Catégories

Recherche

Nos partenaires

Comment le coquelicot est devenu l’emblème du jour du Souvenir

flanders_field.pngEn 1915, le médicine militaire canadien, lieutenant-colonel John McCrae, écrivit un poème, Au champ d’honneur («In Flanders Fields» dans la version originale de langue anglaise), au lendemain des funerailles d’un ami, mort lors de la deuxième bataille d’Ypres. Il le composa directement du champ de bataille, assis à l’arrière d’une ambulance en Belgique. Le voici :

Au champ d’honneur

Dans les champs de Flandres, les coquelicots croissent
Entre les croix rang sur rang,
Qui marquent notre place ; et dans le ciel,
Les alouettes, chantant avec courage, volent
À peine entendues parmi les canons sous elles.

Nous sommes les morts. Quelques jours auparavant
Nous vivions, sentions l’aurore, voyions le coucher de soleil,
Aimions et étions aimés ; aujourd’hui, nous sommes couchés
dans les champs de Flandres.

Poursuivez notre querelle avec l’ennemi :
À vous, de nos mains défaillantes, nous lançons
la torche ; gardez-la et portez-la bien haut.
Si vous trahissez notre confiance, nous qui mourront,
Nous ne dormirons pas, même si les coquelicots croissent
dans les champs de Flandres.

20161111G.jpg

John McCrae: 1872-1918

Ce poème eut un tel impact qu’il devient l’un des poèmes de guerre les plus populaires au monde et demeure encore aujourd’hui associé avec le jour du Souvenir ou jour de l’Armistice, soit le 11 novembre, pour rappeler la signature de l’Armistice de 1918 mettant fin à la Première Guerre mondiale. Encore aujourd’hui, dans beaucoup de pays, on respecte deux minutes de silence à 11 h, le 11e jour du 11e mois, au moment que l’armistice fut rendu effectif.

Notez que John McCrae n’est jamais revenu de la guerre: il est mort de pneumonie le 28 janvier 1918 à Boulogne-sur-Mer, France.

Le coquelicot

20161111B.jpg

Champ de coquelicots.

Le coquelicot (Papaver rhoeas) est un pavot annuel commun en Eurasie où il pousse dans les sols perturbés, notamment par l’agriculture, et on le considère une mauvaise herbe. À Ypres en 1915, ce sol perturbé fut plutôt celui du cimetière de guerre des Alliées. Ainsi jaillirent par milliers des coquelicots rouge feu à travers les croix blanches, sûrement un effet magique. Aujourd’hui le cimetière est plus vert que rouge, dominé par une pelouse de graminées trop méticuleusement entretenue pour que les coquelicots puissent encore y pousser.

20161111C.jpgC’est l’Américaine Moina Michael qui eut l’idée d’utiliser le coquelicot comme symbole de souvenir pour les anciens combattants, idée qui fut adoptée en 1920 aux États-Unis et puis par des groupes de vétérans dans les pays du Commonwealth.

20161111dCurieusement, en France, c’est le bleuet qui est la fleur des anciens combattants, les victimes de guerre, les veuves et les orphelins et qui est porté à la boutonnière le 11 novembre. Non pas le bleuet des Canadiens, soit le petit fruit comestible Vaccinium, mais une fleur, le bleuet annuel ou centaurée bleuet (Centaurea cyanus).

Il est quand même curieux de constater que le coquelicot fleurit normalement à la fin du printemps et au début de l’été. En produire pour le jour du Souvenir serait très difficile. Ainsi, on utilise toujours des coquelicots artificiels pour symboliser le jour du Souvenir.

Comment cultiver le coquelicot

Le coquelicot sauvage n’est plus très courant en Europe. Les méthodes modernes d’agriculture, et notamment l’utilisation d’herbicides, font que cette ancienne fleur des champs agricoles est presque disparue dans beaucoup de pays. Mais on peut facilement le cultiver comme fleur annuelle dans nos jardins.

20161111E.jpg

Coquelicot ‘Shirley Poppy Double’

Le coquelicot cultivé (P. rhoeas, parfois vendu sous le nom P. commutatum) vient en rouge, soit la couleur de la forme sauvage, mais aussi maintenant en rose, saumon, blanc, crème, bicolore et même gris souris, à fleurs simples, semi-doubles ou doubles. La hauteur varie selon la lignée, de 25 cm à 75 cm. Le feuillage est vert gris, velu et fortement découpé, comme une fronde de fougère. Les fleurs aux pétales d’allure chiffonnée sont portées sur une mince tige dressée poilue et mesurent entre 5 et 7,5 cm de diamètre.

Il s’agit d’une annuelle à croissance très rapide, souvent trouvée dans les mélanges de fleurs sauvages à cause de sa facilité de culture et sa capacité à fleurir en seulement quelques semaines. On ne trouve toutefois presque jamais des plants de coquelicot en pépinière, car ils tolèrent mal le repiquage. Ceux qui veulent cultiver le coquelicot doivent donc le semer en pleine terre. Les semences sont facilement disponibles dans les catalogues de semences (cherchez «Shirley poppy» dans les catalogues de langue anglaise).

20161111H.jpg

Coquelicot ‘Ladybug’: une sélection à fleurs d’un rouge plus vif et aux taches noires plus distinctes qui ressemblerait à une coccinelle (le sense de ‘Ladybird’).

On peut semer les graines à la fin de l’automne ou tôt au printemps dans un emplacement ensoleillé au sol bien drainé. Retournez le sol en surface (on se rappelle que le coquelicot est une plante des sols perturbés!) et semez les graines fines sans les recouvrir. Il suffit de les presser dans le sol tout simplement, puis d’arroser.

Habituellement, aucun entretien n’est nécessaire, la plante tolérant facilement même la sècheresse. Pour prolonger la floraison toutefois, vous devriez supprimer les fleurs fanées… ou laissez tout simplement la plante monter en graines, car ses capsules ne sont pas sans charme.

La plante se ressème allégrement dans les sols sarclés, mais disparaît complètement des sols paillés, ainsi on peut facilement la contrôler.

Pas la même chose que le pavot somnifère

20161111f

Pavot somnifère (Papaver somniferum)

Beaucoup de jardiniers confondent le coquelicot avec le pavot somnifère ou pavot à opium (Papaver somniferum), un autre pavot annuel, mais ce dernier donne une plante beaucoup plus grosse avec des fleurs deux fois plus larges et surtout au feuillage moins découpé (denté plutôt que profondément incisé) bleu craie, à mille lieux du fin feuillage presque fougèresque du coquelicot.


Le coquelicot: de mauvaise herbe agricole détestée à symbole des vétérans à fleur annuelle de nos jardins, notre petite fleur a fait beaucoup de chemin. À vous maintenir de l’apprivoiser.flanders_field

Étiquettes + Papaver rhoeas, Papaver Shirley, Coquelicot du jour du Souvenir, Jour du Souvenir coquelicot


commentaire sur "Comment le coquelicot est devenu l’emblème du jour du Souvenir"

  1. Fabienne dit :

    Toujours aussi intéressant, merci!

Inscrivez-vous au blogue du Jardinier paresseux et recevez ses articles dans votre boîte de courriel à tous les matins!