Quelle est cette jolie graminée qui pousse le long des routes?
C’est le roseau ou phragmite commun (Phragmites australis). D’ailleurs, plusieurs jardiniers le trouvent si joli quand il porte ses beaux panaches gris Ă l’automne et l’hiver qu’ils en dĂ©terrent pour apporter chez eux. Mais malheur Ă ceux qui le font: c’est une plante incroyablement envahissante grĂ¢ce Ă des rhizomes traçants très nombreux et très denses. BientĂ´t vous n’aurez plus que du phragmite chez vous, car il Ă©touffe essentiellement tous les vĂ©gĂ©taux environnants! Et il est très difficile Ă Ă©liminer.
On le voit souvent dans les fossĂ©s le long des routes, dans les marĂ©cages et près des cours d’eau, car le phragmite prĂ©fère une bonne humiditĂ©. Il peut mĂªme pousser dans jusqu’Ă 1 m d’eau. Sa tolĂ©rance des sols salins et les eaux saumĂ¢tres est excellente. Une fois Ă©tabli dans un coin humide, par contre, il part Ă la conquĂªte des terrains plus secs avoisinants, notamment les champs des agriculteurs.
Un immigré illégal
Le phragmite Ă craindre est la forme europĂ©enne (P. australis australis), appelĂ© souvent phragmite envahissant. On croĂ®t qu’il fut introduit accidentellement Ă divers sites cĂ´tiers au Canada et aux États-Unis au dĂ©but du 20e siĂ©cle (1916 au QuĂ©bec), apportĂ© dans le ballast des bateaux. Le phragmite envahissant recouvre dĂ©sormais des milliers de kilomètres carrĂ©s dans son continent d’adoption, de la Colombie-Britannique Ă l’ouest Ă Terre-Neuve dans l’est et de la Floride au sud jusqu’au QuĂ©bec au nord. La plus grande concentration est toutefois dans la rĂ©gion des Grands Lacs et dans la vallĂ©e du Saint-Laurent ainsi qu’en Nouvelle-Angleterre.
On le distingue de la forme nord-amĂ©ricaine par sa croissance extrĂªmement dense, avec jusqu’à 200 tiges par mètre carrĂ©, tellement qu’elle ne laisse pas de place aux autres vĂ©gĂ©taux et forme ainsi une monoculture qui rebute la faune indigène. Aussi, il peut atteindre jusqu’à 5 m de hauteur, Ă©touffant tout sauf les arbres dĂ©jĂ grands dans le secteur. Et ses racines sont allĂ©lopathiques: ils dĂ©gagent des produits toxiques pour mieux Ă©liminer leurs compĂ©titeurs. Enfin il s’étend rapidement par rhizomes souterrains qui peuvent, dans certains cas, descendre jusqu’à 9 m dans le sol et sont alors essentiellement inextirpables.
Autre problème, il assèche les milieux oĂ¹ il pousse et constitue alors un menace pour les marĂ©cages et autres milieux humides.
«En terme de compĂ©titeur vĂ©gĂ©tal, c’est probablement l’une des plantes les plus envahissantes», confirme Claude Lavoie, biologiste, professeur Ă l’UniversitĂ© Laval et membre d’un groupe de recherche sur les phragmites, dans un article du journal Le Soleil.
La sous-espèce indigène
Le phragmite nord-amĂ©ricain, P. australis americana, est beaucoup plus rare et on craint mĂªme sa disparition si la compĂ©tition avec le phragmite envahissant se maintient. Il ne forme pas le peuplement dense mais pousse plutĂ´t çà et lĂ Ă travers d’autres vĂ©gĂ©taux, donnant un milieu oĂ¹ la vie sauvage foisonne. Il produit peu de rhizomes et reste plus ou moins Ă sa place. Enfin, elle atteint rarement plus de 2 m de hauteur.
Des remplaçants de bon aloi

Les miscanthus (ici Miscanthus sinensis ‘Purpurascens’) peuvent ressembler aux phragmites par leur taille et leur forme gĂ©nĂ©rale, mais poussent en touffe: jamais vous ne voyez des rhizomes vagabonds Ă leur pied.
Si vous voulez planter de belles graminées aux panaches hivernaux attrayants, voici quelques suggestions: Des graminées ornementales qui restent à leur place. Cet article vous aidera à choisir des variétés qui vont rester à leur place.
ContrĂ´le
C’est trop tard et cette plante commence Ă envahir votre terrain? Oubliez les herbicides: ceux qui sont disponibles au grand public ne donnent pas de rĂ©sultats intĂ©ressants sur le phragmite commun. Vous pouvez essayer de le faucher frĂ©quemment, ce qui devrait thĂ©oriquement l’affaiblir, mais en fait, la plupart des essais Ă ce niveau ont Ă©tĂ© infructueux: il repousse, tout simplement. Les brĂ»ler ne s’est pas montrĂ© trop efficace (il faut le rĂ©pĂ©ter pendant aux moins trois annĂ©es)… et est illĂ©gal dans plusieurs municipalitĂ©s. Aussi, on peut utiliser le bĂ©tail pour le contrĂ´ler (les chèvres seraient particulièrement efficaces), mais ce n’est pas toujours possible en ville.
Si vous essayez de le dĂ©terrer (bonne chance!), surtout, ne jetez pas les rhizomes sur un terrain vague: vous ne ferez qu’étendre le problème. Et il ne faut pas non plus les mettre dans le compost de peur qu’ils survivent au compostage. Jetez-les aux rebuts, voilĂ tout.
Il ne faut pas espĂ©rer non plus que le phragmite s’Ă©puisera de son propre accord. Certaines colonies sont plus de centenaires et ne montrent aucun signe de vouloir disparaĂ®tre.
La mĂ©thode qui s’est montrĂ©e la plus efficace sur les terrains privĂ©s est, jusqu’ici, le bĂ¢chage: vous le fauchez au printemps et puis vous couvrez le sol de tout le secteur (bien au-delĂ de la zone infestĂ©e, sinon des rhizomes vagabonds auront vite fait de sortir de la partie recouverte) d’une toile noire que vous fixez en place avec des pierres ou des briques. Laissez-la en place pendant une annĂ©e au complet: sans lumière, mĂªme un phragmite, qui dĂ©pend entièrement de la lumière solaire pour son Ă©nergie, va s’épuiser et mourir. Si, après un an, il y a encore quelques repousses, remettez la toile pendant encore un an.
Après, vous pouvez planter d’autres végétaux (moins envahissants, j’espère!) ou laissez la végétation naturelle se réinstaller. Des expériences révèlent que, dès que le phragmite est éliminé, les espèces indigènes reviennent au galop.
Enfin, si vous en avez chez vous, informez votre municipalitĂ©. Plusieurs ont des programmes de contrĂ´le du phragmite et peuvent peut-Ăªtre vous aider.
C’est toujours intĂ©ressant de vous lire , merci…!
Si j’en avais chez moi, ce qui n’est pas le cas prĂ©sentement, est-ce qu’installer une vieille toile de piscine dessus peut faire l’affaire ?
Probablement. La toile noire a l’avantage de chauffer le sol et tuer les rhizomes près de la surface. Avec une toile de piscine, il faudrait juste compter sur l’absence de lumière pendant une longue pĂ©riode. Peut-Ăªtre que 2 ans pourraient Ăªtre nĂ©cessaires.
Svp. m’inscrire dans vos courriels de communication afin dâ€™Ăªtre informĂ©e de toute nouvelle avancĂ©e dans cette lutte contre la phragmite. Merci
Je ne sais malheureusement pas comment fair cela.
Bonjour, y a t’il aussi des semences qui peux Ăªtre problĂ©matique ou seulement les rhizomes qui sont très envahissants ?
Cette plante s’Ă©tablit rarement par semences, qui sont un moyen de multiplication secondaire pour cette plante. D’ailleurs, il faut un Ă©tĂ© long et chaud pour leur les semences murissent correctement. Autrement, leur viabilitĂ© est faible.
Vu sur une vidĂ©o de Serge Fortier que le paillis de phragmite est très bon pour la culture de l’ail. Le phosphore absorbĂ© par la plante devient très utile pour l’ail. https://www.facebook.com/watch/?v=1158416834536340&__cft__%5B0%5D=AZXt6P3M3e5J0uuwZJPOQLbll05yODTQZgazj27h0pclGt0KLY20Xfxy0y_qAPOlivwRWjzychrYefgOI7qyzSLujaOSOoS5a1hGvMYX4P98s4adJHY01Ge9zLLQKDKOTc_uJuY2YpQBibBHgXMwyoKzgraTaymBNNW4-vPlswLqMUym6vwlMM4iGoNVkE3bo6U&__cft__%5B1%5D=AZU50MfY_LZXTNYiUEQBIQum9nlxlps8kay0LXulYn6hVN5XboNQR29akzbQvwdZg8lUn12cInwuSyz1EtdbK9LBCxsA-_H_CmOGQxBGQWInQpVj-431eUvvQQOaVN9ATV3MhwZn967Fn-AaF01XKOoE7tjceZIwmz6BTyWCAOSfX7ZGeqhW54HYB1yqtkxtb2s4PL9BGOHBLqtwlTa_x9d0&__tn__=FH-R
Il y en avait beaucoup le long de la rive, j’ai alors vaporisĂ© du RoundUp et le problème a Ă©tĂ© rĂ©solu. La rive est maintenant recouverte de vignes sauvages.