Mythe horticole: les plantes indigènes sont moins sujettes aux insectes et aux maladies
Il y a toutes sortes de bonnes raisons pour préférer des végétaux indigènes.
On sait qu’ils résistent aux hivers de la région et aussi que leur cycle de croissance correspond exactement aux saisons du secteur (certaines plantes importées, au contraire, sont endommagées quand elles se réveillent trop tôt au printemps ou quand la neige arrache leurs branches parce qu’elles ne savent pas quand laisser choir leurs feuilles à l’automne).
Aussi, les plantes indigènes nourrissent les insectes locaux qui, très souvent, sont très spécifiques dans leurs besoins. Il suffit de penser aux asclépiades (Asclepias spp.), strictement limitées au Nouveau Monde, qui sont la seule nourriture possible pour les chenilles du papillon monarque (Danaus plexippus), lui aussi limité au Nouveau Monde. Et il y a littéralement des milliers d’insectes dans votre propre région qui dépendent entièrement de plantes spécifiques, seulement trouvées naturellement dans votre région, pour leur survie. Les plantes importées ne leur sont nullement utiles.
Habituellement, aussi, les plantes indigènes ont besoin de moins de soins de la part du jardinier, étant parfaitement synchronisées aux conditions locales.
Enfin, si elles s’échappent de la culture, elles ne perturberont pas l’environnement comme peut le faire une plante introduite qui s’échappe, mais reprennent tout simplement leur place.
Tout cela est bien, mais…
Elles ne sont pas plus résistantes aux prédateurs!
L’idée, souvent vantée par des écologistes bien-pensants mais qui ne jardinent pas, que les plantes indigènes sont plus résistantes aux insectes et aux maladies est cependant un non-sens.
D’abord, il y a des prédateurs assez polyphages (pucerons, aleurodes, tétranyques, etc.) qui peuvent se plaire sur presque n’importe quelle plante et qui ne font pas de différence entre les importées et les indigènes: ils bouffent tout! Et, en général, les maladies sont un peu plus spécifiques et limitent leurs dégâts à certaines familles. Par contre, elles ne font pas du tout la différence entre, disons, une clématite indigène et une clématite importée. Tant que c’est une clématite, elles sont prêtes à l’attaquer.
Mais il y a aussi des insectes, des maladies et d’autres parasites qui sont très spécifiques à une certaine plante hôte et qui ne peuvent s’attaquer à quoi que ce soit d’autre. C’est là où les plantes importées ont souvent un avantage sur les plantes indigènes. Si la plante a été importée sans son ou ses prédateurs spécifiques, ce qui est souvent le cas, elle sera moins sujette aux insectes et aux maladies d’insectes qu’une plante indigène, dont les ennemis sont déjà sur place.
Voulez-vous un exemple? Les mêmes asclépiades qui nourrissent les chenilles de monarque sont aussi hôtes d’un insecte spécifique, la punaise de l’asclépiade (Oncopeltus fasciatus). Cet insecte est présent partout où l’asclépiade pousse naturellement (Amérique du Nord et du Sud) et y cause beaucoup de dégâts, forçant les jardiniers de ces deux continents à le chasser avec des jets d’eau, des traitements à l’eau savonneuse, etc. Mais cet insecte est absent des jardins d’Europe, d’Asie et d’Australie, où l’on cultive des asclépiades en tant que plantes ornementales importées.
Un autre exemple? L’hémérocalle (Hemerocallis spp.), d’origine asiatique, a laissé la plupart de ses prédateurs (à la fois des insectes, des nématodes et des maladies) derrière elle quand on l’a importée en Europe et en Amérique du Nord. Elle passe pour une plante résistante aux parasites dans ses nouveaux chez-soi, alors qu’en Asie, on a dénombré plus de 15 insectes et nématodes spécifiques aux hémérocalles et presque autant de maladies. Les jardiniers asiatiques doivent combattre tous ces ennemis s’ils veulent bien réussir les hémérocalles! Mais quand elle pousse en Europe et en Amérique du Nord, en tant que plante importée, l’hémérocalle n’a presque pas d’ennemis.
En général, donc, les plantes importées ne sont pas plus sujettes aux parasites que les plantes indigènes. C’est même exactement le contraire.
Si vous voulez cultiver des plantes qui n’ont pas de problèmes importants de prédateurs, il faut faire des recherches dans ce sens. Connaître leur pays d’origine ne vous sera nullement utile.
Bonjour,
Merci pour cette source d’informations.
Super intéressant comme d’habitude 🙂
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