sans attrait et les cônes retombants vert tendre ajoutent un charme supplémentaire à la fin de la saison. Le houblon doré (le cultivar H. lupulus ‘Aureus’ et autres), aux feuilles jaune chartreuse au printemps, mais de plus en plus vertes à mesure que l’été avance, est une variété ornementale populaire, mais les cônes que cette variété femelle produit ne sont pas de la meilleure qualité.

Partir du bon pied

Vous trouverez des plants de houblon en pot dans les pépinières locales et vous pouvez planter ces végétaux du printemps à l’automne.

20180613E growhops.files.wordpress.com.jpg

Rhizomes reçus par la poste. Source: growhops.files.wordpress.com

Par correspondance, on peut toutefois trouver une gamme beaucoup plus large de clones (il existe littéralement des dizaines de cultivars, chacun avec ses propriétés uniques), donc n’hésitez pas à fouiller sur Internet à la recherche de la variété qui vous convient. Habituellement vous recevrez alors une section de rhizome ou une bouture enracinée à planter au début du printemps. Plantez les rhizomes à environ 15 cm de profondeur peu après leur arrivée.

En passant, on peut aussi cultiver le houblon en pot. Si oui, de gros bacs sont nécessaires.

Le houblon peut également être cultivé à partir de semences, mais cette technique est déconseillée sinon pour fins d’expérimentation. C’est que les semences de houblon ne sont pas fidèles au type. Ainsi, même les semences d’une variété de très haute qualité peuvent donner des cônes au goût insipide et à l’arôme faible. De plus, à travers les plants qui germeront, il y aura aussi des mâles qu’il faudra éliminer une fois leur identification faite (leurs fleurs sont blanches et portées en panicules, donc très différentes des cônes des plantes femelles).

20180613F www.craftbrewingbusiness.com.jpg

Culture commerciale de houblon. Source: www.craftbrewingbusiness.com

Si les jardiniers domestiques cultivent typiquement le houblon sur un treillis, une pergola, une autre structure ornementale ou une corde solide allant du sol au balcon, les producteurs commerciaux le font sur des supports de fil métallique ou de corde en longues rangées. Des poteaux solides tiennent les fils en place. Typiquement, ils les plantent d’abord avec un assez bon espacement : entre 2 m et 2,5 m. Il n’est pas nécessaire de serrer les plants davantage, car ils produiront de nombreux rejets qui rempliront assez rapidement tout espace vide.

Une culture assez simple

Le houblon est une plante gourmande. Appliquez du compost tôt à chaque printemps ou fertilisez à la même saison avec un engrais biologique à libération lente.

Plus tard au printemps, lorsque les tiges auront atteint environ 30 cm de hauteur, éliminez au sécateur les plus faibles et dirigez les autres vers le support le plus proche (si elles ne l’ont pas déjà trouvé). Ensuite, laissez la plante s’occuper d’elle-même, les soins estivaux se limitant généralement à l’arrosage pendant les périodes de sécheresse et à la suppression des tiges qui vont trop loin.

La plupart des plantes produiront quelques cônes la première année, davantage la seconde et commenceront la véritable production la troisième année.

20180613H www.oocbo.com.jpg

Vue en coupe d’un cône de houblon. Source: www.oocbo.com, montage: jardinierparesseux.com

Récoltez les cônes à la fin de l’été ou à l’automne quand ils deviennent papyracés au toucher et que les bractées commencent à jaunir sur les bords. À ce moment, les glandes à lupuline jaune qui contiennent les huiles essentielles seront facilement visibles et très odorantes : il suffira de soulever les bractées pour les voir et les sentir. Sachez toutefois que tous les cônes ne mûrissent pas en même temps. Il faut faire plusieurs récoltes à une ou deux semaines d’intervalle.

Séchez maintenant les cônes sur un écran aéré à l’abri du soleil, peut-être dans un cabanon, un garage ou un sous-sol, pendant 2 ou 3 jours. Les cônes peuvent ensuite être conservés congelés dans un sac scellé (de préférence sous vide) jusqu’à leur utilisation.

Entre-temps, à l’extérieur, le gel tuera au sol les tiges grimpantes. Certains jardiniers les coupent immédiatement au sol; d’autres les laissent pour l’hiver et les coupent au printemps.

Ravageurs et maladies

20180613C Mark Gale, Dallying Daily.jpg

On peut facilement utiliser le houblon de façon ornementale. Source: Mark Gale, Dallying Daily

Il existe plusieurs maladies, dont des virus très nuisibles, qui causent de sérieux dégâts au houblon. Pour éviter ces problèmes, achetez toujours des plantes certifiées exemptes de maladies.

Les limaces (et, en Europe, les escargots) peuvent causer des dommages mineurs au printemps, mais généralement la plante pousse si rapidement que les mollusques n’arrivent pas à la suivre.

Les scarabées, chenilles, charançons et autres ravageurs foliaires ne sont pas rares, mais ne nuisent pas trop à la récolte tant que les dommages sont limités et, à cette fin, une ou deux pulvérisations de neem ou de savon insecticide aux moments appropriés peuvent aider à limiter les dégâts. Pour en savoir plus sur la lutte aux scarabées japonais, un problème particulier dans certaines régions, lisez Pour contrôler le scarabée japonais.


Dans le fond, le houblon est facile à cultiver: en fait, presque trop facile! Gardez toujours une machette à portée de main!

Étiquettes + Houblon, Culture du houblon, Récolte du houblon, Humulus lupulus, Herbe de l'année


commentaire sur "Houblon, herbe de l’année 2018"

  1. JOCELYNE Perreault dit :

    Très instructif

  2. alaindoiron dit :

    Es-ce qu’il y a des variétés de Houblons moins susceptible au scarabée japonais ? (J’ai abandonné le combat et je me refuse à utilisé des plantes que ces bestioles préfèrent. )

  3. Richard B dit :

    Je souheterais cultiver du houblon dans des bacs sur un balcon au deuxième étage afin de créer un écran végétal. À la lecture de votre article, je choisis des bacs de bonne dimension, je prévois mettre un paillis et arroser fréquemment. Mes questions; est-ce que le houblon doit être attachè sur un treillis ou s’agrippera-t-il tous seul ? Que faire à la fin de l’automne ? tailler et conserver les rhizomes dans leur bacs sous la neige ?
    Merci

    • Je n’ai jamais essayer le houblon en pot, mais ne vois pas pourquoi cela ne fonctionnera pas. Si vous résidez en zone 4 ou 5, il sera sans doute parfaitement capable de survive au froid en pot (en zone 3, peut-être pas: il fait plus froid en pot qu’en pleine terre) et aucun traitement spécial ne devrait être nécessaire. Oui, il montera tout seul sur un treillis.

  4. Philippe Marois dit :

    Bonjour, petite question pour le houblon grimpant décoratif. Nous en faisons grimper sur une tonnelle, et on voulait savoir s’il faut rabattre au sol à chaque automne. Et le tout doit repousser à chaque printemps? Ou on laisse les tiges en place, entortillées sur la tonnelle durant l’hiver, et ça repousse à partir de ça au printemps?

  5. Martyne Morin dit :

    Le houblon est une peste dans mes plates-bandes, très difficile à arracher. Il a fait mourir mon rosier, s’attaque aux lilas et aux vignes de mon voisin. Je ne comprends pas qu’on veuille mettre ça dans un jardin.

  6. Viv dit :

    Si on met une bâche anti racine pour éviter qu’elle s’étale ça peut fonctionner ?

Inscrivez-vous au blogue du Jardinier paresseux et recevez ses articles dans votre boîte de courriel à tous les matins!