Mésaventures dans le jardinage: un appel aux urgences?

Attrapé par une plante… mais faut-il appeler les urgences?
Je suppose que chaque jardinier a déjà eu sa part de mésaventures. Les choses qui ne se sont pas bien déroulées ou qui ont même terriblement mal tourné. Élaguer une branche vivante au lieu de la morte, planter une «plante mystère» pour découvrir par la suite que c’était une mauvaise herbe pernicieuse, échapper accidentellement l’échelle au sol pendant que vous êtes sur le toit à nettoyer les gouttières, etc. J’ai fait tout cela et plus encore.
Cependant, il n’y a qu’une seule fois où j’ai sérieusement envisagé d’appeler aux urgences pour aider à me sortir d’une situation de jardinage, et cela remonte à plusieurs années, lorsque j’ai décidé de tailler mon puya turquoise (Puya berteroniana).
Une plante pour les plus-que-centenaires

Les fleurs turquoise sont certainement uniques, mais quand on cultive le puya turquoise, habituellement on n’obtient qu’une rosette de feuilles très piquantes. Source: worldoffloweringplants.com et agloriousgarden.blogspot.ca
Je me demande encore pourquoi je cultivais cette plante. D’accord, sa floraison turquoise — quelle couleur unique! — est remarquable, mais on dit qu’il lui faut jusqu’à 100 ans avant d’arriver à la floraison. J’ai beau être de nature optimiste, il était peu probable que je ne la voie jamais. Sans doute que j’ai trouvé des semences en vente quelque part et que je n’ai pas pu m’empêcher de les semer. (Même aujourd’hui, je suis à peu près incapable de ne pas semer la moindre graine que je trouve.) Finalement, toutefois, le puya s’est avéré être une plante très facile à cultiver à partir de semences et faisait une excellente plante d’intérieur pour le rebord d’une fenêtre ensoleillée.
Il s’agit d’une broméliacée terrestre. Pensez à une plante d’ananas, avec le même port en rosette, mais avec des feuilles plus étroites et plus nombreuses… toutes bordées d’épines terriblement crochues. Une plante d’apparence à la fois belle… et terriblement menaçante.
Des feuilles à enlever
Au fil du temps, mon puya avait accumulé un certain nombre de feuilles mortes et jaunissantes et j’ai pensé faire un peu de ménage. Donc, je me suis installé dans la cuisine (mon lieu de jardinage intérieur de l’époque) pour enlever les feuilles endommagées. Avec des sécateurs dans une main, j’y allais d’un pas décidé.
Je surveillais les épines, bien sûr, mais avec une plante aussi accrochante, il est inévitable de se faire égratigner de temps en temps. Mais soudainement, j’ai découvert que ma main était vraiment prisonnière des épines; impossible de l’extraire. J’ai essayé de me libérer… pour voir à ce moment le poignet de la même main aussi saisi par la plante. J’étais réellement mal pris! J’ai commencé à utiliser mon autre main pour libérer la première, mais bientôt elle était prise aussi. En fait, plus je me débattais, plus les épines s’enfonçaient. Il y avait désormais du sang qui coulait de diverses petites perforations.
J’ai pensé essayer d’insérer mon pied entre le pot et ma poitrine pour donner une poussée, quitte à perdre quelques centimètres de peau, mais j’étais pieds nus… et je n’avais vraiment pas envie que mon pied aussi se fasse prendre. (Il y a une limite à faire l’idiot!) Mais que faire alors?
Devais-je appeler les services d’urgences?
J’aurais pu appeler les services d’urgence et d’ailleurs j’y ai pensé très sérieusement. Nous avions un téléphone à boutons-poussoirs dont j’aurais pu faire tomber le récepteur (c’était dans les années 1980: il n’y avait pas encore de téléphones portables!) et j’aurais certainement pu composer le numéro d’urgence avec mes orteils ou mon coude. De plus, la porte d’entrée était déverrouillée, donc pas de porte à défoncer. Mais… comment allais-je expliquer que j’avais besoin d’aide parce que mes mains étaient coincées dans une plante? Pire, mon beau-père était le chef pompier du secteur à cette époque et serait certainement venu. Avais-je vraiment envie de baisser encore dans son estime?
Donc, je me suis tout bonnement assis à la table de la cuisine, le puya en pot reposant devant moi, en attendant que ma femme rentre du travail environ deux heures plus tard. Elle a simplement coupé les feuilles avec le sécateur, comme on taille un mouton. Pas de finesse là: elle ne prêtait aucunement attention à l’état de santé futur de la plante… et à juste titre. Après deux heures de réflexion, il était désormais clair que je pourrais facilement vivre sans un Puya bertoensis dans ma collection.
Après que la plante eut été enfin libre et sagement déposée dans la poubelle, nous avons tous deux travaillé à enlever les feuilles fixées à mes mains et avant-bras. Au moins, les épines n’étaient pas du type à rompre et à rester dans la peau. Après une séance de peinture à l’iode et de pose de pansements, j’étais presque comme neuf.
Embarrassant, mais pas mortel
L’attaque du puya était une situation plus embarrassante que sérieuse… mais je ne prends plus de chance à tailler des plantes épineuses sans porter des gants à manches longues résistants aux coupures… et je ne le fais pas non plus quand personne d’autre n’est à la maison, au cas où!
J’avais une nièce qui demeurait à Chibougamau et qui m’avait dit qu’elle voyait régulièrement des lupins par centaines dans la nature. Je lui demande donc de m’apporter des cosses de graines lorsque la floraison serait terminée; ce qu’elle fit.
Le printemps suivant je plante une quantité innombrable de graines dans une immense pouponnière que j’ai. Quelle ne fut pas ma surprise de voir germer des lupins et une autre plante inconnue. Je laisse donc tout ça grandir pour m’apercevoir que la plante inconnue était de la bardane (toques) et que ma pouponnière était envahie par cette plante, mais aussi par les lupins qui se resemaient à la vitesse de l’éclair.
Cette expérience date de plusieurs années, et j’arrache encore dans ma pouponnière de la bardane, du lupin et aussi de la mauve née de la plantation de graines que j’avais faite avant les lupins.
Pour moi, fini la plantation de graines, je préfère la division!
Quelle histoire!
Vous imaginer assis à la table de cuisine
avec les deux mains prises dans une plante en pot,
pendant deux heures
c’est franchement crampant!!
Merci!
Quelle histoire cher jardinier paresseux! ce n’était pas drôle pour vous, ni pour la plante, mais j’ai franchement ri en lisant cette anecdote.
oui, il nous en arrive des choses cocasses quand on jardine!
Ma plus grande bêtise (jusqu’à là) était d’avoir tailler toutes les pousses rouges de ma rosière. J’ai décidé que ces pousses étaient malades. Le résultat était plutôt bon sauf qu’il fallait attendre la floraison plus longtemps, hehe, mais je n’ai jamais eu autant de fleur. C’étais mon premier jardin… il y a 30 ans.