Mon premier kokedama
J’ai récemment assisté à un atelier sur le kokedama — la culture en boule de mousse — donné par Folia Design à Québec. C’était la première fois que j’expérimentais cette technique japonaise ultramoderne et j’ai pensé vous expliquer ce que j’ai appris.
L’atelier
Nous n’étions que trois élèves, mais il y avait deux professeures: Dominique Shields (diplômée en horticulture) assistée d’Alexandrine Lemieux (étudiante à l’école Fierbourg). Il y avait devant nous une grande table de travail où étaient placés tous les ingrédients : plantes, mousses, terreau, etc. Notre but était de fabriquer, avec l’aide de nos deux professeures, notre propre kokedama.
Nous avions un choix de plantes : sansevières naines, pothos et diverses fougères. J’ai choisi une fougère corne d’élan (Platycerium bifurcatum), une plante plus résistante à la sécheresse que la plupart des fougères et qui est une véritable plante épiphyte, car je calcule que la culture en kokedama, où les racines des plantes seront quand même exposées à l’air ambiant de tous côtés, ressemble passablement à un milieu épiphytique. Aussi, je voulais voir si les frondes stériles (celles en forme de bouclier) de cette fougère somme toute assez originale entoureraient la boule de mousse avec le temps.
Les plantes étaient plus grosses que je ne l’aurais pensé, en pots de 15 cm, ce qui a donné comme résultat des kokedamas à boules de mousse plus grosses que ce que j’avais vu jusqu’alors. Tant mieux, car plus il y a d’espace pour les racines, moins on aura à arroser et plus la plante aura de chances de pousser. J’aurais eu peur qu’un petit kokedama, en grandissant, arrive trop rapidement au point où des arrosages plusieurs fois par semaine auraient été nécessaires pour sa survie.
La technique
On m’a offert des gants de caoutchouc, mais j’ai préféré manier la terre à mains nues. (J’aime le contact avec la terre et n’ai pas peur de me salir.) Finalement, les autres participantes m’ont imité.
La première étape était de sortir la plante de son pot et de faire tomber une bonne partie du terreau. J’ai réduit la motte de racines de ma plante d’environ les deux tiers.
Après, nous avons comprimé un peu la motte pour lui donner une forme de boule. Il n’était pas nécessaire de viser la perfection, du moins, pas encore : la formation de la boule finale viendrait plus tard.
Maintenant, il était temps de former une «coquille» de glaise autour des racines. La glaise était pré-mélangée : un tiers de glaise rouge (mais la couleur n’a pas d’importance), un tiers de terreau commercial et un tiers de mousse de sphaigne, cette dernière étant réduite en petits morceaux. Le truc était de prendre plusieurs sections aplaties (comme une pâte à tarte très épaisse) et de les assembler en les lissant pour recouvrir la motte de racines. Ce n’était pas facile à faire : la glaise avait tendance à craquer. Sans doute qu’un producteur de kokedamas industriels expérimenterait pour trouver exactement le bon mélange et le bon ajout d’eau pour former une «pâte à glaise» qui se tienne bien tout en restant malléable. Nous n’y étions pas encore. Mais au moins, j’avais une coquille plus ou moins ronde qui restait intacte… quand je la serrais dans mes deux mains.
Maintenant, il faillait appliquer une couche de mousse de sphaigne. La mousse avait été humidifiée et était en plaques qu’on pouvait former et assembler. À force de remettre en place occasionnellement des morceaux de glaise et de mousse qui tombaient, j’y suis parvenu… toujours seulement quand mes deux mains serraient la boule de mousse.
Nous avons utilisé du fil de fleuriste vert pour la prochaine étape, mais on peut utiliser du fil de pêche, du fil de cuivre, du raphia et différents autres cordages. Ou du fil de fleuriste d’autres couleurs que le vert. Finalement, j’ai trouvé que le fil vert était un excellent choix : facilement maniable, mais très fort et aussi très discret, paraissant à peine sur le kokedama fini.
Il fallait entourer la mousse de sphaigne de fil de tout bord tout côté, serrant fort pour tenir la mousse et l’argile en place tout en faisant de la pression avec les mains. On nous a encouragés à en utiliser plus que moins pour que la boule tienne bien. C’est à ce moment, d’ailleurs, qu’on arrive à former une boule vraiment ronde, car une fois entourée de fil, la boule de mousse, glaise et terre est facilement malléable et garde parfaitement la forme qu’on lui donne. (Je présume qu’on pourrait même former un cube si on le voulait tellement le fil tient solidement la masse en formation.)
Nous aurions pu nous arrêter là. Cela aurait donné un kokedama en mousse brune. Mais nous pouvions aussi ajouter la touche finale : entourer la boule de mousse verte, comme les kokedamas professionnels. À cette fin, on prend de la mousse de fleuriste, une mousse dite préservée (trempée dans la glycérine), donc non vivante, pour entourer la boule de mousse de sphaigne. Elle vient en plaques minces qu’on peut appliquer, former et assembler pour entourer complètement la boule. Encore, il fallait appliquer une abondance du fil de fleuriste dans tous les sens et bien serrer pour tenir le tout ensemble. Vous remarquerez que ce fil ne paraît presque pas sur le produit final.
Et voilà! Un kokedama!
Entretien
Mon kokedama est tout nouveau et trône, pour l’instant, sur la table de la salle à manger dans une assiette transparente qui sert de soucoupe. Je l’arrose donc en remplissant l’assiette d’eau et en le laissant boire à son goût pendant 15 à 20 minutes, puis en jetant tout surplus d’eau. Non, je ne l’arroserais pas en vaporisant, technique qu’on voit recommandée sur plusieurs sites Web portant sur les kokedamas : il n’est pas facile de s’assurer que l’eau vaporisée pénètre convenablement jusqu’aux racines. (Contrairement à une plante cultivée en pot, le kokedama n’a pas de terreau qu’on peut toucher pour vérifier si tout va bien). Et de plus, que de dégâts quand vous vaporisez de l’eau: souvent, on arrose davantage le mur et les meubles que la plante!
La plante est à une certaine distance des fenêtres, mais reçoit quand même plusieurs heures de soleil direct par jour. Je calcule que c’est un éclairage moyen. Assez, j’espère, pour ma fougère. Si je vois que ça ne va pas, je la mettrai davantage au soleil.
Pour le reste, la plante recevra une température normale d’intérieur et devrait subir les soubresauts d’humidité typiques d’une demeure… mais je fais un effort pour maintenir une bonne humidité ambiante, même si, l’hiver, elle baisse un peu trop à mon goût. Comme j’ai une autre fougère corne d’élan qui va très bien chez moi dans la pièce voisine, je présume que la nouvelle aussi se contentera de mes conditions.
Plus tard, j’aimerais suspendre mon kokedama et, si oui, je planifie l’arroser en le plongeant dans un seau d’eau.
Et voilà! Mon premier kokedama!
Pour en savoir davantage sur les kokedamas, lisez Kokedamas : très tendance, mais sont-ils viables?
J’aime l’apparence de ce bricolage, mais qu’en est-il du fil utilisé pour le montage lors de la croissance de la plante? Est-ce que ça n’intoxique pas la plante puisque ce n’est pas du fil qui se décomposera naturellement et qui est en matière synthétique? Et ça n’étouffera pas les racines?
Le fil étant peint ne se décomposera pas et ce produit pour fleuristes n’est pas toxique aux plantes. Quant aux racines, il faut penser que la plante choisie est une plante épiphyte qui pousse dans la nature sur les branches d’arbres et a donc peu besoin d’espace pour ses racines. Éventuellement, peut-être après 5 ou 6 ans, si la plante devient très grosse, sans doute qu’il faudrait penser à une autre solution. La plupart des kokedamas commerciaux, dans des boules de mousse plus petites et moins adaptées à la restriction autour de leurs racines, ne sont pas conçus comme éléments de longue vie, mais pour une utilisation à moyen terme: peut-être un an ou un peu plus.
Le gars qui ne veut pas vaporiser d’eau sur le feuillage parce que de toute façon, c’est les meubles et les murs autour qui récoltent l’eau. Les propos d’un vrai jardinier paresseux qui s’assume. J’aime!
Mais pas vraiment paresseux puisqu’il partage BEAUCOUP.
Merci
“de la mousse de fleuriste, une mousse dite préservée (trempée dans la glycérine) ”
Bonjour,
J’ai fait une recherche pour en acheter en ligne, sans succès… une idée où trouver cette mousse ?
merci !
amicalement
Marc
On en trouve habituellement en jardinerie ou encore, dans les magasins de bricolage, comme Michaels.
[…] fait dernier cri (comme toujours, bien sûr!), car j’ai acheté un support en macramé pour mon kokedama. Maintenant, il flotte dans les airs plutôt que de reposer sur une assiette… et dans un support […]
[…] muni d’une plante (et délier alors votre bourse), soit vous en fabriquer un vous-même, un processus assez laborieux consistant d’abord à envelopper les racines de la plante dans des couches successives […]
Bonjour
Pouvez vous faire un article sur l évolution de votre kokedama? Je suis curieux de voir ça ?
Ou l avez vous démantelé et planté dans pot classique?
Merci
En fait, la fougère a été infestée de cochenilles à carapace, apparemment apportées par des fourmis, et j’ai donc dû mettre fin à l’expérience et jeter la plante. Le kokedama reste sec sur une tablette depuis ce temps. Je projette relancer l’expérience et prépare une plante de remplacement, mais elle est encore trop embryonnaire, je calcule, pour le transfert.