La rue: l’herbe pensez-y-bien

Ruta graveolens ‘Jackman’s Blue’, une variété à feuillage exceptionnellement bleutée. Photo: Leonora (Ellie) Enking, Flickr
La rue des jardins ou rue fétide (Ruta graveolens), généralement appelée tout simplement rue, est une plante avec une longue histoire d’utilisation médicinale qui est aussi employée comme herbe condimentaire pour le goût âcre qu’elle infuse aux aliments. De plus, la rue a la réputation d’éloigner les chats et peut-être d’autres mammifères du jardin. Cela stimule les jardiniers intéressés par les plantes curatives, aromatiques ou répulsives de la cultiver et ainsi la rue est facile à trouver en jardinerie dans le rayon des herbes fines… mais la planter n’est pas nécessairement une si bonne idée.
La rue est certainement assez jolie: avec son port dressé à évasé, son feuillage découpé bleu-vert et ses petites fleurs jaune verdâtre, elle peut facilement servir de plante ornementale pour la plate-bande. Et plusieurs personnes incluent d’office la plante dans le potager en pensant ainsi éloigner les mammifères indésirables.
Mais il y a plusieurs problèmes avec ce genre d’utilisation.
Les bémols de la rue

Un contact avec la rue peut provoquer de sérieuses irritations cutanées. Photo: Vincent, Wikipedia
La rue provoque souvent des irritations cutanées (rougeurs, brûlures, cloques, etc.) aux humains qui la frôlent, étant phototoxique en raison des furocoumarines qu’elle dégage. (Phototoxique veut dire que les brûlures ne paraissent que lorsque la peau est d’abord exposée à la plante, puis au soleil. Le soir ou par journée grise, il n’y a pas de réaction désagréable.) Ainsi, le simple fait d’aller cueillir des légumes du potager familial peut vous amener à la clinique si vous y avez accidentellement frôlé la rue. La peau des enfants est encore plus sensible aux furocoumarines que celle des adultes et il faut à tout prix les tenir loin de cette plante.
La rue est toxique si ingérée en quantité trop importante. Cela peut être surprenant, sachant que cette plante est utilisée dans la cuisine (notamment dans le Sud de l’Europe), mais c’est la dose qui fait la poison. Une feuille hachée dans une salade n’est pas si nuisible, mais une trop importante consommation provoque des problèmes gastriques et parfois même la mort.
Quant à son utilisation médicinale historique, elle n’était pas tant une plante curative qu’abortive. La légende veut que Julia Titi, la fille de l’empereur romain Titus, serait morte après en avoir consommé lors d’un avortement forcé. D’ailleurs, la rue n’est plus utilisée en médecine de nos jours, bien que certains herboristes lui trouvent encore certains bienfaits.
Aussi, la rue pue. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle rue fétide! D’ailleurs, on peut dire «heureusement», car son odeur pestilentielle jumelée avec son goût âcre dissuade les humains (et les animaux) d’en consommer en trop grosses quantités.

Certains chats vont éviter la rue; d’autres vont même si frôler avec un plaisir évident. Photo: Pixabay
Sa réputation de plante répulsive, utile pour éloigner les animaux du jardin, est nettement surfaite. Quelques mammifères (certains chats, par exemple, mais pas tous) vont éviter de la frôler à cause de son odeur et très peu vont la manger, mais ils n’auront aucune hésitation à passer tout près. Déjà, à 15 à 30 cm de distance, elle n’a plus aucune efficacité. Pour l’utiliser afin d’éloigner les animaux du jardin, il faudrait alors en planter tout autour du jardin qu’on veut protéger… en espérant que l’animal ne saute pas par-dessus, tout simplement. (La plante atteint rarement plus de 70 cm de hauteur dans les régions froides; jusqu’à 1 m sous les climats doux.)
Cette plante originaire de la région méditerranéenne est aussi passablement envahissante et s’est échappée de la culture en Amérique du Nord et du Sud et en Australie. Pour protéger les cultures agricoles, sa culture est illégale dans certains états.
Si vous tenez à la cultiver malgré tout

Certaines personnes tiennent à cultiver la rue malgré ses côtés négatifs. Photo: Kurt Stüber, Wikimedia Commons
Malgré les côtés négatifs de la rue, certaines personnes tiennent quand même à la cultiver, parfois parce que son utilisation est traditionnelle dans leur culture ou à cause de leurs croyances herboristes.
Sachez alors que la rue n’est pas de culture difficile, préférant le plein soleil dans un sol bien drainé ou même sec, pas trop riche et plus alcalin qu’acide. C’est une vivace de courte vie (4 ou 5 ans), mais elle se maintient en se ressemant. Elle rustique en zone 5 et l’on peut aussi la cultiver dans les régions plus froides en l’utilisant comme annuelle ou en offrant une bonne protection hivernale.
La rue: maintenant que vous connaissez ses désavantages comme ses avantages, à vous de décider que vous voulez la cultiver!
Quand je pense que j’avais trouvé une belle fine herbe! Cela explique les cloches de l’an dernier! Ouch! Merci pour votre article!
Je crois que je vais la couper avant sa floraison …avec une protection des bras et des mains”..j’espère qu’elle s’éteindra comme vous dites dans 4-5 ans”…
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Merci pour cet article, je m’en vais l’arracher!
[…] Comment éloigner les écureuils : fumier de poule, l’eau, les cheveux, la farine de sang e la plante la rue : https://jardinierparesseux.com/2017/06/28/la-rue-lherbe-pensez-y-bien/ […]
J’ai ramené des graines du Portugal que j’ai semé chez moi dans l’Aveyron et je n’ai jamais eu de problèmes .J’ai vendu la maison mais l’an dernier j’en ai récupéré des graines que j’ai semé dans un pot à Valras-Plage , le semis est une réussite , je vais en replanter à la maison de campagne dans l’Aveyron .
Nous aimons bien cette odeur .
Personnellement nous aimons bien cette odeur . J’en avais mis dans l’Aveyron et cette plante se plait dans les murs en pierre sèche et dure plusieurs années .J’ai récupéré des graines que j’ai mise en pot aà Valras-Plage ,réussite ,je l’ai replanterai à ma maison de campagne à nouveau dans la campagne
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J’ai acheté des épices éthiopien, il y avait des graines de rue que j’ai reconnue à l’odeur et au gout .J’en ai semer et depuis 6 ou 7 ans j’ai de la rue. Il faut 1 an pour que la graine arrive à maturité.. J’ai été gravement brûlé aux avant bras, en la taillant ,mais maintenant que je sais . Je voudrais pouvoir l’utiliser, en cuisine ,ou en soins ,mais c’est encore tabou. On ne trouve pas les mode d’emploi
Oui, beaucoup de gens ont ce problème.
J’ai lu que la rue pouvait (selon Hildegarde de Bingen) régénérer les fibres des nerfs en mâchant ,de préférence, 3ou4 feuilles de rue après le repas ou de prendre 1 comprimé de rue. Mon fils souffre de sclérose en plaques de forme progressive et est maintenant handicapé à plus de 80%, nous avions l’espoir d’au moins ralentir la progression de la maladie mais maintenant vous m’inquiétez, je ne sais plus que faire…
Je ne suis pas expert sur les maladies; seulement un médecin peut vous le dire.
J’ai fais la connaissance de la rue en Argentine. On me l’a servi en tisane ou en déconcoction, je ne me souviens plus, pour aider une infection pulmonaire. J’en garde un bon souvenir. Mais je savais qu’elle pouvait être toxique si ingérée en grande quantité. Donc je l’utilise simplement pour sa beauté. Cela fait plus de 10 ans qu’elle est dans mon jardin sans problème. Mais l’année passée j’ai eu une réaction cutanée surprenante, qui ressemble à ce que vous décrivez. Même mon médecin ne savait pas ce que c’était. Merci!
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Bonjour,
J’ai connu cette plante lors de la visite d’un jardin botanique dans le sud de la France. Cette “rue” que je ne connaissais absolument pas, était en pleine grenaison.
Aussi, la voyant joli tout plein, j’ai récolté les capsules de graines que j’ai consciencieusement broyées en les frottant dans mes mains pour récupérer les graines, à semer au jardin en rentrant à la maison !!!
Que n’avais-je pas fait !!!
Le médecin visité 3 jours plus tard, avec 2 mains avec de gigantesques boursouflures et presque purulentes, m’a dit, d’un air amusé, “Mon Dieu, comme dans les livres”.
Il m’a fallu près de 2 mois de soins pour retrouver une peau “normale” . Ce fut sans aucune souffrance mais, par contre, un “invalide du toucher” et quelle horreur à regarder, 2 mains monstrueuses !!!!
@+
Bonjour, cela fait au moins 30 ans que ma mère a une rue dans un coin de son jardin qui n’est pas passant et elle se resème toute seule. Je ne connaissais pas du tout ses dangers si graves pour la peau ! Pourtant, nous avons l’habitude d’en faire une infusion de temps en temps avec 2 ou 3 feuilles cueillies à main nue. Ce qui nous a peut-être sauvé de ses dangers c’est notre routine : nous les cueillons en début de soirée ou tôt le matin, on les passe immediatement sous l’eau froide pour retirer la poussière et on les plonge ensuite dans l’infusion. J’en ai une moi aussi dans mon jardin, dans un coin tranquille…mais pour des infusions et pas contre les chats ! Merci pour vos articles riches et inspirants.