Bye-bye agrumes?
Les productions mondiales d’agrumes sont menacées par une maladie, la maladie du dragon jaune ou HLB, d’après son nom chinois, Huanglongbing, aussi appelée la maladie du verdissement des agrumes. Elle est due à trois bactéries étroitement apparentées Candidatus Liberibacter asiaticus, C.L. africanus et C.L. americanus.
La maladie est propagée par un petit insecte sauteur, le psylle asiatique des agrumes (Diaphorina citri) en Asie, en Amérique et en Océanie et le psylle africain des agrumes (Trioza erytreae) en Afrique. Il est aussi possible de transmettre cette maladie par greffage.
La bactérie est introduite dans la plante lorsque le psylle perce ses jeunes pousses, puis se déplace à travers tout l’arbre via son système vasculaire, jusqu’à dans ses racines. L’arbre commence alors à produire, ici et là, des feuilles chlorotiques (jaunes aux nervures vertes), un symptôme qui peut passer pour une carence en fer ou en un autre minéral. La floraison devient sporadique et plusieurs fleurs avortent.
Les fruits produits sont petits et difformes et ne mûrissent pas également, d’où le nom maladie du verdissement des agrumes. En plus, les fruits ont un goût amer. Les fruits des arbres maladies sont alors impropres à la consommation et ne peuvent pas non plus servir pour la fabrication de jus.
La maladie du dragon jaune peut affecter tout agrume: oranger, citronnier, pamplemoussier, etc. ainsi que d’autres arbres de la famille des agrumes, les Rutacées.
Détectée pour la première fois en Chine en 1943, la maladie a depuis gagné les productions d’agrumes du monde entier: Afrique du Sud en 1947, Brésil en 2004, Floride en 2005, Mexique en 2009, etc. On a trouvé le premier arbre malade en Californie en 2012. Elle est maintenant répandu dans presque toutes les régions du monde où les agrumes sont produits commercialement.
Il n’y a présentement aucun traitement pour un arbre infesté par la maladie du dragon jaune: il faut le détruire. En Floride, plus de 65,640 hectares de production d’agrumes ont été infestés et la production d’oranges a baissé de presque deux tiers, de 242 millions de boîtes en 2007 à environ 89 millions de boîtes en 2016. 75 000 employés de l’industrie agrumière ont perdu leur emploi uniquement dans cet état. Le prix des agrumes et des produits dérivés des agrumes, comme le jus d’orange, a explosé… et continuera à monter.
Les traitements actuels
Comme aucun traitement n’est possible une fois que l’arbre est atteint sinon le détruire, les agriculteurs ne peuvent que traiter contre les psylles qui transmettent la maladie en espérant ainsi la prévenir. Ainsi, le nombre de traitement annuels d’insecticides nécessaires pour produire des agrumes est passé de 3 à 8 dans les productions floridiennes. Malgré ces traitements, la maladie continue de se propager et la production continue de dégringoler.
Des expériences en cours
Évidemment, il y a beaucoup d’argent investi dans la recherche d’un remède.
On a découvert une guêpe parasite, Tamarixa radiata, originaire du Pakistan, qui contrôle les psylles porteurs de la maladie. En Californie, où la maladie n’est pas encore bien établie, on libère plus d’un million de ces guêpes annuellement en espérant tuer l’infestation dans l’œuf. Il y a aussi d’autres insectes prédateurs ou parasites des psylles des agrumes qui sont à l’étude.
On cherche activement des spécimens d’agrume qui serait naturellement résistants à cette maladie. Au Citrus Research and Education Center (Centre de recherche et d’éducation sur les agrumes) de l’Université de la Floride, le chercheur Jude Grosser a trouvé, parmi les milliers de croisements conventionnels qu’il a fait, un seul oranger qui pousse et qui produit abondamment malgré la présence de la bactérie dans son système, et ce, depuis 5 ans. De plus, il transmet cette résistance à sa progéniture.
On essaie de trouver des moyens d’injecter efficacement des antibiotiques (dont le pénicilline) dans les arbres atteints, notamment au moyen de lasers qui percent de mini-trous dans les feuilles, car la maladie du dragon jaune est bactérienne et les antibiotiques tuent les bactéries.
On sait déjà qu’il est possible de modifier génétiquement les agrumes, notamment en leur insérant un gène d’une autre plante, ce qui leur conférera une forte résistance à la maladie. À date, des gènes transmis de l’épinard et de l’arabette se sont montrés efficaces à cet effet. Cependant les agriculteurs craignent que la population accepte mal une telle manipulation génétique. Après tout, la peur des OGMs est fort répandue.
Une autre possibilité serait de «faire taire» le gène dans les agrumes qui provoque leur réaction fatale à la présence de la bactérie, donnant ainsi un arbre qui pousserait sainement malgré sa présence. Encore, la crainte est que la population considérait la plante résultant d’une telle modification comme étant un OGM, même si aucun transfert de gènes n’a eu lieu.
Chose certaine, l’industrie agrumière est en perte de vitesse et vous ne trouvez plus des agrumes aussi facilement sur le marché d’ici quelques années, car même si une «solution» efficace (et acceptable) est trouvée, il faudrait compter au moins 20 ans avant qu’elle soit largement implémentée.
Profitez bien de votre prochain jus d’orange: il pourrait facilement être votre dernier!
Vraiment intéressant! Merci beaucoup Monsieur le jardinier. Je vais surveiller ceci de près. Pas le goût de me retrouver avec un autre OGM dans mon assiette.
Vos informations sont précieuses et permettent d’anticiper que nous sommes sur une pente ascendante quant au prix des agrumes à l’épicerie. Merci, M
onsieur Hodgson!
Plus qu’intéressant. Merci
Pourquoi refuser les OGM? Cette science nous permettra d’avoir accès à des fruits et légumes sans produits chimiques, à coût abordable et sans danger pour notre santé.
Je ne les refuse pas du tout. Je ne fais que constater que beaucoup de gens en ont peur.
Je parlais des gens en général et non de vous ;0)
Très intéressant Un gros merci mais aussi triste car les agrumes sont de bons aliments.
floriangagne@gmail.com
Envoyé depuis un mobile Samsung.
[…] clémentine, j’en raffole! Deux mots sur les agrumes. Le jardinier paresseux nous a avertis: les agrumes sont en danger… et leur prix va augmenter. Ensuite, pour une marmelade, comme on utilise la pelure, […]
Nous éradiquons la maladie du dragon jaune ou HLB. Nos chercheurs ont trouvé une technique fiable pour neutraliser la bactérie Huanglongbing (HLB) sans utiliser de technologie transgénique, ou des produits chimiques.
http://www.matrixenvironnement.com/Dragon-Jaune.html
Fort intéressant. Pouvez-vous me tenir au courant des développements? Quand votre système sera officiellement commercialisé et qu’il a fait ses preuves, je pourrai en aviser mes lecteurs.