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Le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage

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Couper le feuillage de vos vivaces à l’automne: est-ce vraiment nécessaire?

C’est la saison où bien des jardiniers veulent faire «le ménage» de leurs plantes. Si oui, il y a un détail très important à retenir, mais un qui est souvent oublié: c’est que le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage.

Feuilles riches en minéraux

En effet, les feuilles d’une plante contiennent tous les minéraux nécessaires à sa croissance, et dans les bonnes proportions aussi. Quand vous coupez ou ramassez les feuilles dépérissantes ou mortes d’une plante en fin de saison pour les mettre au compost ou, pire encore, les jeter à la poubelle (quel gaspillage!), vous êtes en train d’appauvrir le sol dans lequel elle pousse.

Différentes plantes ont des stratégies différentes pour conserver la richesse contenue dans leurs feuilles pour la prochaine saison.

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Les feuilles des hostas sont très visibles  à l’automne, mais se décomposent au cours de l’hiver, ne laissant rien à ramasser.

La plupart des vivaces conservent leurs feuilles près d’elles. Elles s’affaissent au sol à la fin de l’automne, toujours attachées à la couronne de la plante par leur pétiole, et se décomposent au cours de l’hiver et du début du printemps. Ainsi, quand la plante se réveille au printemps, on voit encore quelles restes des vieilles feuilles bien étendues sur le sol tout autour des nouvelles pousses, déjà en train de nourrir les racines de la plante mère. Dans le cas des vivaces à feuillage persistant, les feuilles les plus anciennes se décomposent aussi, mais généralement cachées de la vue sous les feuilles qui persistent l’hiver.

Les arbres et arbustes à feuilles caduques laissent plutôt tomber leurs feuilles pour créer une couche de feuilles mortes qui recouvre toute la zone de leurs racines: un paillis naturel, quoi! Ces feuilles se décomposent lentement tout au long de l’été, nourrissant les racines.

Les conifères conservent généralement leurs aiguilles de 2 à 5 ans (seulement une saison pour les mélèzes, mais jusqu’à 40 ans pour le pin aristé!), mais les laisse aussi choir dans la zone de leurs racines. La décomposition des aiguilles est plus lente et peut prendre plusieurs années, mais libère néanmoins les minéraux qu’elles contiennent aux racines de leur maman.

Nous nuisons à nos plantes en pensant bien faire

Quand vous coupez vos vivaces au sol et transportez leurs feuilles au compost, ou que vous ramassez les feuilles d’arbre pour les placer sur le bord de la rue afin que la municipalité les ramasse, vous nuisez à la croissance future de vos plantations, car vous appauvrissez le sol. Pour compenser, vous devez acheter et appliquer des engrais. Malheureusement, trop souvent les engrais se dissolvent plus rapidement que les plantes ne peuvent les utiliser et une bonne partie des minéraux qu’ils contiennent finit alors dans les cours d’eau et dans la nappe phréatique. Et il faut en rajouter encore et encore pour que les plantes aient leur part des minéraux.

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Laissez les feuilles se décomposer sur place: c’est économique, écologique et logique.

Pourquoi ne pas laisser dame Nature s’en occuper à la place? Laissez les feuilles se décomposer là où elles tombent coûte moins cher, demande moins d’efforts et ne pollue pas! Et comme le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage, tout est programmé pour que la décomposition se poursuive exactement au rythme dont la plante a besoin pour bien croître.

C’est la même chose pour le gazon: quand vous le tondez, laissez les rognures sur place où elles vont se décomposer et enrichir le sol (le meilleur engrais pour les graminées de gazon est aussi leur propre feuillage!). Il y a même un terme pour cela: le feuillicyclage, soit le recyclage des feuilles sur place.

Faites confiance à dame Nature

Beaucoup de jardiniers ont peur de laisser dame Nature faire ce travail. Ils s’imaginent que les déchets végétaux vont rester sur place, voire s’accumuler, et ainsi nuire à l’apparence de leur terrain, qu’il faudra quand même faire le ménage au printemps quand les feuilles sont détrempées et moins agréables à ramasser. Mais faites-en l’expérience et vous verrez: la plupart des feuilles sont déjà à ¾ décomposées au printemps (et disparaîtront entièrement au cours de l’été) et celles qui restent font acte de paillis, et on sait à quel point un bon paillis est intéressant pour une platebande ou un jardin. D’accord, il peut avoir quelques brindilles encore debout à faucher au printemps (vous pouvez les déposer au sol, tout simplement, pour qu’elles se décomposent sur place) ou quelques feuilles mal placées (poussez-les aux bons endroits avec un rateau), mais c’est beaucoup moins de travail que de tout couper et ensacher à l’automne!

Je répète: le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage. Quand vous aurez compris cela, et comment profiter de ce bénéfice, vous serez devenu un jardinier plus efficace… et plus écologique!20160914

Étiquettes + Feuillicyclage, Ménage


commentaire sur "Le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage"

  1. Lamia Amor dit :

    J’apprends beaucoup de choses grâce à vous, merci beaucoup !

  2. Geneviève dit :

    Merci pour ces précieuses informations, c’est toujours un plaisir de vous lire!

  3. Andrée-Anne GRatton dit :

    Cette photo en automne est magnifique!

  4. Monique Bourbeau dit :

    Juste que j’avais deja lu aussi que l’on conseillait parfois de le s enlever por eviter propagation de maladies ou moisissures. Un commentaire ´a ce sujet ?

    • Les moississures, c’est la décomposition naturelle: elles sont normales et nécessaires.

      La question des maladies est très complexe, mais puisqu’on parle ici de plantes permanentes (vivaces, arbustes, arbres, etc) et non pas d’annuelles ou de légumes où on pourrait TOUT enlever, en général si la maladie peut hiverner dans les feuilles, elle peut alors aussi le faire dans toute partie de la plante qui reste sur place (couronne, racines, rhizomes, écorces, etc. et d’ailleurs aussi dans le sol. Donc, la plante aura la maladie quand même. Mon point de vue de jardinir paresseux est que si une plante est malade à tous les ans, je vais l’enlever, tout simplement. C’est une plante mal adaptée à mes conditions et ça, je n’en veux pas.

  5. Geny dit :

    J’ai un carré de jardin de 4″ par 12″ où j’ai semer 120 plant de maïs, donc une énorme quantité de feuillage. Serait-il mieux que je réduise la quantité de feuillage que je laisserai décomposé à cette endroit?

  6. Yves Blasquez dit :

    Bonjour

    Je le pressentais déjà (et c’était la raison pour laquelle je ne ramasse jamais l’herbe quand je passe la tondeuse) mais cet article donne, en plus des raisons ‘sensées’, un avis un peu plus scientifique.
    Il me semble que dans le cas des feuilles laissées au pied des végétaux, il serait plus juste de parler de fertilisant que d’engrais.

    Bonne soirée à vous (Ici, en France, on va vers les 20h45 🙂 )
    Yves

    • Oui, vous avez raison… mais dans ma tête, le distinction entre fertilisant et engrais est un peu flou! L’important est qu’on se comprend!

      • Yves Blasquez dit :

        Oui, absolument !
        Après vérification chez Wiki : “L’action consistant à apporter un engrais s’appelle la fertilisation. Les engrais font partie, avec les amendements, des produits fertilisants.”
        Voilà qui met tout le monde d’accord 🙂

  7. Jacqueline Therrien dit :

    Merci pour ces précieuses informations ! Par contre je me demande si cela fonctionne aussi pour ceux qui font de la culture sur des ballots de paille. Si oui, de quelle façon devrait-on procéder ? En enfouissant les feuilles dans le ballot de paille ou en laissant les feuilles se décomposer sur le ballot ? J’apprécierais grandement votre opinion ! Merci à l’avance !

  8. Danielle Bibeau dit :

    Article très apprécié! Moins de travail à l’automne, moins d’argent dépensé en sacs et engrais etc…,,,et de plus belles vivaces au printemps!

  9. sylvain dit :

    merci pour toutes ces information

  10. Hélène Trudel dit :

    Vos informations vous nous les partager avec simplicité, merci de votre générosité!

  11. Alexandre Turcotte dit :

    J’adore tout ce que vous publiez, mais ici, il y aurait une toute petite, légère nuance à apporter; quand vous dites que “le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage” ça fait absolument beaucoup de sens, d’un point de vue écologique et biologique, mais j’éviterais la formule mur à mur, ne serait-ce que pour l’exemple que je m’apprête à vous donner.
    En érablière, on a constaté que la tendance à la monoculture (juste garder les érables) nuit à la productivité des tiges en partie à cause des feuilles. En érablière “pure”, les feuilles tendent à s’accumuler (elles sont plus longues à décomposer que les trembles, bouleaux et autres) et se décomposer en milieu anaérobique, ce qui acidifie les sols. Et lors que les sols s’acidifient, la métabolisation du calcium est plus difficile, ce qui est crucial dans l’exploitation des érables. Certaines vieilles érablières de la Beauce (sur)exploitées doivent maintenant chauler pour contrer le dépérissement des érablières, alors qu’ils auraient pu garder une saine proportion d’essences compagnes (bouleaux, peupliers, et surtout tilleul, qui est l’allié par excellence de l’érable) afin de permettre à la litière de se décomposer à un rythme plus convenable.
    Bon, en écrivant le commentaire, je réalise que ce n’est pas tant LA feuille d’érable qui est nuisible à l’érable lui-même, mais la concentration indue de celles-ci. En contexte de jardinage, il est vrai que cette nuance n’affecte à peu près personne, à moins que quelqu’un penserait à pailler de jeunes érables avec des quantités abusives de feuilles d’érables matures avoisinants…
    Quoi qu’il en soit, continuez votre bon travail, j’avais simplement ce petit accroc dans ma tête en lisant votre formule “le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage” et je trouvais peut-être pertinent de partager cette anecdote pour le bénéfice de vos lecteurs.

    • J’accepte très bien votre critique. Des fois je dois généraliser (nécessairement) pour que le texte ne soit pas trop lourd et complexe. Et les généralisations sont toujours fausses (si vous relisez cette phrase, vous comprendrez un peu l’absurdité de la chose). Je pense que nous serons d’accord pour dire que la phrase est appropriée dans 99% des cas… ce qui suffit probablement pour ce blogue. Quand je “tombe” sur des exceptions qui devraient influencer un jardinier moyen, j’essaie d’en parler.

  12. […] À l’automne, je laisse les feuilles des plantes de jardin se décomposer sur place. Après tout, n’est-ce pas que le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage? […]

  13. Rachel Fortin dit :

    Bonsoir M. Jardinier Paresseux. Je suis de Québec. Depuis plusieurs années je nettoie l’automne et je mets de l’engrais le printemps suivant. Si je comprends bien, je pourrais déchiqueter les feuilles de chaque plante à l’automne et laisser le tout sur place. Cela m’éviterait de me procurer des tonnes d’engrais le printemps suivant? (ce qui me coute une fortune)

    • Surtout pour les plantes ornementales. Pour les légumes et les fruitiers, on “retire” des minéraux quand on fait la récolte, donc il faut quand même remettre des minéraux, avec du compost ou une légère fertilisation.

  14. […] aussi, rappelez-vous un détail qu’on ne souligne jamais assez : le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage. Ses feuilles contiennent exactement les minéraux qu’il lui faut pour bien pousser et fleurir. […]

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