Une brève histoire des serres

Ma propre serre: lĂ oĂ¹ on oublie l’hiver.
Quel jardinier ne rĂªve pas de possĂ©der sa propre serre? J’ai la mienne depuis plus de 25 ans, en fait une verrière que je remplis de plantes durant les mois froids et qui devient notre salle Ă dĂ®ner l’étĂ©, quand la plupart des plantes sont en vacances Ă l’extĂ©rieur. HonnĂªtement, je ne saurais m’en passer! Mais la serre n’a rien de nouveau: on peut mĂªme retracer son histoire jusqu’Ă l’Ă©poque romaine.
Les Romains
Les premières tentatives pour cultiver des plantes sous couvert dateraient de l’Ă©poque romaine. Tibère, empereur de 14 Ă 37 après J.-C., voulait manger des concombres Ă l’annĂ©e, chose impossible Ă Rome oĂ¹ la tempĂ©rature est froide l’hiver et peut mĂªme descendre sous le point de congĂ©lation.
Ses jardiniers ont donc essayĂ© d’installer des plants de concombres sur des chariots de façon Ă rentrer les plantes dans des remises quand il faisait trop froid. Mais si le froid durait, les concombres mouraient faute de lumière. D’oĂ¹ l’idĂ©e de couvrir des structures non pas d’ardoise, mais de plaques de sĂ©lĂ©nite, une roche transparente, pour laisser entrer le soleil.
Ainsi fut créée la première serre.
La Renaissance

Dans cette illustration de l’Orto Botanico de Padova (Padoue), le plus ancien jardin botanique au monde (1545), on peut apercevoir une serre primitive.
Dès les annĂ©es 1400, les techniques de fabrication des panneaux de verre s’Ă©tant beaucoup amĂ©liorĂ©es, on a commencĂ© Ă utiliser de la vitre pour recouvrir les serres. On a ainsi pu agrandir les structures de façon considĂ©rable.
C’Ă©tait une grande pĂ©riode d’exploration et on rapportait des plantes de lieux exotiques: Afrique, Moyen-Orient, Asie et, un peu plus tard, Nouveau Monde. On hĂ©bergeait ces vĂ©gĂ©taux dans des serres plus dĂ©veloppĂ©es appelĂ©es orangeries, car on pouvait y rentrer jusqu’Ă des arbres – orangers, citronniers, dattiers, etc. – pendant l’hiver. D’ailleurs, le mot serre vient de serrer, dans le sens de «mettre Ă l’abri».
C’est ainsi que les premiers jardins botaniques sont nĂ©s, d’abord en Italie pour ensuite rayonner partout en Europe, toujours annexĂ©s Ă la facultĂ© de mĂ©decine d’une universitĂ©, car la botanique Ă l’Ă©poque faisait partie des Ă©tudes dans ce domaine.
Dans le sud de l’Europe, un toit ou un mur vitrĂ© suffisait, Ă cause de l’effet de serre. Le soleil entre et rĂ©chauffe l’intĂ©rieur le jour et, grĂ¢ce au vitre, assez de chaleur reste captive pour garder l’orangerie au chaud, mĂªme l’hiver. Par contre, plus au nord, il fallait les chauffer.

Orangerie de Versailles.
Ă€ Versailles, l’Ă©norme orangerie de 150 m de longueur, construite entre 1684 et 1686, Ă©tait conçue pour contenir 1000 orangers et fruitiers cultivĂ©s dans de grandes caisses et on chauffait au charbon. Le système de chauffage Ă©tait tellement peu fonctionnel que les plantes Ă©taient noires de suie et Ă moitiĂ© mortes au printemps.
Une orangerie ne ressemble pas encore Ă notre image d’une serre, car elle a un toit et des murs pleins. Seules les grandes portes par oĂ¹ on entrait les plantes l’automne et d’oĂ¹ on les ressortait au printemps Ă©taient vitrĂ©es. L’orangerie de Versailles se trouve d’ailleurs sous le parterre du midi et ne fait mĂªme pas face au sud, mais plutĂ´t au nord-ouest! Ainsi, elle profite peu des avantages de l’effet de serre.
Les véritables serres naissent

La Serre Nash de Kew Gardens (Londres) date de 1825 et est l’une des plus anciennes serres entièrement vitrĂ©es qui existent encore. Notez la structure massive, nĂ©cessaire Ă l’Ă©poque pour supporter le poids du vitrage.
Au XIXe siècle, les pays de l’Europe ont aboli les taxes sur le verre et l’utilisation de la vitre a alors pris son envol. Les fenĂªtres des maisons sont de plus en plus nombreuses et plus grandes et on commence Ă voir les premières serres de type moderne, au toit et aux murs vitrĂ©s. Et les serres ne sont plus le seul apanage des institutions botaniques, c’Ă©tait très Ă la mode que d’ajouter un «jardin d’hiver» (serre) Ă toute maison d’importance.

Domaine Cataraqui et son jardin d’hiver.
Dans les serres privĂ©es connexes aux grands domaines, il devint Ă la mode de cultiver des plantes exotiques: fougères, orchidĂ©es et autres. Le mĂªme domaine aurait eu aussi une ou des serres horticoles, Ă©loignĂ©es de la maison, pour la culture de lĂ©gumes, de fruits et de fleurs, car il Ă©tait de mise Ă l’Ă©poque pour tout riche propriĂ©taire de produire ses propres oranges, bananes et mĂªmes ananas pour la table de sa demeure ainsi que de dĂ©corer la maison tout l’hiver de fleurs fraĂ®ches. Les cĂ©lèbres serres de Longwood Gardens (Pennsylvanie) commencèrent leur vie comme de simples serres horticoles. Près de chez moi, le Domaine Cataraqui Ă Sillery reprĂ©sente bien les domaines de l’époque, avec son jardin d’hiver fixĂ© Ă la maison et ses longues serres horticoles, aujourd’hui tristement sans vitrage, près du potager.

Crystal Palace, Londres
Le XIXe siècle fut aussi l’ère des grandes serres publiques, comme le Jardin d’hiver sur les Champs-ÉlysĂ©es Ă Paris (1846) et le Crystal Palace Ă Londres (1851), qui servaient non seulement Ă accueillir et Ă prĂ©senter des plantes exotiques, mais qui Ă©taient aussi les palais des congrès de leur Ă©poque. Ces deux grandes serres n’existent plus, mais beaucoup de villes europĂ©ennes, nord-amĂ©ricaines et mĂªme australiennes ont en toujours une, voire plusieurs, grandes serres publiques: Paris, Londres, Dublin, San Francisco, Saint-PĂ©tersbourg, New York, Toronto, MontrĂ©al, Melbourne, etc.
De la «Serrathérapie»

Dans les serres du Jardin botanique de Montréal.
Si le poids de l’hiver vous devient insupportable et un voyage Ă Cuba ne figure pas dans votre budget, Ă©vadez-vous dans une serre publique pendant une heure ou deux. La chaleur tropicale, l’humiditĂ© intense, l’odeur mĂ©langĂ© de verdure, de terre humide et de fleurs et le foisonnement de plantes de toute couleur et de tout acabit sont comme un peu de baume sur les plaies. Ă€ dĂ©faut d’avoir une serre publique dans votre ville, allez dans une jardinerie locale: il y en a sĂ»rement une qui est ouverte Ă l’annĂ©e. Personnellement, je visite ma serre plusieurs fois par jour, dès que j’ai le moindrement le vague Ă l’Ă¢me. Il ne me faut que quelques minutes de serrathĂ©rapie pour faire le plein d’énergie et d’enthousiasme.
Qui sait? Peut-Ăªtre qu’il y au un beau «jardin d’hiver» dans votre avenir aussi!
Merci d’Ă©crire vos articles, Monsieur Hodgson. Les lire me permet d’attendre le printemps un peu plus patiemment.
Juste l’image (ou le rĂªve d’une serre) fait du bien! Merci!
Très vrai!
J’aime bien les serres, mais je ne connais pas trop leurs histoires, merci de nous avoir fait voyager avec ces quelques paragraphes.
Bonjour!
J’aimerais avoir votre opinion sur le walipini (ou la serre souterraine). Croyez-vous qu’il s’agisse d’une mĂ©thode intĂ©ressante pour notre climat quĂ©bĂ©cois? Avez-vous des rĂ©fĂ©rences sur le sujet?
Merci d’avance!!
Je n’ai pas de rĂ©fĂ©rences spĂ©cifiques, mais je doute que ce soit très efficace chez nous Ă cause de l’abondance de neige. Évidemment le rĂ©sultat dĂ©pendra des conditions dans votre secteur, mais… J’ai une couche froide enterrĂ©e Ă la base et donc essentiellement un petit walipini. Je pensais l’utiliser l’hiver pour la culture de diffĂ©rentes plantes, mais elle est couverte de neige de dĂ©cembre Ă mars ou avril (prĂ©sentement, encore complètement inaccessible). Je peux m’en servir l’hiver pour remiser des plantes qui sont en dormance (des plantes semis-rustiques, car la tempĂ©rature ne descend jamais en bas de -7?C), pour forcer des bulbes, pour donner un traitement au froid aux semences, d’accord, mais seulement les plantes qui peuvent tolĂ©rer l’absence de lumière pendant des mois. Impossible sous ses conditions de cultiver des lĂ©gumes d’hiver, etc. Je ne peux pas utiliser ma couche froide comme serre que lorsque la neige est partie. La première annĂ©e, j’ai essayĂ© de la dĂ©gager de neige, mais c’est devenu une bataille sans fin, car les panneaux vitrĂ©s sont vite recouverts de neige encore.
[…] Source: Une brève histoire des serres […]
Mon chum pense me faire une serre avec des fenĂªtres et porte patio en pvc. J’aimerais cultiver des plantes et lĂ©gumes toute l’annĂ©e dans une serre 8′ par 10′ environ. Certains me disent que je dois avoir des verres horticole…! Qu’en pensez-vous?
Je cherche des magasins qui offrent des serres pour amateurs comme moi. J’ai dĂ©jĂ eu une petite serre Rona avec panneau de plastique qui a durĂ© 5 ans. Elle avait une fenĂªtre avec cilyndre … GĂ©nial! Mais l’isolation n’Ă©tait pas super!
J’ai vu une serre avec montants verts chez Costco avec toiles pour ombrager la serre. Elle semble bien construite…
Vous pouvez bien sĂ»r cultivez des lĂ©gumes et autres dans une serre l’hiver. Le secret est, d’abord, de bien isoler. Aussi, ne pensez pas que vous aurez beaucoup de croissance chez la plupart des lĂ©gumes entre dĂ©cembre et fĂ©vrier: le soleil est trop faible, Ă moins d’utiliser un Ă©clairage artificiel intense. Les lĂ©gumes-feuilles devraient avoir quand mĂªme assez de lumière pour croĂ®tre… au ralenti. Je ne connais pas de magasins spĂ©cialisĂ©s dans les serres, mais parfois les spĂ©cialistes en hydroponie peuvent Ăªtre utiles. Aussi, on trouve un choix de serres sur l’Internet.
Si vous avez le plaisir d’aller Ă Madrid, faites un dĂ©tour par la gare d’Atocha ! Quand j’y vivais, j’y allais juste pour y boire un cafĂ© đŸ™‚ un vrai bain de verdure au milieu du dĂ©sert espagnol ! https://www.tripadvisor.fr/ShowUserReviews-g187514-d313713-r163571592-Estacion_de_Atocha-Madrid.html#photos;geo=187514&detail=313713&aggregationId=101 đŸ™‚
J’ai dĂ©jĂ Ă©tĂ©… une seule fois, seulement quelques minutes, mais c’Ă©tait extraordinaire!
Bonjour! J’aimerais connaĂ®tre votre installation pour vos plantes… Que conservez-vous dans votre solarium? Est-ce bien un…solarium? Est-il accessible en tout temps? Que faites-vous pour baisser la tempĂ©rature?
Je pense Ă construire un solarium mais j’ai peur qu’il fasse trop chaud l’étĂ©. Si je faisais le tour avec des portes patio afin s’ouvrir l’étĂ©! Est-ce « la » solution?? J’aimerais cultiver mes lĂ©gumes au printemps et conserver mes jardinières au printemps et automne. Je pense que si le solarium n’est pas appuyĂ© sur le mur de la maison, ça serait coĂ»teux de faire un chauffage indĂ©pendant..? Et l’hiver, je ne crois pas que ce sera pratique de…quitter la maison pour s’y rendre…Merci.
C’est un solarium, mais je l’utilise comme serre. Il fait face au sud. Il est ouvert sur la maison du cĂ´tĂ© nord et partage son système de chauffage (Ă©lectrique). Le toit est isolĂ© avec des lattes qu’on peut ouvrir quand on veut plus de soleil ou fermer quand on en veut moins. L’Ă©tĂ©, avec les lattes fermĂ©es et avec des moustiquaires sur les deux grandes fenĂªtres Ă l’ouest et la porte-patio et une autre grande fenĂªtre Ă l’ouest, la tempĂ©rature est rarement si forte… parfois 28 C tout au plus, habituellement moins.
L’Ă©tĂ©, il est presque vide de vĂ©gĂ©taux: les plantes sont dehors. L’hiver, il est très chargĂ©. J’ai peu de contrĂ´le sur la tempĂ©rature; il ne fait jamais vraiment frais alors que plusieurs plantes aimerais ça. Mais… j’ai aussi une couche froide pour les plantes qui aiment la fraĂ®cheur.
Je l’utilise surtout pour mes nombreuses plantes d’intĂ©rieur et plantes « annuelles » que je hiverne Ă l’intĂ©rieur (pĂ©largoniums, bĂ©gonias, etc.).
Habituellement, je pars mes semis au sous-sol sous les lampes fluorescentes. Après, ils ne passe pas par le solarium, mais la couche froide et/ou ma serre temporaire couverte de plastique.
Évidemment, on y a accès toute l’annĂ©e. MĂªme la couche froide est accessible de l’intĂ©rieur Ă partir d’une fenĂªtre.
VoilĂ !