Le grenadier nain: couleur et fruits à l’intérieur

Les fleurs et fruits du grenadier nain sont très colorés. Source: articulo.mercadolibre.com.ar
Le grenadier (Punica granatum), de la famille des Lythracées, est un arbuste ou petit arbre cultivé dans les régions aux hivers modérés (zone de rusticité 8) — en Europe, jusqu’à Paris! — bien que les fruits n’y aient pas toujours la possibilité de mûrir. Dans le sud de l’Europe et des États-Unis, et dans bien des régions d’Afrique, d’Asie, d’Australie et d’Amérique du Sud, l’arbuste réussit mieux, subit peu de dégâts hivernaux et produit plus fiablement ses grosses grenades.
Quelle grenade est apparue en premier: le fruit ou l’engin explosif? Le fruit, bien sûr! Source: www.organicfacts.net
Sachez que le fruit s’appelait grenade bien avant l’invention de la pièce explosive. Le nom grenade vient du latin granatum, qui signifie «ayant beaucoup de graines». L’engin explosif fut nommé ainsi à cause des éclats de shrapnel, aussi nombreux que les pépins du fruit.
Là où le climat est plus froid (une exposition prolongée à une température inférieure à -10 °C peut tuer le grenadier), c’est plutôt le grenadier nain (P. granatum nana) qu’on cultive… et on l’utilise comme plante d’intérieur ou, du moins, comme plante à cultiver en pot et à rentrer à l’intérieur l’hiver. D’ailleurs, le grenadier nain se cultive comme plante ornementale dans le Sud aussi.

Les fruits du grenadier nain sont beaucoup plus petits que les véritables grenades. Source: kauaiseascapesnursery.com
Le grenadier nain diffère de l’espèce par ses feuilles lancéolées et luisantes plus petites (environ 2,5 cm), mais surtout par ses fruits qui ne sont que de la taille d’une balle de golf plutôt que de la taille d’une grosse pomme. L’arbuste lui-même n’est pas si nain et peut facilement atteindre 2 m de hauteur si on ne le taille jamais. Par contre, on peut tailler cet arbuste, naturellement très ramifié, le maintenant à moins de 30 cm de hauteur avec un peu d’attention, bien que 60 à 100 cm soient des hauteurs plus commodes à maintenir.

Grenadier nain utilisé en bonsaï. Source: bonsaibeginnings.blogspot.ca
Sévèrement taillé, le grenadier nain est couramment utilisé en bonsaï.
Sous les climats modérés, le grenadier nain est à feuillage caduc: ses feuilles deviennent jaunes avant de tomber tard à l’automne. Dans la maison et sous les tropiques, il garde habituellement son feuillage à l’année.
Les fleurs sont rouge orangé, avec des pétales froissés. Comme le calice et l’ovaire sont presque de la même couleur que la fleur et persistent après la chute des pétales, chaque «fleur» semble durer plusieurs mois, le temps qu’elle se change entièrement en fruit. La floraison est théoriquement estivale, mais il n’est pas du tout rare de voir des fleurs en toute saison.
Les fruits à l’écorce épaisse, qui finissent par être rouges à pleine maturité, ne sont pas si bons au goût et ainsi, contrairement aux grenades sucrées et de pleine taille du supermarché, les grenades naines sont surtout vues comme des fruits ornementaux.
La culture en pot

Le grenadier nain se cultive assez facilement en pot, avec un séjour estival en plein air. Source: www.amazon.ca
Le grenadier nain est de culture relativement facile, à condition de pouvoir assouvir son grand besoin de lumière. En effet, le plein soleil estival sera probablement nécessaire.
À l’été, justement, on le place habituellement en plein air, sur une terrasse ou un balcon, le rentrant quand les nuits rafraîchissent à l’automne. Le grand avantage de le placer en plein air à cette saison est que les fleurs seront pollinisées par des insectes, assurant la formation de fruits. On peut aussi le cultiver à l’intérieur à l’année, mais il faudra alors polliniser les fleurs manuellement. Faites-le peu après leur épanouissement, quand des étamines sont visibles, en utilisant un pinceau ou un coton-tige.
Arrosez au besoin de façon à ce que son terreau ne n’assèche pas complètement (en pot, les plantes sèchent beaucoup plus rapidement que les plantes cultivées en pleine terre). Il aime bien un été chaud: cela stimule de meilleures floraison et fructification. Fertilisez du printemps au début de l’automne avec un engrais tout usage dilué à la moitié de la dose recommandée.
Le grenadier nain peut réagir aux conditions automnales et hivernales de deux façons : si vous maintenez une température relativement chaude (plus de 10 °C), il restera probablement en croissance tout l’hiver et nécessitera alors des soins réguliers, notamment des arrosages occasionnels (mais moins que l’été) et une humidité relative au moins modérée (40% et plus). Cela permettra aux fruits de mûrir et de décorer le plant tout l’hiver, et en plus, offre la possibilité de floraisons supplémentaires.
Si vous offrez des températures plus fraîches, par contre, il perdra son feuillage et ses fruits et entrera en dormance. Vous pourrez alors le conserver sans éclairage si vous le voulez, et presque sans arrosage, dans un endroit froid, mais libre de gel: un garage à peine chauffé, par exemple.
Taillez au printemps pour maintenir un bel effet et éliminer les branches faibles ou malencontreuses. C’est aussi le bon moment pour le rempoter, ce qui est recommandé de faire tous les 3 ou 4 ans : un terreau «pour plantes d’intérieur» conviendra bien à cette fin.
La culture en pleine terre

Le feuillage commence à jaunir sur ce grenadier nain cultivé en pleine terre, indiquant que la période de dormance approche. Source: delange.org
Évidemment, la culture en pleine terre est limitée aux régions où les températures hivernales sont relativement douces, descendant rarement sous 4 °C, soit habituellement dans les zones 8 à 11. En cas de gel sévère, par contre, la plante réussit parfois à récupérer, se régénérant à partir de la base.
La plante est plus facile à cultiver en pleine terre qu’en pot, tolérant des conditions plus variées et devenant notamment très résistante à la sécheresse une fois qu’elle est bien établie. Presque tout sol bien drainé, même pauvre, peut convenir.
Autrement, l’entretien est semblable à celui des plantes cultivées en pot.
Multiplication
On peut multiplier le grenadier par semences, logiquement au printemps, car P. granatum nana est fidèle au type. Ce n’est pas le cas de ses cultivars qu’il faut plutôt multiplier par boutures, une technique qui s’applique aussi à P. granatum nanum. Des boutures de tige de 7 à 10 cm de longueur, insérées dans un pot de terreau légèrement humide et cultivées dans une pièce assez chaude, à l’étouffée, s’enracineront en seulement quelques semaines.
Où en trouver?
En Europe et dans la plupart des pays chauds, des plants de grenadier nain sont régulièrement offerts en pépinière. Vous y trouverez même parfois des cultivars affichant d’autres couleurs de fleurs, des fleurs doubles, un feuillage panaché, etc. Ce n’est pas le cas au Canada, mais parfois on en voit en jardinerie, notamment dans le rayon des prébonsaïs, ou chez un spécialiste en bonsaï. Par la poste, essayez Flora Exotica ou Richters.
Sinon, il existe de nombreuses compagnies vendant des semences de grenadier nain par la poste et c’est donc la façon la plus facile d’en obtenir un spécimen dans le pays du castor.
Merci pour cet article, très intéressant encore une fois. J’imagine que tout ce qui est écrit ici au sujet du grenadier nain doit aussi s’appliquer au grenadier ordinaire?
J’ai un grenadier en pot mais le mien c’est un “Wonderful”. Je l’ai depuis le printemps passé et jusqu’à mainteant il se porte bien. Il a perdu ses feuilles cet hiver mais en a fait de nouvelles au début de février.
Essentiellement, c’est le même entretien. La différence est que les fruits sont comestibles.
[…] Mes lecteurs européens peuvent peut-être cultiver cette plante en plein air à l’année: elle tolère jusqu’à -10 °C (mais perd son feuillage en cas de gel) et ainsi on peut en trouver quelques spécimens de grenadier jusqu’à la région de Paris. Au Canada, évidemment, il n’est pas question de le cultiver en pleine terre toute l’année: il faudrait le rentrer à l’abri au début de l’automne. Ainsi, vous pourriez en profiter en tant que plante d’intérieur pendant l’hiver. (Pour plus de détails sur la culture du grenadier nain, lisez Le grenadier nain: couleur et fruits à l’intérieur.) […]
[…] Mes lecteurs européens peuvent peut-être cultiver cette plante en plein air à l’année: elle tolère jusqu’à -10 °C (mais perd son feuillage en cas de gel) et ainsi on peut en trouver quelques spécimens de grenadier jusqu’à la région de Paris. Au Canada, évidemment, il n’est pas question de le cultiver en pleine terre toute l’année: il faudrait le rentrer à l’abri au début de l’automne. Ainsi, vous pourriez en profiter en tant que plante d’intérieur pendant l’hiver. (Pour plus de détails sur la culture du grenadier nain, lisez Le grenadier nain: couleur et fruits à l’intérieur.) […]