2017: l’année du rosier
Chaque année, le National Garden Bureau, un organisme à but non lucratif qui fait la promotion des plaisirs du jardinage, sélectionne un bulbe, une annuelle, une plante comestible et une vivace à mettre en vedette dans leur programme L’année de. C’est une excellente façon pour découvrir une plante que vous ne connaissez pas ou pour en apprendre un peu plus sur une plante que vous cultivez déjà.
Voici la dernière des quatre plantes honorées en 2017, le rosier.
Un rapport moins enthousiaste
Je dois avouer dès le départ que j’ai trouvé le choix du rosier pour une promotion Année de un peu embêtant.
D’abord, à mon avis, un rosier n’est pas une vivace, mais un arbuste, bien que je sais que le mot «vivace» peut être utilisé non seulement dans de sens que les jardiniers entendent, c’est-à-dire pour désigner plante herbacée pérenne, soit une plante non ligneuse qui repousse année après année, mais aussi pour indiquer toute plante dont la période de végétation s’étend sur plusieurs années, donc théoriquement même un arbre ou un arbuste. C’est une utilisation un peu surprenante, mais bon, je suis prêt à l’accepter.
Cependant, l’autre facteur qui m’embête est que j’ai personnellement une relation amour-haine avec les rosiers depuis mon enfance.
Non seulement mon père cultivait des rosiers (il était grand amateur des rosiers hybrides de thé et grandifloras), mais il travaillait comme jardinier sur les domaines où il y avait de grandes roseraies. En conséquence, il a vite fait de m’enrôler comme apprenti jardinier en me donnant comme responsabilité la taille les rosiers. À 12 ans, cependant, je n’étais pas encore très habile de mes mains. Impossible alors de sortir d’une session de taille de rosier indemne: les épines ne cessaient de m’attaquer! À chaque fois, je finissais la journée avec de multiples égratignures: on aurait dit que je m’étais battu avec un félin enragé. En conséquence, j’en veux toujours aux rosiers et hésite à les approcher. Je préfère les admirer dans les jardins des autres plutôt que d’en cultiver moi-même.
Le troisième facteur est que, en tant que jardinier paresseux, je préfère tout naturellement éviter les plantes qui ont besoin de beaucoup d’attention. Et bien que la résistance des rosiers aux maladies ait fait des progrès énormes depuis mon enfance (à l’époque, les rosiers passaient l’été tellement couvertes de «poudre pour rosiers» — un insecticide-fongicide — que leurs feuilles avaient toujours une teinte crayeuse… et que cela était considéré comme normal et même acceptable!), il n’en demeure pas moins que les rosiers sont des plantes qui exigent beaucoup d’attention de la part du jardinier, notamment en ce qui concerne le contrôle des insectes, la suppression des fleurs fanées et, dans certains cas, la protection hivernale. Ainsi je trouve que cultiver les rosiers demande trop de mon temps et je ne tiens pas à en cultiver. Le résultat est qui les seuls rosiers que je cultive chez moi sont ceux qui m’ont été donnés en cadeau.
Vous comprendrez alors que j’écris cet article un peu à contrecœur. Si vous aimez les rosiers, il vous livrera néanmoins beaucoup d’information sur leur histoire et leur culture, car toute plante est fascinante et je suis toujours prêt à partager ce que j’en sais avec mes lecteurs. Mais ne me demandez pas d’aimer des rosiers!
L’histoire du rosier
On ne peut nier la popularité du rosier, qu’on surnomme souvent la reine des fleurs. Il est parmi les végétaux les plus cultivés dans nos plates-bandes, et ce, au niveau mondial. La preuve qu’on l’apprécie est qu’il est l’emblème floral de plus de pays, d’états, de provinces et de sociétés d’horticulture que toute autre plante. Il est notamment la fleur nationale des États-Unis et du Royaume-Uni, ce qui n’est pas peu dire.
Les rosiers (Rosa spp.) appartiennent à la famille des Rosacées et sont apparus il y a environ 35 millions d’années. Il y a plus de 150 espèces de rosiers, bien que seulement quelques espèces soient couramment cultivées. Ce que les jardiniers cultivent sont surtout des rosiers hybrides.
Les rosiers sont cultivés depuis l’Antiquité. Le record le plus ancien vient de la Chine et remonte à il y a plus de 7 000 ans. L’hybridation des rosiers modernes a débuté en Europe au 18e siècle et aujourd’hui les experts calculent qu’il y a plus de 11 000 cultivars de rosier hybride encore existants et une centaine de nouvelles variétés arrivent sur le marché chaque année.
L’utilisation des rosiers
Bien que la plupart des jardiniers voient principalement les rosiers comme des plantes de plate-bande, cela n’est qu’un aspect de leur utilisation. En fait, l’industrie du rosier est divisée en 3 domaines principaux: la parfumerie, la production de fleurs coupées et la production des plantes de plate-bande.
La parfumerie utilise principalement 2 espèces cultivées spécifiquement à cette fin: le rosier de France (R. gallica) et le rosier de Damas (R. damascena) plus différents cultivars dérivés de ces deux espèces. L’industrie est concentrée dans la région méditerranéenne où le climat est idéal pour cette culture. Il faut 3 000 kg de pétales de roses pour faire 1 litre d’essence de rose, l’un des composants les plus utilisés dans la fabrication de parfums.
En ce qui concerne les roses coupées utilisées dans l’industrie florale, on produit plus d’un milliard de fleurs chaque année dans plus de 12 000 ha (30 000 acres) de serres à travers le monde. L’industrie a commencé près des centres urbains importants en Europe et en Amérique du Nord à la fin du 19e siècle, mais s’est depuis déplacé dans les régions aux climat mieux adapté à leur culture. Les principales régions productrices roses coupées sont désormais la Colombie et l’Équateur en Amérique du Sud, le Kenya et l’Éthiopie en Afrique et, de plus en plus, la Chine et l’Inde.
Enfin, les rosiers règnent en vedette dans nos jardins depuis le Moyen Âge où ils ont été d’abord cultivés pour leurs qualités médicinales. L’industrie de la production de plantes de rosier pour la vente est aujourd’hui largement concentrée dans les pays développés (États-Unis, Europe, Japon et Australie), mais prend aussi du galon dans les pays nouvellement industrialisés, notamment en Chine.
Plusieurs classes
Il existe de nombreuses classes de rosiers, mais les plus couramment cultivées sont les suivantes:
Rosiers hybrides de thé: il s’agit des rosiers classiques des jardins du 20e siècle (les rosiers arbustifs ont pris leur place en haut du palmarès depuis) et ils dominent toujours le marché de la fleur coupée même aujourd’hui. Chaque grosse fleur double est portée seule sur une longue tige robuste. Les rosiers hybrides de thé ne sont pas très rustiques (zone 8) et ont besoin d’une protection hivernale dans la plupart des régions. Ils sont généralement vendus greffés. (Pour comprendre pourquoi les pépinières vendent des rosiers de zone 8 avec une étiquette zone 5, lisez Rosiers: des étiquettes qui mentent).
Rosiers grandifloras: ils sont similaires aux rosiers hybrides de thé, mais produisent généralement plusieurs fleurs par tige. Comme les hybrides de thé, ils ont généralement besoin d’une protection hivernale dans les zones inférieures à la zone 8 et sont presque toujours greffés.
Rosiers floribunda: il s’agit de plantes plus compactes produisant un bouquet de fleurs plus petites sur chaque tige. Ils sont habituellement un peu plus rustiques que les hybrides de thé et grandifloras: habituellement zone 7, parfois même zone 6. On les vend greffés.
Rosiers miniatures: ils portent des fleurs plus petites sur des plantes plus petites avec des feuilles plus petites aussi. Ils sont souvent vendus comme potées fleuries, notamment à la fête des Mères, et peuvent même servir de plantes d’intérieur. Ce sont cependant d’excellentes plantes de jardin aussi et sont plus rustiques que les autres classes décrites jusqu’ici (zone 5 ou même 4). Ils ne sont pas greffés (on les produit par bouturage et donc ils poussent sur leurs propres racines).
Rosiers grimpants: ils produisent de longues cannes flexibles de 2,5 à 6 m de hauteur. Malgré leur nom, ce ne sont pas des plantes réellement grimpantes et il faut les fixer à leur support. Leur rusticité est faible (habituellement zone 8) et normalement il faut les coucher dans une tranchée pendant l’hiver. Cependant, il existe quelques rosiers grimpants classiques qui tolèrent la zone 5. Les plus rustiques (zone 3), comme ‘John Cabot’ et ‘John Davis’ de la série des Explorateurs d’Agriculture Canada, sont en fait des rosiers arbustifs aux branches extra-longues qu’on peut former pour en faire un rosier grimpant. Vous trouverez plus de renseignements à leur sujet dans l’article Rosiers grimpantes pour climats froids.
Rosiers arbustifs: ces rosiers ont habituellement de nombreuses branches, créant un effet d’arbuste. Ils peuvent être de grande taille (2 m ou plus) ou de hauteur plus modeste; certains servent de rosier couvre-sol. Ils sont généralement rustiques (zone 4 ou 5), parfois même très rustiques (zone 3 ou même 2) et les variétés modernes sont souvent bien résistantes aux maladies. On les considère les rosiers les plus faciles à cultiver. Normalement on les multiplie par bouturage plutôt que par greffage, ce qui explique en partie leur robustesse.
La classe des rosiers arbustifs, autrefois un genre de fourre-tout de rosiers très divers qui ne cadraient pas aux autres catégories, s’est précisée avec le temps et leur popularité est en plein essor. D’ailleurs, ils sont en. tête du palmarès des rosiers depuis le début du 21e siècle. Parmi les séries les plus populaires, il y a les rosiers Explorateurs, les Meidiland, les rosiers anglais (rosiers David Austin), les Flower Carpet, les Knock-Out, les Drift, les Oso Easy et les Carefree.
L’industrie des rosiers de jardin aujourd’hui
Aujourd’hui, environ 35 millions de rosiers sont vendus chaque année uniquement aux États-Unis et c’est un marché qui va en s’agrandissant après quelques années de déclin. Environ la moitié des rosiers vendus annuellement sont des rosiers arbustifs. Les hybrides de thé et grandifloras représentent environ 60% du marché restant, suivis des floribundas (30%), des rosiers grimpants (15%) et des rosiers miniatures (5%). Il existe également une petite production de rosiers patrimoniales offerte par des pépinières spécialisées.
Les caractéristiques les plus recherchées dans les nouvelles variétés sont l’entretien minimal et une floraison continuelle. Aussi, le parfum des rosiers, longtemps négligé par les jardiniers, est de nouveau un facteur d’intérêt, mais ce trait est difficile à transmettre fidèlement par hybridation, ainsi peu de rosiers modernes sont très parfumés.
La culture des rosiers
Grâce à un travail colossal d’hybridation depuis les 40 dernières années, les rosiers d’aujourd’hui sont beaucoup plus faciles à cultiver que les variétés plus anciennes. Alors qu’autrefois on choisissait uniquement les rosiers d’après la beauté de leur fleur (au diable la robustesse, la facilité de culture et l’apparence générale de la plante!), les variétés modernes sont choisies en prenant aussi en considération une rusticité solide, une bonne résistance aux maladies et un port naturellement dense et attrayant, avec le résultat qu’ils sont beaucoup plus faciles à maintenir.
Le plein soleil demeure un must pour les rosiers, car, sans au moins 6 à 8 heures de lumière intense, vous aurez moins de fleurs, des longues tiges plutôt dénudées et un plus grand risque de maladies. Les rosiers n’aiment pas beaucoup la concurrence des plantes voisines de grande taille, mais on peut les cultiver à travers des plantes basses et des couvre-sols.
Plantez les rosiers dans un sol riche et bien drainé. Ils sont très tolérants des sols argileux et lourds, du moins tant que le drainage est raisonnable.
En période de sècheresse, les rosiers apprécient un arrosage en profondeur. Essayez de les arroser au moyen d’un tuyau suintant ou d’un système d’irrigation goutte à goutte. Les deux arrosent le sol sans mouiller les feuilles, la situation idéale pour prévenir les maladies de rosiers, car elles ont tendance à se produire surtout sur les feuilles humides.
Pour une meilleure floraison, appliquez un engrais biologique à libération lente au début du printemps, puis faites une deuxième application après la première floraison. Dans les climats doux où les rosiers fleurissent presque toute l’année, une troisième application à la fin d’août peut aussi être envisagée.
Grâce une sélection très serrée lors de l’hybridation des rosiers, les maladies qui causaient tant de problèmes aux rosiers il y a seulement quelques décennies sont en bonne partie choses du passé. La tache noire, la rouille et le blanc sont de moins en moins fréquents chez les rosiers modernes, surtout les rosiers arbustifs. Alors qu’autrefois il était la coutume de traiter régulièrement pour les prévenir, aujourd’hui la consigne est de ne réagir que si les maladies font surface.
Les dégâts causés par les insectes demeurent toutefois un problème et, selon l’endroit où vous jardinez, divers insectes comme le scarabée du rosier, le scarabée japonais, le tenthrède du rosier, la cécidomyie et l’anneleur peuvent être dévastateurs. Cependant, au moins la plupart des rosiers arbustes modernes sont assez robustes pour survivre à une attaque et pour reprendre leur floraison par la suite. Les jardiniers amateurs de rosiers doivent toujours faire preuve de vigilance et être alors prêts à réagir lorsque les premiers ravageurs arrivent. Un traitement précoce est toujours la meilleure façon pour lutter contre un ravageur.
La protection hivernale n’est pas nécessaire pour les rosiers arbustifs… du moins, si vous avez choisi une variété adaptée à votre zone. Il demeure toutefois nécessaire pour la plupart des autres rosiers cultivés dans les régions septentrionales. Typiquement donc on taille sévèrement les hybrides de thé, les grandifloras et les floribundas à la fin de l’automne, on couvre leur base avec une bonne butte de terre et on les recouvre d’un géotexile plastifié ou d’un cône à rosier. Quant aux rosiers grimpants peu rustiques, on doit les coucher dans une tranchée profonde et les enfouir pour l’hiver. Retirez toujours la protection à la fin de l’hiver, avant que la nouvelle croissance commence.
Les rosiers greffés posent en autre problème. En effet, ils ont tendance à mourir après quelques années et alors le porte-greffe, généralement un rosier aux petites feuilles et aux fleurs moins impressionnantes, prend leur place. Pour en savoir plus sur ce sujet, lisez l’article Un rosier mort peut en cacher un autre.
Comment tailler un rosier
Les rosiers arbustifs ne nécessitent pas beaucoup de taille, à part de raccourcir à l’occasion une branche devenue trop longue. Quant aux rosiers couvre-sol, il suffit de supprimer les tiges qui commencent à embarquer sur le sentier ou à se mêler aux plantations voisines. Certains jardiniers préfèrent toutefois réduire tous leurs rosiers d’un tiers ou même de moitié à tous les ans pour stimuler une nouvelle croissance plus égale.
Alors que mon père insistait pour une taille de précision sur ses hybrides de thé, dans le cas des rosiers arbustifs, vous pouvez passer rapidement sur l’arbuste avec des cisailles à haie ou un taille-haie, coupant tout simplement les branches qui débordent. Il est préférable de faire ce travail à la fin de l’hiver ou au début du printemps, juste avant que les plantes se réveillent après un long hiver. Aussi, une deuxième taille aussi rapide après une bonne floraison, question d’enlever grosso modo les fleurs fanées, peut être utile pour stimuler la reprise de la floraison.
Un futur rosé
Au niveau mondial, les rosiers demeurent les plantes de jardin les plus populaires et tout indique que cette tendance se maintiendra, notamment en raison des avances en hybridation qui ne cessent d’améliorer la génétique de la reine des fleurs, la rendant de plus en plus facile à cultiver.
Qui sait, peut-être parmi ces améliorations trouvera-t-on une résistance aux insectes et alors que je finirai par me laisser convaincre, malgré tout, à essayer de cultiver des rosiers… mais encore, les hybrideurs devraient aussi faire quelque chose au sujet de leurs épines si méchantes!
Magnifique article pour cette fleur grandiose… ton apparence après une taille est impressionnante… ?bisous
elles sentent bon jusqu’à chez moi!
J’espère que mes 1ers rosiers tiendront !