Comment cultiver le quinoa
Vous avez entendu parler de cette céréale venue des Andes et vous y avez sans doute goûté dans un comptoir à salades. Peut-être même l’avez-vous cuisinée vous-même! Mais pouvez-vous cultiver votre propre quinoa (KIN-ois)? Oui, et assez facilement.
Son histoire
Le quinoa (Chenopodium quinoa) appartient à la famille des Amarantacées et est un très proche parent du chénopode blanc ou chou gras (C. album), une mauvaise herbe pernicieuse (mais aussi comestible) de nos champs et jardins. D’ailleurs, les deux sont tellement apparentés qu’ils peuvent s’entrecroiser si on les cultive à proximité l’un de l’autre.
Ses feuilles au gout acidulé se mangent quand elles sont jeunes et on peut aussi en consommer les fleurs, mais ce sont essentiellement les graines qui intéresseront le jardinier moyen ainsi que le cuisinier. Riche en hydrates de carbone, en protéines, en vitamines et en plusieurs minéraux, mais sans gluten et pauvre en lipides, le quinoa est un aliment santé. On peut faire cuire les graines entières comme du riz (elles ressemblent à du couscous) ou les réduire en farine.
Cultivé depuis 3?000 à 5?000 ans dans les Andes, le quinoa était à l’origine adapté à la culture en altitude, aux conditions arides et aux sols alcalins et salins, mais des Amérindiens ont développé, et depuis longtemps, des cultivars capables de pousser à basse altitude et dans des sols variables, mais toujours bien drainés, d’un pH de 4,8 à 9,5, donc de moyennement acide à très alcalin. Il tolère le froid et même une touche de gel, (jusqu’à -4?C), mais il résiste mal aux températures chaudes (même de courtes périodes à plus de 35 °C peuvent lui être néfastes). Normalement, il lui faut une longue saison de culture, mais il existe maintenant plusieurs variétés adaptées aux climats à saison courte (90-100 jours). Il pousse mieux dans les climats où le début de la saison est relativement humide, où la fin de la saison est plutôt sèche et, surtout, pas pluvieuse. Un automne pluvieux peut anéantir la récolte!
Comment le cultiver
Semez le quinoa tôt dans la saison, quand l’air est relativement chaud le jour, mais que le sol est encore frais, car il germe mieux à la fraîcheur. Donc, selon les régions, on peut le semer d’avril (France) à la fin de mai (Canada). Pour une avance sur la saison, on peut aussi le semer à l’intérieur 3 ou 4 semaines avant le repiquage.
Il lui faut le plein soleil et un sol bien drainé. Dans les sols glaiseux, le quinoa se cultive mieux en poquets ou sur une planche surélevée pour assurer un drainage adéquat. Le sol n’a pas besoin d’être très riche. Bien au contraire, on le cultive avec le plus de succès dans les sols marginaux.
Semez à 10 cm d’espacement, puis éclaircissez à 20 à 30 cm dans tous les sens (culture intensive) ou en sillons séparés de 50 cm (culture en rangs). Vous pouvez manger les plants éclaircis. Les graines peuvent germer en aussi peu que 3 ou 4 jours. Dès que les plants sont assez hauts pour le permettre, désherbez et appliquez un paillis.
Habituellement, aucun entretien spécial n’est nécessaire au cours de l’été, sauf le désherbage si vous n’avez pas paillé le sol, mais en période de sècheresse, n’hésitez pas à arroser, du moins, jusqu’au moment de la floraison. Après, mieux vaut laisser le sol s’assécher.
La récolte
Le quinoa est une grande plante (certains cultivars atteignent jusqu’à 2,5 m de hauteur!) produisant au sommet de la plante une panicule de graines très dense de différentes couleurs selon le cultivar : beige, jaune, ocre, rouge, etc. On le récolte quand les panicules passent du vert à leur couleur finale et que les graines se détachent facilement. Traditionnellement, on les laisse complètement mûrir sur pied, mais dans les régions où il y a un risque de pluie ou de gel sévère, coupez les tiges et suspendez les panicules à l’abri, tête en bas, pour finir.
Il faut battre les panicules avec des bâtons pour libérer les graines. Après, enlevez manuellement les déchets les plus gros. Passez ensuite les graines dans un sas (une passoire de cuisine peut servir) pour enlever encore plus de déchets. Pour enlever le reste de la balle (particules de végétaux restantes), il faut vanner les graines. Par une journée sèche, mais venteuse, faites tomber les graines d’un seau tenu à environ 1 m du sol dans un récipient au sol. Les graines, plus lourdes, tomberont dans le récipient alors que le vent emportera la balle. Répétez plusieurs fois si nécessaire, jusqu’à ce que les graines soient propres.
Ennemis
Le quinoa a relativement peu d’ennemis. Même les oiseaux ne mangent pas les graines à cause des saponines amères qui les recouvrent. Par contre, surveillez les limaces en début de saison et continuez de désherber l’été si vous n’utilisez pas de paillis.
Conservation
Il faut conserver les graines au sec. On peut les préserver trois ou quatre ans et quand même obtenir une bonne germination.
Utilisation
La cuisine n’est pas ma spécialité et je vous renvoie à d’autres sources d’information pour obtenir des recettes. Cependant, avant de cuisiner le quinoa, il est important de le rincer, de préférence dans au moins deux eaux, pour enlever les saponines amères que recouvrent les graines.
Les bonnes variétés
Il y a des variétés de quinoa adaptées à presque toutes les conditions, mais alors faut-il trouver les semences. Les variétés cultivées dans le Sud, par exemple, ne mûrissent pas convenablement dans le Nord et certaines variétés conviennent mieux à de hautes altitudes, d’autres à de basses altitudes, etc. Ainsi, le quinoa que vous avez acheté dans la boutique d’aliments naturels n’est pas nécessairement une bonne variété pour votre climat.
Je suggère de vous fier plutôt aux recommandations d’un semencier de votre région en faisant votre choix.
Voici toutefois quelques variétés recommandées pour les régions aux étés courts : ‘Brightest Brilliant Rainbow’ (vendu aussi sous les noms ‘Arc-en-Ciel’ et ‘Rainbow Mix’), ‘Mint Vanilla’, ‘Oro De Valle’ et ‘Red Head’.
Où en trouver?
Dans ma région (ville de Québec), on ne trouve pas de semences de quinoa en jardinerie: il faut les commander par la poste. Voici quelques sources au Canada: Ferme coopérative Tournesol, Semences Solana, Richters Herbs (sous le nom huizontle) et West Coast Seeds.
En Europe, essayez Association Kokopelli et Comptoir de graines.
Bonne culture de quinoa et bonne cuisine!
Bonjour, si le chénopode blanc héberge plusieurs virus, est-ce que je nuis à mon potager lorsque je désherbe et que je laisse les plantules de chénopode sur le sol cultivé? Je devrais les lancer plus loin ? Merci!
Les virus sont transmis d’une plante à une autre par un insecte perceur. S’il n’y a pas d’insecte sur le chénopode, il n’y a pas de problème. Si oui, lancez-les ailleurs.
Mon quinoa est attaqué par la mineuse ?. En 2 jours, les dommages sont catastrophiques…
Si les dommages sont mineurs, enlevez les feuilles atteintes. Sinon, la récolte sera réduite. L’an prochain, essayer une rotation de cultures combinez avec une barrière: la couverture flottante au début de la saison: https://jardinierparesseux.com/2018/05/18/une-barriere-anti-insectes-2/
Détruisez aussi tout chénopode blanc dans les environs (le hôte original de ces mineuses).
Salut, merci pour cet article.
Vous connaissez la distance d’isolement pour éviter l’hybridation entre deux variétés?
Merci!!!
200 m
Bonjour,
Connaissez vous la quantité approximative récoltée sur un pied ?
Il ne m’est plus possible de répondre aux questions individuelles. Vous pouvez toutefois les poser sur le Forum (https://jardinierparesseux.com/forum/) ou encore, utiliser l’outil de recherche sur la page du blogue pour voir si un billet passé pourrait répondre à votre interrogation.
Bon jardinage!
Larry Hodgson