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La seule règle de jardinage que je n’applique jamais

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Je pose le paillis partout, jusqu’à la base des plantes. Photo: fresh-basil.com

J’applique du paillis sur mes plantations depuis des décennies maintenant et je trouve que cela m’aide à me donner des plantes saines avec moins de travail de ma part: moins d’arrosage, moins de désherbage, moins de fertilisation, etc. J’utilise habituellement comme paillis des feuilles d’automne déchiquetées sous ma tondeuse, car elles sont gratuites et faciles à appliquer.

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Beaucoup d’expertes recommandent de retirer le paillis du pied des plantes, disant qu’il ne doit jamais y toucher. Je ne suis pas d’accord. Photo: waltereeves.com

Cependant, je ne «retire pas le paillis de la base des plantes» ni ne laisse pas «au moins 15 cm de terre dégagée autour de chaque plante», malgré un conseil je vois presque toujours dans les articles sur le paillage. J’applique le paillis uniformément de façon à ce qu’il touche aux plantes et je n’ai jamais eu d’ennuis avec cela.

En outre, l’une des raisons pour lesquelles nous paillons nos plantes est pour empêcher la germination des graines de mauvaises herbes. Or, laisser un endroit nu autour de chaque plante est une invitation ouverte aux mauvaises herbes de venir s’y installer!

Pourquoi retirer le paillis de la base des plantes

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Est-il vraiment nécessaire de retirer le paillis au pied des plantes? Je ne crois pas. Photo: diynetwork.com

Les «experts» qui recommandent de retirer le paillis de la base des plantes citent les raisons suivantes:

1. Pour aider les plantes à «mieux respirer». Sans farce! On voit souvent ce raisonnement. Mais très peu de «respiration» a lieu sur la partie de la tige qui sera couverte de paillis. Les plantes respirent plutôt par leurs feuilles et leurs racines et très, très peu, voire presque aucunement, par leurs tiges.

2. Pour réduire les attaques d’insectes. Mais il n’y a pas beaucoup d’insectes nuisibles qui vivent dans le paillis. Je ne peux même pas penser à un seul! Sous le paillis, dans le sol, oui, il y a des ennemis (les vers gris et les vers fil-de-fer, par exemple), mais dans le paillis? Il y a même moins de dommages causés par les vers gris et les vers fil-de-fer quand on maintient un bon paillis!

3. Pour prévenir les dommages causés par les rongeurs. On entend effectivement l’argument que les campagnols (couramment appelés mulots), qui aiment ronger l’écorce des jeunes arbres et des arbustes pendant l’hiver, pourraient utiliser le paillis comme chemin d’accès vers la base des plantes ligneuses. Mon expérience est cependant que, pendant ces hivers où les campagnols font beaucoup de dégâts, à peu près tous les arbres et arbustes à écorce sucrée sont attaqués, qu’ils soient entourés de paillis ou non. Et le dommage est toujours au-dessus du paillis.

4. Pour aider à prévenir la pourriture. C’est même l’explication principale. L’idée est que le paillis retiendrait trop d’humidité et que cette humidité excessive pourrait faire pourrir la tige qui est touchée par le paillis. A priori, cette idée semble tenir la route … mais avez-vous déjà vu un seul cas où cela est vraiment arrivé? Moi, non, et pourtant je vis sous un climat très pluvieux et très humide. Environ 1200 cm de précipitations par an, soit plus que Vancouver, qui se trouve pourtant dans une région dominée par la «forêt pluviale», ou que la Bretagne, pourtant considérée l’une des régions les plus pluvieuses de la France.

Évidemment, ce n’est pas l’humidité comme telle qui provoque la pourriture, mais plutôt des champignons ou des organismes proches des champignons, dont le Phytophthora, un oomycète, est le plus connu. Ils se développent surtout sous des conditions de grande humidité combinée avec une mauvaise aération. Le paillis est, par contre, bien aéré. Manipulez-en et vous verrez: vous pouvez même voir les espaces d’air. D’accord, un paillis peut absorber et retenir de l’humidité, mais il laisse facilement circuler l’air, réduisant le risque de pourriture.

Personnellement, j’essaie d’utiliser le paillis comme le fait la mère Nature, le répandant uniformément, ce qui veut dire aussi jusqu’à la base des plantes. Dans la forêt, il n’y a pas de petits gnomes qui balaient la litière de feuilles (le paillis naturel le plus visible) de la base des plantes et des arbres, par exemple. Pourquoi devrais-je le faire?

Mon expérience

Voici les résultats que j’ai eus en utilisant du paillis:

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Poser du paillis de façon égale au pied des arbres et arbustes ne semble causé aucun problème. Photo: Davey Tree Expert Company

Le paillis qui s’étend jusqu’à la base des plantes ligneuses (arbres, arbustes, certaines grimpantes, etc.) ne cause pas de pourriture et non plus les plantes n’enracinent dans le paillis (un autre prétendu effet secondaire du paillis qui touche aux troncs).

Les vivaces, les bulbes et les autres plantes pérennes dont le feuillage meurt au sol à l’automne repoussent à travers le paillis au printemps, tout comme ils repoussent à travers la litière de feuilles dans la forêt. D’accord, je ne paille pas les vivaces de très faible hauteur (le thym rampant ou la mousse écossaise, par exemple), car le paillis recouvrirait leurs feuilles et les empêcherait de faire de la photosynthèse, mais je paille toutes les autres.

Les annuelles et les bisannuelles ne sont pas du tout dérangées par la présence de paillis pendant l’été et même en profitent, mais ne pourront pas se ressemer dans un jardin paillé. Je dois laisser des espaces libres de paillis près de la plante mère si je veux que ses graines germent et donne de nouvelles plantes. (Toutes les annuelles ne se ressèment pas, même si vous n’utilisez pas de paillis — seulement une minorité le fait: pavots, tournesols, soucis, etc. — , mais la plupart des bisannuelles le feront si vous leur en laissez la chance).

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On peut maintenir du paillis en permanence dans un potager, ici, autour des plantes de pomme de terre. Photo: veggiegardeningtips.com

Je paille toujours mon potager et je laisse le paillis en permanence. Il est très facile de planter les légumes à repiquer (tomates, poivrons, etc.) à travers un paillis. Il suffit de tasser le paillis, planter, puis de replacer le paillis. Pour semer des légumes dans un jardin paillé, on doit temporairement retirer le paillis, puis le remettre lorsque quand les plants sont assez grands pour dépasser le paillis. Pas de pourriture là non plus.


À vous de décider!  Suivez le conseil de retirer le paillis à la base des plantes ou ignorez-le. Personnellement, je l’ignore … et j’obtiens d’excellents résultats depuis presque trois décennies!20170702B fresh-basil.com

 

Étiquettes + Paillis au pied des plantes, Le paillis peut-il toucher la plantes, Paillis dans le potager, Pailis


commentaire sur "La seule règle de jardinage que je n’applique jamais"

  1. pierluclandry dit :

    Je pensais que la raison principale était que la matière organique riche en carbone active la flore bactérienne de décomposition et inhibe la flore bactérienne d’assimilation. Ce qui entraînait une monopolisation de l’azote soluble du sol par les bactéries et donc un croissance réduite des plants.

    • Pierre dit :

      Voilà une bonne question à poser au symposium des sols vivants!

      • Évidemment, cela est un peu vrai, mais l’effet est peu durable. Et quand on applique un paillis frais et peu décomposé, habituellement on ajoute un engrais contenant de l’azote en compensation. Mais cela ne touche nullement la logique de dégager la base de la plante, où peut d’assimilation a lieu (les racines les plus actives sont plus distantes). Donc, comme dira les plus jeunes que moi, ça pas rap!

  2. Paul Émil Provost dit :

    Utiliseriez vous le brf de la même façon ?

  3. Gabrielle dit :

    Bonjour.
    Jutilises un paillis de feuilles mortes au jardin depuis 2 ans.
    Jai remarqué que le paillis attire des insectes comme le perce oreille ou les cloportes.
    En théorie, ce sont des insectes bénéfiques, mais lorsqu’il s’agit de petites plantules, ils ont tendance à les manger. Donc maintenant, je dégage le plant du paillis jusquà ce quil ait assez de feuillage pour résister à ces petites attaques.

    • Les cloportes n’endommagent presque jamais les plantes. Les perce-oreilles, quand ils sont présents en trop grand nombre, oui, peuvent parfois manger des semis, mais le feront avec ou sans la présence de paillis. Quand il fait noir, ils quittent leur cachettes et font des dégâts (quand ils en font), que la base de la plante est entourée de paillis ou non. Je ne mets pas de paillis sur les jeunes semis de toute façon, question de les laisser monter assez haut pour trouver leur soleil.

  4. Nathalie Simard Capilla dit :

    Vous avez bien raison Monsieur Hodgson concernant le paillis au rebord des plantes. L’année passée j’avais planté des clématites et mon mari, sans le savoir, à déverser 3 m³ de paillis sur une de mes 4 clématites. Sur les quatre c’est celle qui était sous le paillis qui est la plus longue est la plus forte. Je mets toujours le payer aura des plantes et je n’ai effectivement aucun problème. Lorsque vient le temps de se resemer, je retire légèrement le paillis et parfois même pas .

    Merci pour votre newsletter c’est le petit bonheur du matin en prenant un café sur la galerie à farniente.

  5. Carole dit :

    Je vois sur vos photos que le paillis semble être des aiguilles de pin. J’ai toujours hésité à l’utiliser car je craignais d’acidifier trop le sol. Qu’en pensez vous ? Merci

    • C’est essentiellement un mythe horticole. Les aiguilles de pin, comme la plupart des produits qui se décomposent, passent d’acides à assez alcalines au cours de leur décomposition, souvent plusieurs fois. À la fin, elles ont habituellement un pH d’environ 6,8… loin d’être acide. Le paillis d’aiguilles de pins est le paillis le plus populaire aux États-Unis. Elles ne sont pas mon paillis préféré, car elles ne sont pas triches en minéraux et je préfère un paillis riche… mais elles constituent néanmoins un paillis plus que potable.

  6. Doris - Bruxelles dit :

    Moi non plus je ne dégage rien du tout dans les plate-bandes (feuilles mortes + paille, parfois même foin). Par contre, ce sont mes chats qui s’en occupent et m’empêchent d’être paresseuse: tous les 2 ou 3 jours, je suis obligée de repasser derrière eux! Je les adore, mais franchement, pour ce qui est du paillis, ils m’énervent parfois passablement :0)

  7. akinomas dit :

    Je voudrais savoir si on peut, en guise de paillis, utiliser du foin (plutôt que de la paille) sans crainte… de faire pousser du foin!

    • Doris - Bruxelles dit :

      Comme j’ai 3 poules, et que j’achète parfois du foin pour leur litière plutôt que de la paille, quand il me manque du paillis, j’utilise ce foin, sorti tout droit du poulailler. Jamais eu de soucis. Je le fais plus volontiers en automne, quand il pleut beaucoup: la pluie l’alourdit (car il a tendance à s’envoler plus facilement que la paille) et dilue le fumier. Je dirais allez-y pour le foin, qui sent bon, et se décompose super bien.

      • Je ferais quand même attention avec le foin utilisé tel quel, à cause des graines de mauvaises herbes qu’il peut contenir. Les poules mangent ces graines et donc corrigent ce problème.

  8. Lorraine Paulin dit :

    Parfait si vous utilisez du paillis de feuilles ou de pailles et en quantité raisonnable mais ce n’est pas le même résultat avec du paillis de cèdre ou d’autres conifères sur vos arbres feuillus. Dans la forêt, la quantité de feuilles est juste ce qu’il faut et de la variété qui nourrit son arbre. Pas pareille dans nos milieux , où certains entrepreneurs se régalent en ajoutant des grandes quantités surtout de paillis de cèdre. Et marchent dessus afin que ça ne s’envolent pas au vent.. ‘Compacter ben dure”., Nous avons eu l’expérience avec des racines de nos lilas qui poussaient toute à la surface dans ce paillis. En plus de plein de champignons jaunes autour du tronc et de perce-oreilles. Notre élagueur expérimenté a tout enlevé ce paillis et ajouter qu’un protecteur autour du tronc. Là, ça respire.

  9. Audrey Fortin dit :

    Bonjour,

    Pour la première fois, j’ai appliqué du paillis dans mon potager.

    C’est un paillis commercial.

    Je me demandais, à l’automne suis-je obligé de l’enlever ?

    Je ne crois pas qu’il va se décomposer rapidement.

    Pour l’an prochain, est-ce que je le mélange à la terre ? Ou je le met de côté et le replace après avoir semé ?

    Merci,

    Audrey Fortin

  10. Heikel dit :

    Bonjour,

    C’est un excellent article. Je rejoins tout à fait la pensé de cet article. Je trouve pas contre-intuitif et complètement illogique de ne pas mettre de mulch autour de la plante que l’on vient de planter. personnellement je le fais à chaque fois, et c’est bien mieux ainsi.
    Je rajouterai une autre raison à cela :
    -si on laisse la terre à nue, cela à des conséquences que l’on connait bien dont la formation d’une croûte de lessivage. Ce qui va empêcher l’eau de s’infiltrer correctement jusqu’aux racines de la plantes que l’on vient de planter !

    À bientôt, j’aime beaucoup le blog 🙂

  11. Marc C. dit :

    Je suis d’accord avec votre article, car la plupart des jardins sont des clairières ou des sous-bois drainés et souvent le sol se compacte. le mieux étant de broyer nos propres débris végétaux avec la tondeuse ou une trémie (ça se loue). Je vois cependant deux exceptions. Mon jardin est un clairière très humide et sablonneuse. La pelouse, qui contient peu ou pas de gazon, est labourée en partie chaque printemps par une colonie de mulots. Dans ce cas, le paillis ameublit beaucoup le sol et transforme la plate-bande en une autouroute pour les mulots dévastateurs. Par contre, en l’absence de paillis, je dois planter très serré pour éviter l’envahissement par les mauvaises herbes. L’autre exception, c’est les plantes alpines. Beaucoup de petites vivaces de bordures sont en fait des plantes de montagne qui préfèrent un paillis de gravier qui ne garde pas l’humidité en surface mais aère aussi le sol. Si vous avez des dianthus, vous savez de quoi je parle.

  12. Charlotte dallaire dit :

    Bravo pour vos conseils, je mets du paillis ( pins des pins) autour de mes fraisiers et framboisiers et du paillis écorces du marché est-ce correct..”.

  13. Roger Dontigny dit :

    C’est la première fois que j’ai connaissance à vos rubique et je comprend maintenant les résultat amoindri de mes anciennes années. Je vais mettre vos conseil en application cet année et vous reviendrai la dessus.
    Merci encore.
    Roger Dontigny
    dontigny.roger@hotmail.com

  14. Danielle Brossard dit :

    J’ai mis du bois raméal fragmenté (BRF) dans mon potager l’an passé. Je dois planter mes plants de tomate & de cornichons prochainement. Dois-je mettre de l’engrais lors de la plantation ? Et si je dois en ajouter au cours de l’été, devrais-je le déposer sur le paillis de bois raméal fragmenté ou devrais-je le tasser pour appliquer l’engrais directement sur la terre ?

    • Vous parlez de deux légumes fruits et ces légumes aiment un sol très riche, donc oui. Et si vous en ajoutez plus tard, appliquez-le et arrosez, tout simplement. Il passera quand même à travers le paillis.

  15. Andreea Iftimie dit :

    Bonjour,
    merci pour cet article très instructif.
    Est-ce que vous pourriez élaborer sur: bois raméal fragmenté (BRF)
    J’ai deja vue se terme mais je ne comprend pas encore qu’est que c’est!
    Merci

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