Hollande: pays sans bulbes
Les champs de tulipes légendaires des Pays-Bas. Photo: franzconde, Wikimedia Commons
Aujourd’hui, la Hollande est réputée pour ses bulbes. Les vastes champs de tulipes, de narcisses et de jacinthes sont à perte de vue et plus d’un million de touristes viennent les voir annuellement. 77% de tous les bulbes produits au monde, soit plus de 4,3 milliards, sont produits dans ce pays. Et pourtant, avant 1554, il n’y avait aucun bulbe en Hollande.
En fait, la Hollande consiste en deux provinces des Pays-Bas, la Hollande-du-Nord et la Hollande-du-Sud. Aucun bulbe n’a jamais poussé dans ces provinces avant que l’être humain ne les introduise.
Le narcisse jaune (Narcissus pseudonarciissus) est le narcisse sauvage commun des régions septentrionales de l’Europe, mais il ne pousse que dans les collines, jamais dans les plaines.
D’ailleurs, dans tous les Pays-Bas, il y a seulement dans la province de Limbourg, là où se trouve Maastricht, qu’on trouve un bulbe indigène. En effet, dans cette province serrée entre l’Allemagne et la Belgique, la seule au pays où l’on trouve des collines naturelles dignes de ce nom, pousse l’unique narcisse indigène aux Pays-Bas, le narcisse jaune (Narcissus pseudonarcissus). Tous les autres bulbes – tulipes, jacinthes, crocus, et même tous les autres narcisses – ont été importés à l’origine.
Pourquoi?
Il paraît bizarre de le dire, mais en fait les conditions aux Pays-Bas ne conviennent pas aux bulbes, mais pas du tout.
Ça va au printemps, qui est long et frais, une combinaison que la plupart des bulbes rustiques adorent pendant qu’ils sont en feuilles, mais l’été, dans ce pays plat et sablonneux, où la nappe phréatique est rarement à plus de 30 cm de profondeur, le sol demeure trop humide et ainsi les bulbes, qui doivent entrer en dormance après la floraison et qui préfèrent alors passer un été au sec, pourrissent.
Récolte des bulbes après la floraison. Il ne faut pas les laisser en terre, du moins pas en Hollande, sinon ils pourriront. Photo: J.M. van Berkel.
C’est ainsi que les Néerlandais ont appris à déterrer tous les bulbes après la floraison et à les garder au sec dans des entrepôts avant de les replanter à l’automne, au moment où le sol rafraîchit. La fraîcheur et l’humidité automnales réveillent les bulbes, qui produisent, hors de vue sous le sol, des racines et, au cours de l’hiver, de nouvelles pousses. Tout est alors prêt pour une belle floraison printanière… mais toujours à condition de déterrer les bulbes l’été.
Les bulbes chez vous
À moins de vivre dans un marécage (ou d’utiliser excessivement un système d’irrigation), vous n’avez pas besoin de déterrer les bulbes après leur floraison: dans la plupart des jardins de climat tempéré, la nappe phréatique est en profondeur et alors le sol s’assèche suffisamment l’été pour contenter les bulbes, qui peuvent alors résider en pleine terre — et même proliférer — pendant des années.
Il est difficile d’imaginer la Hollande, que nous associons avec les champs de tulipes, comme un pays sans bulbes… mais ainsi fut-il!
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Bonjour jardinier plutôt actif 🙂 J’ai eu le bonheur d’aller en Hollande au printemps, de visiter plusieurs villes et bien entendu les champs de tulipes. Quelle beauté !
Je suis revenue avec des petits sabots de bois que j’ai gardé longtemps, un gros bouquet de jacinthes bleues … quel parfum !
Merci pour vos chroniques.
Dans la petite ville de l’Ouest de la France où je me trouve en ce moment, j’apprécie les jardins en fleurs à cette époque. Je guettais la floraison des magnolias sur une une petite place en face d’une mairie … les ” espaces verts ” sont passés et ont tout coupé. Les pauvres arbres dépérissent à vue d’oeil.
Ces amateurs payés par nos impôts multiplient les bêtises.
Amicalement – et encore merci
france
… gardés … désolée, pardon 🙂