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Terrarium de cactus et de succulentes: une bien mauvaise idée!

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D’ici un an, toutes ces plantes seront probablement mortes.

Les cactus et autres succulentes (plantes grasses) sont présentement très à la mode. On les voit de plus en plus dans les boutiques chics, souvent dans des pots individuels coûteux ou suspendues dans des kokedamas (boules de mousse japonaises), mais aussi dans des contenants aux parois vitrées. Autrement dit, dans des terrariums. Mais cette dernière utilisation mène presque toujours à la mort des succulentes.

Leur décès survient plus rapidement dans les terrariums fermés, c’est-à-dire portant un couvercle vitré, mais même dans les terrariums ouverts, les plantes finissent aussi par mourir.

Que se passe-t’il?

Un environnement qui ne leur convient pas

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Les succulentes aiment le plein soleil et une bonne circulation d’air, pas un emplacement ombragé et un milieu fermé.

Pour vraiment réussir à long terme, la majorité des succulentes ont besoin de plein soleil et d’un substrat qui s’assèche en profondeur avant l’arrosage suivant. Et ce n’est pas tout: il leur faut aussi une bonne circulation d’air et d’un atmosphère pas trop humide. Rien de cela n’est possible dans un terrarium.

Cultiver des succulentes dans un terrarium exposé à la lumière naturelle est l’équivalent de vouloir faire l’élevage des poissons rouges dans un carré de sable, la seule différence étant que les poissons rouges meurent instantanément alors que les succulentes meurent souvent très, très lentement.

Effet de serre

Si vous placez un contenant aux parois vitrées au plein soleil estival, la chaleur augmentera excessivement. À 40?C ou 50?C, même plus. On appelle cela l’effet de serre. D’accord, les températures estivales deviennent extrêmes aussi dans les régions désertiques où poussent certaines succulentes (mais pas toutes), mais il y a alors une bonne circulation d’air et aussi la température baisse la nuit, ce qui donne un répit aux plantes. Pas dans un terrarium.

Pour éviter cela, les vendeurs de terrariums de succulentes recommandent de les placer dans un emplacement «bien éclairé, mais à l’abri des rayons de soleil direct». Voilà qui évite la surchauffe, mais alors, ça laisse les plantes sur leur faim. Car la lumière – leur seule source d’énergie – y est trop faible pour stimuler une croissance normale.

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Déjà en magasin, les plantes dans ce terrarium commencent à s’étioler. Notez aussi la fausse fleur. Tout a été fait pour stimuler la vente, mais rien pour assurer le succès de l’aménagement à long terme.

Quand on cultive une succulente, généralement une plante de plein soleil, à l’ombre, habituellement elle ne montre aucun signe de sa détresse au début. Elle reste plutôt au beau fixe. Ainsi, son propriétaire pense que tout va bien et est tout à fait surpris quand, 6 mois, 9 mois, 1 an plus tard, la plante commence à pourrir ou à s’étioler. Certaines succulentes sont davantage capables de tolérer une faible luminosité que d’autres (les gasterias, les rhipsalis et certains haworthias, par exemple), et ainsi elles survivent plus longtemps. Les vraies cactées désertiques, par contre, sont généralement les premières à pourrir.

Sous un éclairage artificiel

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On peut mieux réussir un terrarium de succulentes sous un éclairage artificiel.

On peut toutefois bien éclairé un terrarium sous un éclairage artificiel intense qui dégage peu de chaleur, comme par exemple une lampe fluorescente à 4 tubes (une lampe à 2 tubes peut suffire pour les succulentes adaptées à la mi-ombre). Ainsi on leur donne la forte luminosité nécessaire à leur épanouissement sans avoir à craindre qu’ils cuiront. Il est toutefois parfois difficile d’agencer des lampes aussi intenses à un décor intérieur. Un bon réflecteur qui dirige la lumière vers les plantes et non pas vers les yeux sera sûrement nécessaire.

Aussi, cette utilisation ne corrige pas les problèmes de surplus d’eau et de trop forte humidité.

Trop d’eau… dans le sol comme dans l’air

Il est terriblement difficile d’arroser un terrarium. Il n’y a pas de trou dans le fond du contenant pour laisser échapper les surplus d’eau: une cuillérée de trop et les plantes se trouvent dans un milieu surchargé en eau. Et les succulentes n’aiment pas que leurs racines trempent dans l’eau.

Mais les stylistes qui préparent les terrariums (je peux difficilement les appeler horticulteurs!) incluent inévitablement une «couche de drainage» de gravillons au fond du terrarium. N’est-ce pas que le surplus d’eau ira là?

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Il ne sert à rien de mettre une couche de drainage au fond d’un terrarium: les racines des plantes vont tremper dans l’eau de toute façon!

En fait, cependant, la soi-disant couche de drainage au fond d’un terrarium n’a jamais fonctionné. Les vrais experts du terrarium (ceux qui conservent leurs terrariums pendant des années, pas les stylistes qui composent de beaux montages pour la vente, mais qui ne voient jamais les résultats de leurs gâchis) n’en mettent jamais: ils savent qu’elle est inutile. Car il y a peu d’espace pour les racines dans un terrarium et inévitablement les racines des plantes, succulentes ou non, finissent par tremper dans l’eau. Et de toute façon, cette eau stagnante montera dans le terreau au-dessus par capillarité, le tenant toujours moite.

Dans un contenant plus aéré, comme un pot de fleurs classique, ce genre de surplus d’eau s’écoule par le trou de drainage et tout excès restant s’évapore rapidement, mais dans un terrarium, rien de cela ne se passe. L’air reste très humide et stagnant (d’ailleurs, une autre situation que les succulentes détestent) et l’évaporation est lente (terrarium ouvert) ou nulle (terrarium fermé).

Une question de compatibilité

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Les plantes dans ce terrarium ont des exigences très différentes: comment voulez-vous alors qu’elles puissent pousser côte à côte?

À cela s’ajoutent le fait que les stylistes qui composent les terrariums ne semblent jamais prendre en compte la compatibilité des végétaux. Ils y placent souvent des plantes qui ont des besoins très différents dans le même terrarium, comme un cactus qui préfère un hiver froid et très sec avec une succulente qui aime ses hivers plutôt chauds et n’est pas dérangé par un peu d’humidité. Ou une plante qui a un arrêt de croissance très nette (dormance) avec une plante qui continue de croître à l’année.

Un autre aspect de la compatibilité dans un terrarium est la taille éventuelle des plantes incluses. Les stylistes ne prêtent aucune attention à ce que les plantes dans un terrarium peuvent avoir l’air à maturité. Ils se contentent de créer un bel arrangement temporaire. Après tout, il est peu probable que les plantes dans les terrariums qu’ils préparent survivent assez longtemps pour grandir! Mais si jamais, par miracle, le terrarium que vous avez acheté trouve un milieu propice à la survie des plantes qu’il contient, vous découvrirez que plusieurs des succulentes incluses ne sont pas des miniatures, mais de jeunes boutures de plantes géantes qui étoufferont les autres végétaux par leur croissance débordante.

Terrarium avec une seule plante

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Dans les mini-terrariums contenant une seule variété de plante, on évite les problèmes d’incompatibilité… mais trouver un éclairage intense sans surchauffer les succulentes demeure difficile.

Souvent alors un mini-terrarium contenant une seule plante est plus facile à gérer qu’un terrarium mixte. Par contre, il n’en reste quand même que trouver un emplacement où même une succulente dans un terrarium individuel peut recevoir un éclairage assez intense pour son épanouissement sans qu’elle ne crève de chaleur demeure toujours un problème et que cela ne règle pas non plus les problèmes de surplus d’eau et d’humidité atmosphérique trop forte.

Autrement dit

Les terrariums de succulentes vendus dans le commerce sont conçus pour la beauté de leur montage et leur capacité de rester attrayants pendant la période de vente. La viabilité à long terme du montage est rarement prise en considération.

Si vous tenez à en achetez un pour décorer votre demeure pendant plusieurs mois, allez-y. Quand les plantes commenceront à mourir, probablement que le vendeur sera prêt à vous faire un nouveau montage, moyennant paiement, bien sûr. Mais c’est triste de voir toutes ces plantes finir au compost.

De plus en plus, on voit des terrariums qui contiennent des succulentes en plastique. Aucun entretien n’est nécessaire, sinon l’époussetage, et vous pouvez les placer n’importe où, au plein soleil comme dans le coin le plus ombragé! C’est peut-être la meilleure solution pour les non-jardiniers.

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Les succulentes réussissent mieux dans un pot ayant un trou de drainage et sans parois vitrées.

Mais si vous aimez cultiver les plantes, les garder en vie, les voir s’épanouir, mieux vaut cultiver les cactus et succulentes dans des pots individuels ou encore, dans un «jardin de cactus», un large pot sans parois vitrées et muni de trous de drainage, avec des congénères ayant les mêmes besoins culturaux.20161217a

Étiquettes + Pourquoi les terrariums de cactus fonctionnent pas, Difficile de maintenir un terrarium de succulentes, Difficile de maintenir un terrarium de cactus


commentaire sur "Terrarium de cactus et de succulentes: une bien mauvaise idée!"

  1. Danielle Bibeau dit :

    Le Lucky Bamboo appelé aussi lys d’eau, pousse très bien dans un vase transparent en hauteur rempli de galets et d’eau. Un engrais liquide est préférable et le changement de l’eau régulièrement. Le mien se porte très bien, mais l’hiver je le place devant une fenêtre.

  2. Amélie dit :

    Hon je suis malheureuse, j’ai acheté des mini-terrariums sur un coup de coeur sans connaître vraiment ça. Trois au total. Les plantes sont évidemment mortes. Je pensais les avoir trop arrosées, elles ont pourries. Elles étaient seulement déposées sur des roches, la fleuriste me disait que c’était ok comme ça. Je me suis dis, voyons, ça leur prend de la terre, je vais mettre des roches dessous pour éviter le trop plein d’eau et j’ai donc placé trois succulentes dans chacun de mes mini-terrariums. Exactement, ce que les stylistes font finalement. Je pensais que c’était leur environnement parfait…

    Je vais essayer de les transplanter avant qu’elles deviennent des monstres dans les mini boules. Merci des conseils! Au final, les mini-terrariums, ils ne sont pas vraiment appréciés par quelque plante que ce soit? :\

    • Un mini-terrarium sera toujours difficile à gérer, car il y a, d’un côté, peu de terreau, et de l’autre, un risque de surchauffe. Mais vous pourriez y cultiver de petites plantes vertes, comme des fittonias, des figuiers rampants (Ficus pumila) ou des piléas si vous faites très attention.

  3. […] même dans des milieux où ils ne peuvent pas survivre, comme dans les intérieurs ombragés et les terrariums. Elles ont l’avantage, pour les stylistes (je fais une distinction entre les stylistes, qui sont […]

  4. […] dans des milieux où ils ne peuvent pas survivre, comme dans les intérieurs ombragés et les terrariums. Elles ont l’avantage, pour les stylistes (je fais une distinction entre les stylistes, qui sont […]

  5. Emma dit :

    Je n’y connaissais rien et effectivement toutes celles qui vont bien sont dans des pots en terre cuite avec des trous d’évacuation et je ne les arrose quasiment pas. J’ai quelques aloé vera dans des verres (anciens verres à moutarde) qui se portent bien et font plein de rejetons, je pense que les aloé vera sont plus coriaces que les autres : qu’ils soient à l’ombre ou au soleil, ils vont bien et font des pousses. Par contre pour les crassula, un peu trop d’eau et c’est la chute des feuilles et le pourrissement, j’ai fait l’erreur d’arroser un peu trop et il a fallu faire du sauvetage en coupant les parties pourries et en rempotant dans un pot sec avec trou de drainage… Effectivement ces terrariums qu’on voit dans la plupart des magasins nous induisent en erreur ! Et je vous remercie pour votre article, qui confirme tout ce que j’ai remarqué en cultivant mes crassula, echeveria et adromischus : elles ont besoin de secheresse ! sinon ça jaunit et les feuilles tombent. Mais la plus sensible chez moi c’est un sedum pachyphyllum qui jaunit dès que je l’arrose… pourtant je ne le fais pas souvent, il est dans un pot en argile avec un trou de drainage, je n’ose plus l’arroser, peut-être qu’il lui faut 2 mois entre 2 arrosages, je vais partir là dessus car une fois par mois et il perd 4 ou 5 feuilles dans la semaine suivant l’arrosage (jaunissent, deviennent toutes flasques, s’affinent et tombent) j’en déduis que je l’arrose encore trop ! ? Celles qui semblent apprécier un peu plus d’arrosage sont Peperomia, portulcaria afra et crassula perforata… mais elles sont dans un pot très large et plat et très bien drainé. J’avais envie d’emmener une crassula hobbit au travail dans un grand pot en verre rempli de billes, mais heureusement que j’ai cherché et que je suis tombée sur votre article : je vais donc m’abstenir et lui prévoir un pot en terre cuite avec un trou ! La maltraitance des plantes ne passera pas par moi ^^

    • Effectivement, les aloès (en général) sont plus tolérants de l’humidité; certains haworthias (mais pas tous) aussi. Mais, en général, il faut moins arroser les succulentes que plus, et toujours leur offrir un bon drainage si possible.

  6. Lynn Nolet dit :

    J’ai 2 plantes dans 2 vertes différentes depuis 2 ans . Je suis déménagé sans m’en occuppé de leurs lieu . Une commence à jaunir . Que dois je faire les rempoter avec de la terre à cactus elles sont présentement dans le sable seulement ? Merci de votre réponse

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