Pour des choux sans chenilles
La piéride du chou: joli papillon, mais sa chenille peut être dévastatrice!
Pour des choux sans vers
Il y a un superbe papillon blanc avec des marques noires, la piéride du chou (Pieris rapae est l’espèce la plus souvent rencontrée en Amérique du Nord, mais P. brassicae, très semblable, est courante en Europe) qui commencera bientôt à visiter nos jardins si ce n’est pas déjà le cas. C’est même l’un des papillons les plus souvent vus dans les jardins et si vous ne cultivez que des fleurs, vous serez sûrement content de le voir voleter çà et là dans vos platebandes à siroter le nectar de ses fleurs. Mais vous serez moins content si vous cultivez un potager.
Voyez-vous, ce beau papillon est aussi un prédateur vorace des plantes de la famille des brassicacées, soit les crucifères, dont de nombreux plantes comestibles : choux, chou-fleurs, brocolis, chou-raves, raiforts, radis, rutabagas, etc. Ce n’est pas le papillon lui-même cause les dommages (il se nourrit exclusivement du nectar des fleurs et d’ailleurs visitera des fleurs de toute sorte, pas seulement celles des crucifères), mais ses larves, de petites chenilles vertes, sont très voraces et peuvent facilement décimer même un très gros chou. Les chenilles commencent par trouer seulement les feuilles extérieurs des plantes, mais plus tard percent jusqu’au cœur des choux, les rendant inconsommables.
Dans un jardin près de chez vous
La piéride P. rapae est originaire de l’Eurasie et de l’Afrique, mais est désormais bien établie partout où on cultive des légumes. À défaut de choux et autres crucifères cultivés, elle se contentera de crucifères sauvages (moutardes, cardamines, etc.). Au Québec, la plupart des chrysalides hivernantes sont tuées par le froid, donc la première génération est peu nombreuse, mais bientôt des renforts arrivent du Sud pour les appuyer, car le papillon est migrateur. Il y a 2 ou 3 générations de piéride par été au Québec, 4 ou même 5 en France, où la saison est plus longue. Donc, juste quand vous pensez avoir gagné la bataille, souvent elle recommence !
La femelle de la piéride pond ses œufs un par un sous les feuilles des crucifères, généralement plus d’un par plant. Ainsi on trouve souvent 5 à 8 chenilles sur la même plante, mais parfois beaucoup plus. (P. brassicae diffère de P. rapae en pondant ses oeufs en groupes de 8 et plus.)
Comment prévenir les infestations?
Voici différents moyens et techniques pour prévenir les dégâts de la piéride du chou
Disons-le tout de suite, la meilleure protection contre les infestations de piéride est la couverture flottante. Ce produit, qu’on peut acheter en diverses longueurs et largeurs, est une étoffe mince translucide de couleur blanche qui laisse pénétrer le soleil, l’air, la pluie et l’eau d’arrosage, mais pas les insectes. Placez-la lâchement sur les semis ou les plants en début de saison, utilisant des piquets, des roches, des planches ou des briques pour la tenir en place. Elle est dite «flottante» puisqu’elle est très légère et lève donc avec les plantes à mesure qu’elles croissent. Malgré cela, beaucoup de jardiniers aiment utiliser des structures ou des piquets quelconque pour tenir la couverture au-dessus des plantes.
Il est important, par contre, de combiner son utilisation avec une rotation de cultures. Si vous plantez vos crucifères là où vous avez planté des crucifères l’année précédente et les recouvrez d’une couverture flottante, les chrysalides qui ont passé l’hiver au sol au pied des plantes de l’année suivante resteront prisonnières sous la couverture et pourront alors pondre sans peine sur les plantes malgré la couverture.
Notez que la couverture flottante protège aussi contre d’autres ennemis des crucifères, comme la mouche du chou, les pucerons et les altises. C’est un peu un traitement universel.
En début de saison, la couverture flottante est doublement appréciée en ce qu’elle aide à conserver plus de chaleur nocturne, stimulant les plantes à croître plus rapidement.
Choux de couleur
Le papillon de la piéride préfère nettement pondre ses œufs sur les crucifères à feuillage vert. Si vous cultivez des choux rouges, des kales pourpres ou d’autres crucifères de couleur, non seulement aura-t-il tendance à les éviter, mais même s’il y pond des œufs, vous verrez facilement les chenilles vertes sur un feuillage si contrastant et pourriez prendre alors d’autres mesures (pesticides, récolte manuelle, etc.)
Le Btk
Vaporisez du Btk (Bacillus thuringiensis kuristaki), une bactérie biologique inoffensive pour les humains, les animaux et même tout insecte sauf les papillons, sur les plants aux semaines ou aux deux semaines dès que vous voyez des œufs ou des chenilles. Peu après que les chenilles avalent des spores de cette bactérie, elles arrêtent de manger. Elles meurent seulement quelques journées plus tard.
Autres insecticides
On peut appliquer d’autres insecticides biologiques pour contrôler les piérides. Parmi les produits efficaces et peu toxiques, il y a le savon insecticide, l’huile de neem et la terre de diatomées. Le pyrèthre et la roténone sont efficaces aussi, mais doivent être utilisés avec beaucoup de précaution, puisqu’ils sont toxiques à une vaste gamme d’animaux, dont les humains. Appliquez ces produits aux deux semaines ou après chaque pluie.
Récolte manuelle
Bien sûr, on peut récolter et détruire les larves manuellement (oui, il est permis d’utiliser des gants!), les écrasant ou les laissant tomber dans un pot d’eau savonneuse. Idéalement il faudrait le faire quand elles sont encore petites, car alors les dommages seront mineurs et sans réelle conséquence sur la récolte. Mieux encore, regardez sous les feuilles et supprimer les œufs avant même que les larves n’éclosent.
Compagnonnage
On voit souvent la recommandation de planter des plantes compagnes près des crucifères pour éloigner la piéride. Parmi les plantes fréquemment recommandées, il y a l’ail, le céleri, la cataire (népéta), le marijuana, l’hysope, la menthe, l’oignon, le romarin, la sauge, la tanaisie et le thym. Malheureusement, aucune de ces plantes ne s’est montrée le moindrement efficace dans les études scientifiques (essais avec des groupes témoins).
La seule exception trouvée à date? La tomate! Planter les tomates à travers les crucifères (culture intercalaire) peut effectivement réduire le taux d’infestation, surtout si les tomates sont plantées en premier et les choux, quelques semaines plus tard. Par contre, il faut supprimer les fleurs de la tomate, car la situation s’inverse quand la tomate se met à fleurir. Attirés par les fleurs jaunes de la tomate, le papillon vient dans le secteur et se met alors à pondre sur les crucifères trouvés juste à côté. Pour ne peut nuire à la croissance des choux, préférez les tomates déterminées, plus basses, car elles créent moins d’ombre.
Répulsifs végétaux
Les purins et extraits de plantes vaporisés sur les crucifères peuvent, par leur odeur, confondre le papillon et réduire ainsi la ponte. Le plus efficace serait l’extrait de tanaisie (Tanacetum vulgare). On le prépare en broyant en mélangeur 50 g de feuilles de tanaisie dans un litre d’eau. Filtrez bien avec un coton à fromage. Maintenant, vaporisez cet extrait sur les crucifères. Répétez hebdomadairement. L’extrait ne se conserve pas, toutefois: il faut l’utiliser frais.
Les extraits et purins de feuilles de tomate, d’épinard, de menthe poivrée et d’oignon seraient aussi très à relativement efficaces. On peut fabriquer un purin de feuilles de tomate en laissant macérer des feuilles et des pousses de tomates dans de l’eau tiède ou chaude pendant 2 à 5 heures.
Curieusement, les extraits de crucifère aussi fonctionnent à un certain degré. Mais comment alors expliquer le fait que l’odeur de crucifère repousse un insecte qui ne vit que sur des crucifères? La théorie veut que l’extrait dégage non pas une odeur de crucifère sain, mais de crucifère endommagé, que le papillon interprète comme signe que la plante est déjà infestée de larves et il s’en va alors chercher des plantes hôtes ailleurs où la compétition est moindre.
Ajoutez toujours à ces purins et extraits une ou deux gouttes de savon insecticide ou d’autres savons naturels pour les faire adhérer au feuillage. Évitez les savons et les détersifs à vaisselle parfumés, car leur odeur peut diminuer l’effet du traitement.
Prédateurs de la piéride
Dame Nature fournit toute une gamme de prédateurs de la piéride : guêpes parasites, oiseaux, araignées, crapauds, couleuvres, etc., mais en général, ils arrivent soit trop tard ou ne sont pas assez efficaces pour un contrôle très intéressant. Ils ne font, dans le fond, que faire baisser la population. Même en achetant et la relâchant des prédateurs dans les cultures de crucifères (on peut se procurer des coccinelles, des guêpes prédatrices ou des chrysopes, par exemple), il n’y a aucune garantie que les prédateurs vont rester dans le secteur.
Les canards et les poules raffolent des chenilles de la piéride et peuvent réellement aider à les contrôler, mais les poules, surtout, ont tendance à briser les plantes, donc une certaine surveillance sera nécessaire.
Monocultures
Contrairement à la plupart des végétaux, où les monocultures ont tendance à attirer les insectes nocifs, planter les choux en groupe aiderait à réduire les infestations de piéride du chou. Le papillon aime bien espacer ses œufs pour donner à chaque larve un maximum de nourriture possible. Quand le crucifère est isolé de tout autre, le papillon pond souvent plusieurs œufs sur la plante, parfois jusqu’ à 30, et donc plusieurs chenilles s’attaquent au feuillage. Dans une monoculture de choux, par contre, il tend à pondre seulement un œuf par 2 ou 3 plantes, ce qui réduit les dégâts.
Et voilà! Plein de trucs pour prévenir les ravages de la piéride du chou. Bonne chance avec vos plantations!
J’aimerais savoir si je peux faire des boutures de racine avec la fleur BACOPA ? Merci
Des boutures de tige plutôt.
Bonjour,
Mes choux chinois ont été victimes des altises…Les feuilles sont trouées, Je voulais simplement savoir si nous pouvons les manger quand même malgré les dégâts ?
Merci !
Bien sûr. Des trous dans les feuilles n’empêchent pas la feuille de demeurer comestible.
[…] et 60 jours tard. Un semis en pleine terre a l’avantage de le mettre davantage à l’abri de la piéride du chou (le célèbre papillon blanc dont la chenille s’attaque aux feuilles des choux) et de la mouche […]
Les feuilles de mes choux frisés sont remplies de petits trous, mais j’en ai trouvés aussi dans les feuilles de mes plants de tomates et de ma clématite. Est-ce possible que ce soit l’oeuvre du même insecte? Je n’ai pas vu de chenille ni d’autre insecte sur ou sous les feuilles. Par contre, les plants en pot sur mon balcon ne sont pas touchés.
Par ailleurs, deux de mes plants de tomates et un plant de haricots ont été fauchés au ras du sol. Je dirais même que le plant de haricots a été grugé un peu sous la terre. Qu’est-ce qui peut en être la cause?
Au plaisir de lire votre réponse.
Il est peu probable que le même insecte se soit attaqué à des plantes aussi différentes. Habituellement, le coupable sur les choux est le vers du choux (petit au début et caché à l’envers des feuilles: traitement: Bti). Divers autres créatures (attises, limaces, etc.) peuvent être les coupables sur les tomates et les clématites.
Les semis fauchés sont souvent l’oeuvre du vers gris (https://jardinierparesseux.com/2015/05/22/le-coupable-des-plants-fauches/)
Merci. J’ai lu votre article sur le ver gris avec un très grand intérêt. Ça expliquerait pourquoi le deuxième plants de tomates, que j’ai planté au même endroit que le premier qui avait été fauché, est tombé lui-même le lendemain. Mon troisième plant, planté lui aussi au même endroit, tient le coup depuis deux jours.
J’ai trouvé une limace lovée dans un haricot, à demi grugé, que j’avais planté directement en terre. Est-ce que le truc de la collerette que vous suggérez dans votre article sur le ver gris serait efficace pour prévenir les attaques des limaces sur les semis? Dans un article sur Internet on suggère de fabriquer des collerettes « avec des conteneurs en plastique à bords retombants dont vous aurez découpé le fond ». J’ai du mal à comprendre comment un contenant à bords retombants pourrait empêcher les limaces de se rendre jusqu’au plant. Par ailleurs, j’ai aussi trouvé une limace sur un feuille de chou frisé, Ce n’est donc peut-être pas le ver du chou qui est responsable de la destruction de mes choux. Bonne journée.
Vous avez raison: une collerette à bords coupants n’arrêtera une limace, dont le comportement est très différent d’un vers gris. Leur couverture de bave les permet de traverser sans peine les surfaces rugueuses et coupantes. Il serait peut-être sage d’essayer des appâts anti-limace pour quelques temps, question d’au moins baisser la population.
J’ai testé le fil de cuivre avec une limace. Celle-ci passait allègrement par-dessus. Faut croire que les limaces de mon jardin ont la couenne particulièrement dure! J’ai lu sur Internet que les limaces adoraient la semoule de maïs, mais que cela les tuait. Je suppose que je ne ferais qu’attirer toutes les limaces du coin chez moi, un peu comme avec la bière.
La semoule de maïs ne tue pas les limaces: c’est une autre de ces légendes urbaines.
Merci pour vos conseils. Je vais poser mon pot de chou Daubenton près du grillage pour que les poules mangent les chenilles 🙂 (ps: la marijuana n’est pas un répulsif ?!? zut alors ! qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter aux gendarmes ?? ^^ )
J’ai récolté beaucoup de pierite du choux et je me demande si je vais avoir des choux. Quel signe nous démontre que j’ai perdu ma récolte ?
Si la pomme est percée et grugée, il y a peu à faire. Mais tant que les chenilles se tiennent seulement dans les feuilles d’extérieur, il y a de l’espoir.
Le Btk n’est pas ” inoffensive pour les humains, les animaux et même tout insecte “, surtout aux quantités dont on nous arrose soi-disnt pour lutter contre la tordeuse des bourgeons ! Cessez de répandre des mensonges qui font les beaux jours de la pharmacocratie.
Je parle de traiter des choux, pas des forêts. Tout insecticide, biologique ou non, sera nuisible à quelque chose. C’est dans l’application censée qu’on réussit un équilibre acceptable. Le BTK est moins “toxique” que le sel de table: il ne faut pas voir cette bactérie comme une ennemie.
Est-ce que de courir après avec un filet et les écraser peut aider? Ou on essaie de seulement tuer les larves et non les papillons?