Nourrir les cerfs peut leur être fatal
C’est souvent la bataille entre les jardiniers, qui ne veulent pas voir les cerfs (chevreuils) envahir leur jardin à cause des dégâts qu’ils font aux plantations, et leurs voisins qui, bien au contraire, les trouvent si mignons qu’ils veulent qu’ils visitent leur terrain et, à cette fin, les nourrissent l’hiver dans le but de les y attirer. D’ailleurs, on ne peut pas circuler en campagne ces temps-ci sans voir des pancartes «pommes à chevreuil», «maïs à chevreuil» et «carottes à chevreuil» là où les agriculteurs vendent les fruits, grains et légumes de 3e qualité, autrement inutilisables, comme pâture pour les cervidés plutôt que de les composter pour enrichir leurs terres.
Ce qu’en disent les experts
Les biologistes et autres spécialistes des cervidés sont pourtant d’accord sur le sujet: nourrir ainsi les cerfs l’hiver n’est pas bon pour les bêtes!
C’est que les cervidés ont une alimentation qui change selon la saison… et qui doit changer. À l’automne et pendant l’hiver, les cerfs cessent de se nourrir des plantes herbacées et des fruits qu’ils consommaient l’été et commencent à s’alimenter de ramilles d’arbres et d’arbustes. Leur système digestif change radicalement pour s’adapter à cette nourriture moins riche.
Si on leur donne l’hiver des aliments riches en sucres et amidon (fruits, racines, graines, pain, etc.), ils se gavent de ces aliments (après tout, nuisibles ou pas, ils ont bon goût!), mais sont incapables de les digérer correctement. Même le foin et la luzerne, qu’ils digéraient bien l’été, leur deviennent presque indigestes pendant l’hiver.
Ainsi, il arrive très souvent qu’ils meurent de faim même quand leur ventre est plein… d’une nourriture inappropriée! Ou encore, qu’ils souffrent de diarrhées, de ballonnements, de ruminites et de diverses inflammations causées par cette nourriture presque toxique. Ces maladies aussi peuvent leur être fatales.
De plus, en nourrissant les cerfs artificiellement, on attire les cerfs près des résidences alors que, à cette saison, la nature prévoit qu’ils se tiennent dans des ravages au fond de la forêt. Cette proximité ne leur fait pas le moindre bien, mais, au contraire, augmente la mortalité causée par les accidents routiers, les chiens et aussi, il faut l’admettre, le braconnage. Les animaux ainsi nourris sont aussi plus sujets aux maladies infectieuses et aux parasites (les tiques, par exemple) et les transmettent à leurs compagnons à cause d’une promiscuité contre nature.
Vous tenez à tout prix à les nourrir?
Voici ce que le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec dit au sujet du nourrissage artificiel des cerfs l’hiver : «Ayez le bien-être des cerfs à cœur. Ce sont des animaux sauvages et nous vous invitons à laisser la nature s’occuper d’eux. Nous déconseillons le nourrissage artificiel des cerfs en hiver à des fins de loisir.»
Si vous insistez pour les nourrir malgré l’avis des biologistes, voici quelques consignes :
- privilégiez des branches (érable, thuya, etc.) plutôt que des aliments artificiels;
- si vous devez utiliser des aliments artificiels, préférez des moulées spécialement conçues pour les cerfs: riches en fibres et faibles en protéines;
- choisissez plusieurs sites de nourrissage (afin de favoriser une meilleure dispersion des bêtes) loin de toute route ou résidence;
- si vous commencez un nourrissage à l’automne, il faut le poursuivre jusqu’à la fonte des neiges, car les cervidés deviennent alors dépendants de la nourriture artificielle.
Voici davantage d’information sur le sujet : Le nourrissage artificiel des cerfs de Virginie en hiver, mais je vous suggère d’y penser à deux fois avant de vous impliquer dans cette pratique contre nature.
C’est vrai que lorsque l’on aime les animaux même ceux dit sauvages on a envie de leur donner à manger l’hiver, maintenant je sais que cela leur fait plus de mal que de bien. Merci pour ces infos.une amie à sur sa propriété une biche et un cerf je vais lui passer les consignes.