Arbres de remplacement pour les frênes

Les frênes meurent par millions en Amérique du Nord et en Europe. Photo: Michael hunter, Wikimedia Commons
Les frênes un peu partout sont menacés. En Amérique du Nord, l’ennemi est un insecte perceur, l’agrile du frêne (Agrilus planipennis), qui tue inévitablement les arbres infestés. Introduit accidentellement de son Asie natale et découvert au Michigan en 2002, l’agrile progresse à une vitesse fulgurante, ayant éliminé la majorité des frênes du Michigan et des états voisins ainsi que de l’Ontario, il s’étend rapidement dans les états centraux et est des États-Unis (14 états) et au Québec. Il a notamment gagné la ville de Québec en 2017.
L’Europe n’est pas épargnée, non plus. La chalarose ou maladie du flétrissement du frêne (Hymenoscyphus fraxineus, syn. Chalara fraxinea), un champignon invasif qu’on croît originaire de l’Asie, décime les frênes de ce continent depuis sa découverte en en Pologne au début des années 1990. Déjà, on dit que 70% des frênes de Wallonie seraient déjà touchés et il n’existe actuellement aucun remède.

Vous ne verrez probablement jamais un agile du frêne, mais vous verrez bien ses dégâts. Photo: U.S. Department of Agriculture
De plus, l’agrile du frêne a trouvé l’Europe aussi. Encore, cantonné dans l’extrême est du continent, il s’étend néanmoins à grande vitesse. On s’attend à ce qu’il atteigne l’Europe centrale d’ici 15 ans.
Traiter ou remplacer?
Il n’y a aucun traitement pour la chalarose sauf d’abattre et détruire l’arbre atteint. Il est possible de faire traiter des frênes contre l’agrile du frêne par l’injection de certains insecticides, notamment le neem, mais le coût est prohibitif (environ 300 à 400 CAD), surtout quand on calcule qu’il faut répéter le traitement aux deux ans pour le reste de la vie de l’arbre.
Logiquement, donc, il faut faire le deuil des frênes dans nos aménagements. Mais par quoi les remplacer?
Arbres pour remplacer les frênes

Il existe un vaste choix d’arbres qui peuvent remplacer les frênes mourants. Photo: pxhere
Voici quelques arbres qui, par leur taille et leur utilité, peuvent servir de remplacements pour les frênes.
Ma suggestion? Si vous avez des frênes apparemment en santé sur votre terrain, nul besoin de les abattre tout de suite, bien sûr… mais plantez sans trop tarder des remplacements, ce qui les permettra de grandir un peu avant que l’inévitable arrive. Ainsi, quand il faudra couper vos frênes mourants, votre terrain ne paraîtra pas dénudé d’arbres de bonne taille.
Notez que j’ai exclu de la liste suivante les arbres qui ont leurs propres problèmes de maladie ou d’insecte, comme l’orme d’Amérique (Ulmus americana, exception faite des variétés résistantes à la maladie hollandaise de l’orme) et les bouleaux blancs (Betula papyrifera et autres), ainsi que les espèces considérées nuisibles à l’environnement à cause de leur nature invasive, comme l’érable de Norvège (Acer platanoides) et le robinier (Robinia pseudoacacia), ou qui, à cause de leur système racinaire trop entreprenant, ne sont pas recommandés sur les terrains de banlieue, comme l’érable argenté (Acer saccharinum) et la plupart des peupliers (Populus spp.) et des saules (Salix spp.).
Autrement dit, les arbres suivants sont tous de «bons arbres d’ombrage», capables de remplacer dans ce rôle le frêne en voie de disparition.

Charme de Caroline (Carpinus caroliniana). Photo: Daderot, Wikimedia Commons
- Arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) – zone 7b
- Bouleau jaune (Betula alleghaniensis) – zone 3
- Bouleau noir (Betula nigra) – zone 3
- Caryer (Carya ovata) – zone 4
- Catalpa (Catalpa spp.) – zone 5b
- Charme (Carpinus spp.) – zones 3 à 6, selon l’espèce
- Chêne à gros glands (Quercus macrocarpa) – zone 3
- Chêne anglais ou chêne pédonculé (Quercus robur) – zone 4
- Chêne bicolor (Quercus bicolor) – zone 4
- Chêne blanc (Quercus alba) – zone 4
- Chêne des marais (Quercus palustris) – zone 4
- Chêne écarlate (Quercus coccinea) – zone 4
- Chêne imbriqué (Quercus imbricaria) – zone 5
- Chêne rouge (Quercus rubra) – zone 4
- Chicot du Canada (Gymnocladus dioicus) – zone 5
- Copalme d’Amérique (Liquidambar styraciflua) – zone 6
- Épinette ou épicéa (Picea spp.) – zones 1 à 7, selon l’espèce
- Érable à grandes feuilles (Acer macrophyllum) – zone 6
Érable à sucre (Acer saccharum): coloration automnale. Photo: James St. John, Flickr
- Érable à sucre (Acer saccharum) – zone 4
- Érable de Freeman (Acer x freemanii) – zone 3
- Érable rouge (Acer rubrum) – zone 3
- Érable sycomore (Acer pseudoplatanus) – zone 5
- Févier (Gleditsia triacanthos) – zone 4b
- Ginkgo ou arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba) – zone 4
- Katsura (Cercidiphyllum japonicum) – zone 5
- Magnolia acuminé ou arbre aux cornichons (Magnolia acuminata) – zone 4b
- Mélèze (Larix spp.) – zone 2
- Métaséquoia (Metasequoia glyptostroboides) zone 5b
- Micocoulier (Celtis spp.) – zones 3b à 8, selon l’espèce
- Noyer (Juglans spp.) – zones 4 à 7, selon l’espèce
- Orme américain (Ulmus americana) – zone 3 (variétés résistantes à la maladie hollandaise de l’orme, comme ‘Valley Forge’)
- Orme hybride (Ulmus x) – zone 4 (variétés résistantes à la maladie hollandaise de l’orme, comme Accolade™ ‘Morton’)
- Orme japonais (Ulmus davidiana japonica) – zone 3
- Ostryer de Virginie (Ostrya virginiana) – zone 3
Phellodendron de l’Amour (Phellodendron amurense). Photo: Bruce Martin, W.C.
- Phellodendron de l’Amour (Phellodendron amurense) – zone 3 (arbres mâles seulement)
- Pin (Pinus spp.) – zones 2 à 7, selon l’espèce
- Poirier de Sibérie (Pyrus ussuriensis) – zone 3
- Sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii) – zone 5
- Sapin (Abies spp.) – zones 2 à 7, selon l’espèce
- Sophora du Japon (Styphnolobium japonicum, anc. Sophora japonica) – zone 5
- Thuja ou cèdre (Thuja occidentalis) – zone 3
- Tulipier d’Amérique (Liriodendron tulipifera) – zone 6
- Zelkova (Zelkova spp.) – zone 6
Un frêne résistant?

Le frêne de Mandchourie est souvent recommandé comme frêne résistant à l’agrile, mais cela reste à vérifier. Photo: Shelmerdine Garden Center
Une autre possibilité serait de planter un frêne originaire de l’Asie où à la fois l’agrile du frêne et la chalarose sévissent naturellement. Ces arbres ont souvent développé une résistance naturelle à ces deux afflictions.
Le frêne de Mandchourie (Fraxinus mandshurica, zone 3b), par exemple, est parfois offert à cette fin et semble effectivement très résistant à la chalarose, mais sa résistance à l’agrile semble variable: certaines sélections seraient résistantes à l’agrile, d’autres pas. Il faudrait peut-être donc attendre que quelques variétés exceptionnellement résistantes soient sélectionnées avant de se lancer dans la culture du frêne de Mandchourie dans les régions où l’agrile du frêne est à craindre.
De même, d’autres espèces de frêne asiatique sont à l’étude et certains pourront se révéler de bonnes espèces de remplacement pour les frênes européens et nord-américains. L’avenir nous le dira.
Maintenant, jardiniers, à vos pelles! Plantez des arbres remplaçants avant même que vos frênes ne soient visiblement atteints. Dans la vie comme dans le jardinage, mieux vaut être prévoyant!
Parmi ces arbres, lesquels ont une croissance plus rapide?
L’érable de Freeman et les ormes.
j’ajouterais le Mélèze d’Amérique (Larix laricina) un oublié de nos forêt qui devien magnifique!
Très vrai! Je l’ajoute!
Bonjour M. Hodgson.
Chronique intéressante mais je ne suis pas d’accord avec les montants que vous suggérez pour le traitement des frênes.
Un résidant peut s’attendre à débourser entre 5$ et 7$ par cm de diamètre à hauteur de poitrine. Suffit de magasiner les entreprises qui offrent le service. Les villes payent encore moins. Certaines villes progressives ont mis des programmes de subventions dans le but de préserver leur patrimoine arboricole.
Le traitement n’est pas pour tous les arbres ni pour tout le monde mais plutôt pour les individus de grande valeur.
Autre éléments à considérer; services écologiques et économiques fournis par les arbres matures, valeurs mobilières et j’en passe. De plus, combien de temps pour remplacer les contributions d’un arbre mature? Quel est le retour sur investissement d’un abattage / essouchage / plantation?
Merci, toujours agréable de lire vos chroniques!
Merci de vos commentaires..
En ce qui concerne le montant, je me suis fié aux dires d’un arboriculteur de ma région que j’ai cité très exactement. Si vous pouvez me donner un estimé de prix par arbre plus exact d’après votre expérience, en vous rappelant que ce blogue est lu notamment par beaucoup de lecteurs qui ne vivent pas près d’un fournisseur de ce genre de service, je changerai volontiers le montant cité dans le texte. Autrement dit, si quelqu’un vous demandait, sans prendre le temps de mesurer, combien le service coûterait en moyenne, style « entre xx $ et xx $ par arbre », que diriez-vous? C’est le genre d’information qu’il me faudrait pour ce blogue et si vous pouvez me le fournir, je changerai le textes sans tarder.
Évidemment, je comprends votre point de vue sur la préservation des frênes, mais en tant que jardinier, je sais aussi que de jeunes arbres poussent très rapidement et donc qu’on regagne sans trop tarder les services écologiques, économiques, etc. perdus par l’abattage d’un arbre. Aussi, il faut penser que seulement les propriétaires les plus fortunés payeraient pour faire essoucher et planter un arbre, donc il faut soustraire ces frais de tout calcul. D’accord, il engagera sans doute quelqu’un pour l’abattre, mais on peut laisser une souche pourrir d’elle-même et il est facile de planter soi-même un autre arbre.
Bonjour M. Hodgson,
Un employé de la Ville de Montréal, vient de nous confirmer que le Frêne sur le terrain de la ville devant notre propriété allait être abatu cet automne. Il était sévèrement atteint par la grille et avait grandement dépéri, nous attendions cette nouvelle depuis plus de 2 ans.
À l’instar de nombreux voisins sur les rues de notre arrondissement de la Petite Patrie, nous désirons aménager le terre plein d’environ 6 pieds de large entre le trottoir et la rue. Cet espace bien que propriété de la ville est laissé aux soins des citoyens. Si aucun aménagement et entretien n’est fait, il devient infesté d’herbes de tout genre dont l’herbes à pouls.
L’employé de la ville a mentionné qu’un nouvel arbre serait planté au printemps prochain et qu’il s’agirait probablement d’un « Catalpa ». Après une brève recherche sur cette variété, je tente de me faire une opinion sur ce choix. Les avantages sont: croissance rapide, larges feuilles produisant un couvert ombragé, floraison de plus d’un mois, odorant (à confirmer). Les inconvénients: produit des fruits sous forme de longues cosses, nécessite un ramassage.
Mes questions: La localisation de l’arbre est immédiatement sous la « ligne électrique » de la rue à environ 20 pieds de haut. L’élagage de certains arbres lorsqu’ils atteignent ces fils est parfois peu esthétique, exist-il une variété avec un port de branche bas et large afin d’éviter une arbre ouvert en forme de « V » et dégarni en son centre ?
Est-ce que les écureuils s’amuseront à transporter les cosses d’un Catalpa un peu partout sur notre terrain ?
Pouvons-nous influencer le choix de la ville ?
Avez-vous des sugestions ?
Les deux arbres voisins qui ont été remplacé il y a plus de 12 ans et qui sont devenus superbes sont deux érables, que je ne peux pour l’instant identifiés la variété mais dont un se pare de teintes rouge-orangés à l’automne. Nous aimons bien cet aspect également.
Merci
Note: Je vous transmet par couriel photo de l’environnement.
Peut-être que la ville entend planter Catalpa bignonioides ‘Nana’, très compact et qui n’arrivera pas au niveau des fils? Aussi, il ne fleurit pas, donc pas de cosses ni de semences.
Sinon, il n’est pas logique de planter un si grand arbre sous des fils électriques.
Advenant le cas de la plantation d’une variété qui fleurit, les écureuils ne s’intéressent pas aux cosses qui tombent au sol sous les arbres qui les portent.
Je ne sais pas si vous voulez influencer le choix d’arbre, mais bien sûr vous pouvez essayer!
Si ça peut donner espoir, le taux de mortalité des frênes indigènes est de ~99,99%… une poignée de frênes naturellement résistants ont étés répertoriés et servent dans un programne de reproduction et de sélection.
Il sera probablement possible de sauver les espèces américaines de l’extinction.
Une bonne nouvelle… et bien sûr, on s’y attendait. C’est presque toujours comme ça (on peut penser à la maladie hollandaise de l’orme où des variétés résistantes ont effectivement menées, à un certain degré, à des remplaçants pour les arbres morts).
Quel arbre, pour remplacer le frêne, aurait une croissance rapide ?
Presque tous les arbres ont une croissance assez rapide dans leur jeunesse. Un des rares qui pousse très lentement est le gingko.
[…] et scarabées), on trouve aussi les charançons, les agriles (dont le désormais célèbre agrile du frêne) et beaucoup d’autres insectes ennemis de nos […]
[…] créent également des problèmes similaires à ceux rencontrés par les fermiers irlandais. L’agrile du frêne (Agrilus planipennis), originaire d’Asie, est l’un de ces cas. Le petit coléoptère […]