2016: L’année du delphinium
Chaque année le National Garden Bureau déclare une «année de» que met en vedette quatre plantes: un légume, une annuelle, une vivace, et, en 2016 pour la première fois un bulbe. Regardons aujourd’hui la vivace de l’année, le delphinium. Voici les articles sur le légume de l’année, la carotte, et sur l’annuelle de l’année, le bégonia. Je traiterai du dernier lauréat dans un blogue subséquent.
Portait de famille
Le genre Delphinium comprend environ 300 espèces de vivaces, de bisannuelles et d’annuelles, presque toutes de l’hémisphère nord, et appartient à la famille des Renonculacées (famille du bouton d’or). Le genre est très proche des aconits (Aconitum spp.) et partagent avec eux des feuilles palmées fortement découpées. À la différence des aconits, cependant, les delphiniums portent un éperon rempli de nectar derrière la fleur, ce qui lui a mérité le nom commun pied-d’alouette, car la patte de l’alouette porte un éperon semblable. Les Grecs voyaient, dans la forme du bouton floral oblong muni d’un long éperon une similitude avec le dauphin, Delphis, d’où le nom Delphinium. On l’appelle aussi dauphinelle (petit dauphin) en français pour la même raison. Les papillons et les abeilles aiment bien siroter le nectar contenu dans l’éperon.
Bien que divers delphiniums étaient connus depuis l’Antiquité, ce n’est que vers la fin du 19e siècle que le delphinium a commencé sa «carrière» de plante ornementale. L’hybrideur français Victor Lemoine croisa alors l’espèce européenne D. elatum avec d’autres espèces comme D. formosum, D. bruninianum et D. cheilanthum pour créer ce qu’on appelle maintenant le grand delphinium (D. x elatum ou parfois D. x cultorum). La plante fut développée à l’origine comme fleur coupée en vue d’une culture en serre et cela paraît: les tiges florales résistent mal aux conditions de plein air et cassent si on ne leur offre pas un tuteur. Malgré ce défaut, le grand delphinium est rapidement devenu un élément classique de la plate-bande à l’anglaise et c’est encore dans les plates-bandes mixtes à l’anglaise qu’on l’utilise habituellement de nos jours.
La couleur habituelle de fleurs de delphinium sauvage est bleue ou violette, plus rarement blanche, bien qu’il existe quelques espèces aux fleurs rouges et même jaunes. C’est en croisant une espèce à fleurs rouges, D. cardinale, avec les grands delphiniums classiques que la gamme des roses qu’on connaît aujourd’hui a été ajoutée aux possibilités.
Les fleurs des hybrides peuvent être simples, semi-doubles ou doubles, souvent avec un œil contrastant blanc ou noir. Si vous parcourez des catalogues de langue anglaise, il est utile de savoir que les anglophone appelle cet œil un «bee» (abeille).
Variétés
Grand delphinium
Le marché moderne est encore dominé par le grand delphinium (D. x elatum) et c’est vrai que c’est une plante spectaculaire, formant une masse de feuilles à la base d’où sortent de hauts épis sans ramification densément couverts de fleurs. Ils peuvent atteindre jusqu’à 2 m de hauteur, bien que 120 à 180 cm soit plus typique.
La lignée la plus populaire demeure les ‘Pacific Giants’, dont certains cultivars sont nommés pour des personnages de la légende de Camelot, comme ‘Black Knight’ (violet très foncé, œil noir), ‘Guinevere’ (rose lavande, œil blanc) et ‘King Arthur’ (violet foncé, œil blanc) et, d’autres pour des oiseaux, comme ‘Blue Bird’ (bleu moyen, œil blanc) et ‘Blue Jay’ (bleu moyen, œil foncé).
Aujourd’hui ils ont toutefois de la compétition: la série ‘New Millenium’ (appelée aussi ‘New Zealand Hybrids’), developpée par l’hybrideur néo-zélandais Terry Dowdeswell, est plus récente, mais connaît de plus en plus de succès. Ces plantes ont des fleurs plus denses et plus grosses, une tige nettement plus solide, une meilleure résistance aux maladies et une plus longue vie. On peut les obtenir en mélange, comme ‘New Millenium Stars’ (toutes les couleurs, simples et doubles, 90 à 180 cm) ou ‘New Millenium Pagan Purples’ (teintes de violet, fleurs doubles, 1,2 à 1,8 m), ou encore des cultivars individuels, comme ‘Blue Lace’ (bleu ciel marqué de lavande, fleur double, 1,5 à 1,8 m) ou ‘Sunny Skies’ (bleu, œil blanc, fleur simple, 1,2 à 1,8 m).
Et il existe aussi des grands delphiniums nains, notamment la série ‘Magic Fountains’ qui offre un assez bon choix de couleurs sur des plantes de seulement 75 et 90 cm de hauteur qui n’ont pas besoin de tuteur.
Le grand delphinium est souvent de courte vie, notamment sous les climats aux étés chauds. D’ailleurs, on le cultive souvent comme annuelle sous les climats très doux! Mais il peut facilement vivre 5 ou 6 ans et ou même plus dans les régions aux étés frais, comme dans l’Est du Québec, les Maritimes et la Scandinavie.
Sa floraison a lieu au début de l’été et dure 3 ou 4 semaines. On peut même stimuler une deuxième floraison si on rabat la plante sévèrement après la première floraison, mais cette deuxième floraison n’est pas fiable et est nettement moins spectaculaire (l’épi est plus court) que la première. D’ailleurs, un tel traitement tend à réduire encore davantage la durée de vie de la plante.
La rusticité du grand delphinium est excellente: zone 2 ou 3, selon le cultivar.
Delphinium de Chine
Cette espèce (D. grandiflorum, autrefois D. chinensis) est souvent offerte. Il ne produit pas d’épis hauts densément couverts de fleurs, mais plutôt de nombreuses tiges plus courtes et nettement ramifiées aux fleurs plus éparpillées. Ses feuilles sont très découpées, comme des feuilles de carotte. Un grand avantage est qu’il fleurit presque tout l’été, de la fin de juin jusqu’à septembre. Par contre, cette espèce est de courte vie: c’est essentiellement une bisannuelle. Habituellement donc elle meurt à la fin de sa seule année de floraison.
Aucun tuteur n’est nécessaire pour cette espèce, qui atteint entre 30 cm (variétés naines) et 60 cm (variétés standard). Les fleurs sont habituellement différentes teintes de bleu intense, mais il existe depuis peu quelques cultivars à fleurs blanches et rose pâle.
Il ne faut pas supprimer les fleurs fanées du delphinium de Chine, car alors il ne pourrait pas se ressemer et ainsi continuer d’égayer vos plates-bandes pendant les années à venir.
Zone 3.
Les delphiniums annuels
Oui, il existe des delphiniums annuels (Delphinium), mais peu sont cultivés. On trouve toutefois un genre apparenté, Consolida*, qui s’appelle également pied-d’alouette et dauphinelle, notamment les espèces C. ajacis et C. regalis, assez fréquemment dans les catalogues de semences. Habituellement on sème ces faux delphiniums à l’extérieur à l’automne en vue d’une floraison l’été suivant.
*Il est fort possible que ce genre soit intégré dans le genre Delphinium un jour.
Attention!
Le delphinium est joli, mais aussi toxique en toutes ses parties: il ne faut jamais en consommer!
Culture de base
Plantez les delphiniums au soleil ou à la mi-ombre dans un sol riche en matière organique, bien drainé et plutôt humide, de légèrement acide à légèrement alcalin. Un apport annuel de compost est utile ou encore, utilisez un engrais biologique à dégagement lent. Évitez les engrais riches en azote (le premier chiffre), car ils stimulent une croissance exagérée des épis floraux qui sont alors plus à risque de casser. Aucune protection hivernale n’est normalement nécessaire pour cette plante très rustique.
Évidemment, il faut parler de tuteur, car le grand delphinium n’est réellement pas très résistant au vent. On peut les planter à travers des arbustes de taille moyenne qui aideront à les tenir debout (ça fonctionne très bien chez moi) ou encore, utilisez des supports à pivoine extra-hauts (environ 90 cm): on les place en début de saison pour que les tiges passent au travers le support et se trouvent ensuite solidement appuyées. On peut aussi utiliser des tiges de bambou comme tuteur. Ou encore, plantez une variété réputée pour sa résistance au vent.
Multiplication
Contrairement à la plupart des vivaces, le delphinium n’est presque jamais produit par bouturage ou division (bien que cela soit possible), mais plutôt par semences. C’est pour cela que même les cultivars reconnus comme ‘Black Knight’ ou ‘Sunny Skies’ montrent toujours une certaine variabilité dans la teinte de fleur, la hauteur, la couleur du feuillage, etc. Comme les pépiniéristes eux-mêmes produisent leurs delphiniums par semence, pourquoi pas vous? C’est relativement facile et bien sûr vous obtiendrez beaucoup de plants contre très peu d’investissement.
Semez-les graines vers le début ou milieu de mars dans un pot de terreau humide, recouvrant à peine les graines de terreau. Scellez-le dans un sac de plastique et placez-le au frigo pendant 14 jours. Après, les graines germent assez bien quand on expose les pots à un peu de chaleur et un peu de lumière. Quand de vraies feuilles apparaissent, enlevez le sac et, éventuellement, acclimatez les semis aux conditions d’extérieur avant de les repiquer en pleine terre. Ils fleuriront l’année suivante. Les producteurs en serre réussissent à cultiver obtenir des fleurs la première année, mais c’est peu probable sous les conditions de culture des jardiniers amateurs.
On peut aussi semer les graines en pleine terre en juillet, repiquant les plants à leur position finale en octobre pour une belle floraison la saison suivante. Ou encore, les semer à l’automne, dans lequel cas elles germeront au printemps, donnant leurs premières fleurs seulement au printemps suivant, donc dans la 3e année.
Voici quelques fournisseurs de semences de delphinium:
Dowdeswell’s Delphiniums: www.delphinium.co.nz (semences coûteuses, mais de grande qualité).
Chiltern Seeds: www.chilternseeds.co.uk.
Semences Stokes: www.stokeseeds.com
Maladies et insectes
Le delphinium a plus que son lot de maladies potentielles, notamment le blanc, le mildiou et les taches foliaires. On peut éviter le blanc en assurant un arrosage ponctuel en période de sècheresse. Pour prévenir le mildiou et les taches foliaires, choisissez d’abord une variété reconnue pour sa résistance aux maladies et plantez-la dans un emplacement bien aéré.
Côté bestioles, c’est la limace qui est la bête noire des delphiniums: elle semble trouver son feuillage printanier particulièrement délicieux. Un peu de récolte manuelle peut donc être utile en début de saison. Ou encore, essayez des appâts à base de phosphate ferrique.
Et voilà: une belle plante à découvrir, peut-être un peu capricieuse dans les régions aux étés chauds, mais quand même apprivoisable. Pourquoi pas en cultiver lors de cette «Année du delphinium»?
super c’est une très belle fleur coupée martinus Date: Mon, 8 Feb 2016 11:32:33 +0000 To: bc.enr@bell.net
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