Les effets du dégel hivernal sur les végétaux
Dans l’est de l’Amérique du Nord, une longue période de temps anormalement froid en décembre 2017 et au début de janvier 2018 a fait geler le sol en profondeur. Mais maintenant, dans plusieurs régions, nous subissons un temps anormalement doux et bien au-dessus du point de congélation.
Qu’est-ce que cette situation peut faire à nos plantes de jardin? Et est-ce qu’on peut faire quelque chose pour leur donner un coup de main?
La situation idéale
Dans un climat aux hivers froids, la situation idéale pour les végétaux est quand la température baisse progressivement à l’automne et qu’elle reste relativement froide pendant tout l’hiver, avec un réchauffement graduel au printemps. Cela permet aux plantes de s’acclimater graduellement au froid et de rester en dormance pendant tout l’hiver, conservant ainsi leur résistance jusqu’au printemps.
Mais la situation est rarement idéale. Après un automne trop doux, l’hiver peut arriver rapidement avant que les plantes ne soient prêtes. Ou encore, les températures peuvent jouer au yoyo pendant l’hiver : doux, froid, doux, froid, etc.
C’est exactement ce dernier cas que nous subissons actuellement: un dégel en plein hiver, le célèbre «dégel de janvier». Les températures en dents de scie ne sont jamais bonnes pour les plantes, même en été, mais l’effet est décuplé l’hiver, notamment si le redoux dure assez longtemps pour commencer à enlever aux plantes leur acclimatation au froid.
Que peut-il se passer?
- La neige devient chargée d’eau. La neige qui s’accumule au sol est généralement remplie d’espaces d’air et offre alors aux végétaux une excellente protection contre le froid. Lors d’un dégel, par contre, les espaces d’air se remplissent d’eau venant de la fonte, mais aussi de la pluie qui accompagne souvent le dégel. La qualité isolante de la neige est alors de beaucoup diminuée et la protection des plantes aussi.
- La neige fond. On peut espérer que toute la neige ne fondra pas, mais elle peut le faire par endroits, laissant les plantes de ce secteur encore moins protégées.
- La neige devient glacée. Quand une neige pleine d’eau est exposée au froid de nouveau, elle devient glacée, ce qui réduit encore davantage sa capacité isolante. De plus, même quand les plantes sont profondément dormantes, il y a habituellement un certain niveau de respiration et de ventilation qui se fait. Si la neige se transforme en glace, rendant la respiration et les échanges d’air difficiles ou même impossibles, cela peut affaiblir ou tuer les végétaux.
- Le sol exposé se couvre d’eau qui, avec le retour du froid, gèle complètement. La glace solide ne laisse plus les plantes respirer du tout et, ayant peu d’effet isolant, laisse aussi pénétrer tout froid à venir. C’est la pire situation possible et elle provoque souvent la mort par asphyxie et par le froid de plusieurs végétaux.
- L’écorce des arbres peut se fissurer quand un dégel important est suivi d’un grand froid. Cela arrive surtout chez les arbres relativement jeunes à l’écorce encore mince. On appelle cette blessure une gélivure.
- Des branches prises précédemment dans la neige sont libérées. C’est le seul bienfait réel d’un dégel hivernal. Si la branche est bien libre de neige et de glace et n’est plus gelée dur (si elle a retrouvé sa flexibilité), vous pouvez la surélever du sol et peut-être l’étayer pour vous assurer que cela n’arrive plus.
- La pluie verglaçante (qui accompagne parfois les dégels) peut faire plier ou casser des branches. N’essayez toutefois pas de redresser des branches couvertes de glace: vous les briseriez. Quand la glace fond et que les branches regagnent leur flexibilité normale, vous pouvez les redresser. Sinon, laissez-les penchées… tout l’hiver si nécessaire. Casser la glace qui recouvre les branches brisera davantage la plante que la laisser courbée.
- La capacité des végétaux de supporter le froid (l’acclimatation au froid) diminue en situation de dégel, surtout si le dégel persiste. Ainsi, même une plante «bien rustique» comme un sapin peut souffrir de dommages si le froid reprend après un long redoux. Il faut toutefois une semaine ou plus de temps doux pour vraiment voir cet effet.
- Les végétaux se réveillent et commencent à pousser. Il faut que le dégel dure encore plus longtemps et que la température soit nettement supérieure au point de congélation pour qu’un tel réveil ait lieu. Même là, plusieurs plantes habituées au froid ne seront pas dupes. Quand le dégel a lieu au début de l’hiver (décembre, janvier), ces végétaux «sentent» que l’hiver n’est pas encore terminé et restent en dormance. Ce sont les plantes moins adaptées au climat local, souvent des plantes importées de climats plus doux, qui réagissent ainsi. Plusieurs de ces plantes qui commenceront à pousser trop hâtivement peuvent tolérer le retour du froid (notamment les hellébores et les bulbes comme le narcisse), mais d’autres peuvent être endommagées.
Que pouvez-vous faire?
Il y a relativement peu de choses que vous pouvez faire pour aider vos plantes lors d’un dégel.
La meilleure protection aurait été de les pailler l’automne précédent, car le paillis est un excellent isolant peu influencé par les soubresauts de température, mais attendre un dégel en janvier pour y penser est un peu un cas de «trop peu, trop tard».
Vous pouvez lancer de la neige sur les plantes fragiles qui sont désormais exposées. Ou essayer de creuser une tranchée de drainage afin d’assécher un secteur couvert d’eau. Et redresser des branches courbées quand elles sont libérées de la glace et qu’elles ont repris leur flexibilité.
Pouvez-vous poser une protection hivernale, comme un cône à rosier ou un géotextile isolant? Oui, mais vous découvrirez qu’il est difficile de poser de tels gestes dans un paysage enneigé. Idéalement, il aurait fallu penser à cela à l’automne.
Si votre sapin de Noël est toujours disponible, coupez ses branches et recouvrez-en les plantes fragiles les plus exposées. Sinon, peut-être avez-vous des conifères dans le secteur dont vous pourriez utiliser quelques branches. Ou achetez du paillis (votre propre réserve, si vous en fabriquez, est probablement gelée dur) et recouvrez-en les plantes fragiles (surtout des plantes déjà peu rustiques).
Essayez de marcher le moins possible sur les sols en train de dégeler, car le passage des pieds compacte terriblement le sol et peut endommager les végétaux qui y dorment. Si vous devez y aller, portez des raquettes.
Personnellement, s’il y a des végétaux qui souffrent sérieusement du dégel, plutôt que de les protéger davantage, j’aurais plutôt tendance à les laisser aller, puis à les enlever au printemps, car de toute évidence ils ne sont pas bien adaptés à mes conditions et je ne tiens pas à maintenir artificiellement en vie des plantes faibles. Mais, évidemment, je suis un jardinier paresseux et je vois peut-être la situation un peu différemment des autres jardiniers.
La situation en janvier 2018
À cause du froid des dernières semaines, la plupart des sols sont profondément gelés cette année, ce qui aidera à ralentir la fonte de la neige et à empêcher les végétaux de reprendre leur croissance trop hâtivement. Par contre, pour la même raison, toute flaque d’eau qui se formera aura de la difficulté à se drainer et risquera de devenir un bloc de glace.
Notez que les météorologues nous annoncent une tempête de neige tout de suite après le dégel… ce qui est une excellente nouvelle, puisqu’une bonne couche de neige fraîche et isolante est la meilleure chose qui puisse arriver à nos jardins.
Je répète, c’est avant le dégel, à l’automne, qu’il vaut mieux prévenir les dégâts hivernaux, pas pendant.
Bonne chance avec cette situation météorologique un peu exceptionnelle!
Je n’ai jamais compris (ma faute) comment les branches de sapin puissent agir contre le gel.
Vous voulez dire quand on les pose sur les plantes au jardin? C’est qu’elles coupent le vent froid et attrapent la chaleur de fond qui remonte peu à peu des profondeurs de la terre. Aussi, aident la neige à persister plus longtemps.
Oui, c’est ça. Merci pour votre réponse.
Bonjour je demeure au centre-du-Québec je me considère comme très, très paresseuse, si j’ai un doute sur une plante en particulier pour la première année j’installe un immense cône à rosier. (je suis trop paresseuse pour me battre avec les branches) Pour une amatrice je considère que mon jardin est vraiment magnifique. Les gens me demande ce que je fais pour avoir de si belles fleurs. Ben rien est ma réponse. Je laisse la nature faire son travail, je nettoie même pas le jardin en automne. Appart du composte et fumier au printemps … je me contente de regarder le résultat … Mais étant une débutant j’ai fait l’erreur que bien des gens font. Acheter sur impulsion une plante pour son côté tropical. Maintenant tout ce qui s’introduit dans mon jardin est zoné bien en dessous de 4b. Plus la zone est basse plus elle est résistante. J’ai appris cela d’un certain jardinier paresseux !!!
Merci pour vos précieux conseils .
Félicitations! Vous avez bien compris comment paresser dans le jardin!