Le pour et le contre du marc de café
La croyance populaire suggère que le marc de café est le nec le plus ultra du jardin, qu’il chasse les indésirables, qu’il prévient les infestations fongiques, qu’il stimule la croissance des végétaux et qu’il enrichit le sol. Wow! Sauf quand on analyse les résultats, on découvre qu’il n’est pas tellement supérieur aux autres produits décomposables.
Voici ce qu’on dit… et la situation réelle.
Plusieurs jardiniers prétendent que le marc de café éloigne les insectes nuisibles et autres prédateurs, dont les altises, les criocères du lis, les pucerons, les limaces et même les chats, mais cette idée serait une pure légende urbaine. Chaque fois qu’on fait une étude sérieuse sur la question, le résultat est toujours négatif. Les limaces traverseront sans le moindre gêne une «barrière» de marc de café, par exemple.
Je me souviendrai toujours de la dame qui insistait qu’elle avait très bien contrôlé les criocères du lis (ce coléoptère rouge orange qui s’attaque aux lis) en appliquant du marc de café au pied de ses lis (Lilium spp.). Après, a-t-elle rajouté, il suffisait de faire tomber quotidiennement les rares criocères qui leur parvenaient dans de l’eau savonneuse. Mes excuses, madame, s’il faut récolter un insecte manuellement après un traitement, c’est que le traitement n’était pas efficace. Après tout, une récolte manuelle quotidien fera baisser à elle toute seule la population de n’importe quelle bestiole!
Le marc de café a un effet bénéfique sur les maladies du sol. Pendant la décomposition du marc, il semble réprimer plusieurs champignons nuisibles, dont ceux causant la pourriture (Pythium) et des maladies vasculaires (Fusarium et Sclerotinia). Tristement, ces résultats ont seulement été obtenus en laboratoire. Jusqu’ici les résultats en plein champ ont été jugés «peu concluants». Donc, on peut présumer qu’il y ait un petit bénéfice, mais pas sous toutes les circonstances. De plus, le marc de café réprime aussi certains champignons bénéfiques nécessaires au compostage.
Le marc de café est riche en azote, un minéral dont les plantes ont besoin pour bien croître, donc il est utile de l’ajouter au compost… mais beaucoup d’autres déchets végétaux aussi sont riches en azote. Donc, le marc est un bon ingrédient à ajouter au compost, mais pas nécessairement meilleur que d’autres. Notez d’ailleurs que, dans le compost, le marc de café, malgré sa couleur brun foncé, est considérée une matière verte plutôt que brune.
Côté pH, la croyance populaire veut que le marc de café soit très acide et qu’il faille restreindre son utilisation aux plantes acidophiles (qui aiment un sol acide)… mais les études légitimes arrivent une à conclusion différente. D’accord, pendant la période de décomposition, c’est vrai que son pH devient assez acide pour être nuisible… s’il restait comme ça, mais le pH remonte à des niveaux plus acceptables, et même parfois un peu alcalins, à la fin du processus. (D’ailleurs, la plupart des matières organiques passe par une phase «acidifiante» pendant leur décomposition pour redevenir plutôt neutres à la fin). Pour la plupart des sols, donc, son effet sur le pH sera essentiellement nul, mais il pourrait éventuellement aider à rendre un sol très acide un peu plus alcalin.
Le marc de café a aussi un effet d’inhibiteur de croissance quand on l’applique directement au sol et il semble alors nuire à la croissance de certaines plantes, notamment les tomates, les moutardes, les trèfles et les pélargoniums. Il est même question que des dérivés du marc de café puissent servir un jour d’herbicide! Par contre, il stimule la croissance certaines autres plantes, notamment les choux et le soja. Il reste que ces études sont préliminaires: il faudrait en faire beaucoup d’autres avant de pouvoir publier des listes de plantes sur lesquelles on a prouvé que le marc a un effet négatif ou positif. On évite cette polémique en ajoutant le marc au tas de compost, car alors il sera décomposé avant d’arriver aux plantes et les éléments nuisibles/utiles dans sa chimie seront sinon complètement éliminés, du moins, fortement diminués et dilués.
En conclusion
Les experts suggèrent surtout de utiliser le marc en modération si on l’applique directement dans le jardin comme paillis au pied des plantes. D’autant plus qu’il a tendance à croûter et ainsi empêcher la libre circulation de l’air et de l’eau. Idéalement donc on le mélangera avec d’autres paillis (compost forestier, feuilles déchiquetés, etc.) dans une proportion d’un maximum de 20% du paillis.
On peut aussi, bien sûr, l’utiliser dans la préparation du compost domestique où il constitue, tel que mentionné, une matière verte. Malgré tout, à cause de ses effets inhibiteurs sur les champignons bénéfiques nécessaires à la décomposition, il ne doit pas dépasser 20% des matières ajoutées.
Le marc de café, en somme, est comme bien des produits: il a de bons côtés et de moins bons côtés, mais n’est certainement pas un produit miracle.
Merci M. Hodgson de ce billet, de mon coté je croyais que l’apport de marc de café contre les limaces agissait comme répulsif de par ses odeurs et coté amer de la chose (non pas comme barrière) soit le contraire de la bière qui elle est attractive. il est bon de sortir des légendes en s’appuyant sur la science et les gens qui la proposent.
[…] indifférents au marc de café alors qu’il attire carrément d’autres au jardin. La place du marc de café est dans le composteur, tout […]
Merci à vous pour ces informations utiles.
Cette année j’avais ajouté du marc de café le long d’un rang de carotte/radis, pour prévenir la mouche de la carotte. Mais j’avais aussi ajouté un petit peu de compost assez jeune avant de semer. Une fois les radis sortis, des vilains pucerons se sont mis à la tâche.. J’en ai déduis que compost + marc de café = trop d’azote = pucerons! Est-ce que mon équation pourrait être juste? Aussi, est-ce que le compost jeune contiendrait plus d’azote?
Merci à l’avance!
Oui, trop d’azote résulte souvent en une infestation de pucerons… mais pas toujours!
D’accord, merci! C’est jamais noir et blanc au jardin, c’est peut-être bien ce qui fait la beauté de la chose 🙂
[…] Attention toutefois: malgré les nombreuses prétentions du contraire, le marc de café n’est pas un produit miraculeux, mais tout simplement un produit décomposable comme il y en a tant d’autres. Lisez plus sur le sujet ici: Le pour et le contre du marc de café. […]
[…] nuisibles, mais en fait, des études plus sérieuses que les qu’en dit-on démontrent qu’il n’en est rien… et pour cause. Car il ne reste plus assez de caféine dans le marc de café pour éloigner les […]
[…] la poudre de perlimpinpin. C’est tout simplement un déchet compostable comme toute autre. Lisez Le pour et le contre du marc de café pour en savoir […]
Je vais continuer à l’utiliser comme répulsif des chats pas près des plantes. Ça aide vraiment beaucoup, pas de toilette à chat dans mes plats bandes.
Si vous trouvez que ça fonctionne, continuez. Personnellement, je me fis aux expériences scientifiques qui n’ont trouvé aucun effet valable.
Bonjour,
J’envisageais d’utiliser le marc de café au pied de mes myrtilliers, pensez vous que cela est adéquat ?
Cordialement
Totalement inutile.
Bonjour, cette année j’ai planté 3 plants, un patriot et deux northblue. J’ai mis un contenant (marc de café) de margarine le gros format environs 1 litre dans une chaudière de 2 gallons et demi d’eau de pluie. Le lendemain j’ai appliqué le contenu sur le pourtour du plant, cette recette à chaque plants, deux gallons et demi chaque plant. J’ai laissé un plant témoins après un mois les deux plants qui ont eu le marc de café dilué avait de jeunes tiges de 3 à 4 pouces. Le plant témoins rien, je lui appliqué la même recette et les tiges ont sortie. Est-ce l’azote, est-ce l’acidité. Quand ça pousse je suis content.
Bonjour et merci pour votre billet fort intéressant, découvert sur ma requête “paillis marc de café”. En fait, je cherche plutôt à trouver la moins pire des solutions pour me débarrasser du marc de café. Le mieux serait sans doute de ne plus en consommer… mais dur dur…. Je ne veux pas non plus le mettre à la poubelle. Et donc, je me demandais si ce ne serait pas une bonne idée que de le répartir au fur et à mesure sur les allées du jardin (que j’essaie de maintenir couvertes, avec brf,…)
Pas de problème dans une allée, bien sûr!
Merci pour ces informations, je mets le marc de café au premier pouce quand je sème mes carottes et par dessus pour éloigner la mouche de la carotte….ce qui semble fonctionner en tant que répulsif, mais je le mets aussi sur le dessus au jardin pour du compost de surface….comme je viens de lire que c’est très acide…je vais le mettre au pied des cèdres qui eux aiment l’acidité
Vous avez mal lu; il n’acidifie pas le sol. Et ne chasse pas les insectes. Mais c’est un compost de surface intéressant.
[…] https://jardinierparesseux.com/2016/02/11/le-pour-et-le-contre-du-marc-de-cafe/ […]
[…] au marc de café alors qu’il en attire carrément d’autres au jardin. La place du marc de café est dans le composteur, tout […]
[…] Pour en savoir davantage sur le marc de café et ses utilités dans le jardin, lisez Le pour et le contre du marc de café. […]
[…] Le pour et le contre du marc de café – Jardinier paresseux […]
[…] Le pour et le contre du marc de café – Jardinier paresseux […]
Je trouve super instrctifs tous vos commentaires et géniales les réponses brèves et sans équivoque de Mr J.P. Perso j’ai du mal à tout jeter à la poubelle et je suis un peu comme la personne qui essaie de trouver une 2ème vie au café. Question Si j’en mets sur mes mauvaises herbes est-ce-que ça les fera disparaître?
[…] indifferent to coffee grounds when it actually attracts others to the garden. The place of the coffee grounds is in the composter, quite […]
Est-ce que c’est bon d’ajouter du Marc de café à ma plantation d’ail?
Merci!
Mon marc de café une fois séché a plusieurs courants roses. Je suis à Montréal et je me demande si cette couleur proviendrait de produits chimiques qui sont dans l’eau.. Qu’en pensez-vous?
La couleur rose dans le marc de café séché est probablement due à la présence de micro-organismes, comme des moisissures ou des bactéries, plutôt qu’à des produits chimiques dans l’eau de Montréal.