Un «nouvel» arbuste à floraison automnale
L’heptacodium de Chine (Heptacodium miconioides, parfois vendu sous le nom erroné H. jasminoides) est un ajout relativement récent à la palette des arbustes à floraison automnale. Il est de la famille des caprifoliacées et donc un proche parent des chèvrefeuilles.
Cette espèce a été découverte en Chine en 1907 par le célèbre botaniste E. H. «Chinese» Wilson, celui qui a inspiré les films Indiana Jones, mais n’a jamais été cultivée et a donc sombrée dans l’oubli. C’est lors d’une expédition botanique dans les provinces chinoises Anhui et Zhejiang en 1980 qu’elle a été redécouverte et que des semences ont été envoyées à l’Arnold Arboretum de Boston. Suite au grand succès avec l’heptacodium dans ce jardin, la plante a commencé à être distribuée aux pépinières de production. On la trouve maintenant cultivée dans les jardins des régions tempérées du monde entier, dont au Québec.
Unique en son genre
L’heptacodium de Chine est monotypique: le genre ne compte qu’une seule espèce, H. miconiodes. Heptacodium veut dire «à sept têtes», car l’inflorescence est ramifiée sept fois. Calquant le nom chinois, les Anglais l’ont appelé Seven-Son Flower: «fleur à sept fils».
C’est un grand arbuste ou petit arbre. Si les pépinières indiquent des dimensions plutôt restreintes (environ 3 ou 4 m de hauteur et de diamètre), c’est qu’elles se sont basés sur ce que l’on croyait au début, quand l’espèce était fraîchement arrivée de la Chine et qu’on ne la connaissait pas encore très bien. En fait, aujourd’hui on sait qu’il atteint facilement 8 m de hauteur et devient, si on ne le taille pas, un petit arbre. Si vous supprimez annuellement les branches les plus hautes, un peu comme on fait pour le lilas, il devrait être facile de le maintenir à environ 3 m de hauteur par 2 ou 3 m de diamètre.
Traits
Le trait le plus saisissant de l’heptacodium est sa floraison tardive: en septembre, il se couvre de petites fleurs blanches qui sentent le jasmin.
Si la saison est assez longue, les fleurs fanées cèdent la place à des bractées rose foncé… mais pas toujours sous notre climat. En effet, chez moi, les bractées n’ont pas toujours le temps de rougir après la floraison: le gel arrive trop rapidement. Mais on peut lui pardonner ce petit manquement, car le fleurs blanches en soi sont déjà bien attrayantes!
Son port est plutôt érigé et arrondi au stade arbustif, plus évasé et nettement dégagé à la base si vous le laisser devenir un arbre.
Le feuillage arqué est très original — il n’y a aucune autre arbuste de climat froid similaire— et donne une allure tropicale à la plante. Le feuillage tombe sans changement de couleur chez moi, mais alors il est touché par le gel avant de compléter son cycle normal. Là où les automnes se prolongent davantage, il devient un beau pourpre rougeâtre.
L’écorce brun-beige n’est pas si impressionnante chez les jeunes spécimens, mais s’exfolie très joliment quand l’arbuste prend de la maturité, révélant une écorce multicolore. Même, j’ai vu des spécimens matures à Boston (un des rares endroits en Amérique où les plants ont atteint la taille d’un arbre) qui ressemblent à de petits eucalyptus (Eucalyptus)!
Une culture simple
L’heptacodium s’adapte à la plupart des sols bien drainés et plutôt acides qu’alcalins dans les emplacements ensoleillés à mi-ombragés. Il semble toutefois plus heureux dans un sol riche et également humide, même si les plants bien établis tolèrent la sécheresse. La taille, si nécessaire, se fait tôt au printemps.
Côté rusticité, quand on avait lancé cette plante sur le marché, on la disait de la zone 6, puis de la 5, et maintenant de la 4. J’ai toutefois vu des spécimens en zone 3 qui semblaient en bon état, placés dans un endroit protégé du vent.
Où le trouver?
Pour une plante complètement inconnue il y a seulement 10 ans, l’heptacodium a fait du chemin et est disponible dans la plupart des bonnes pépinières. Si vous n’en trouvez pas actuellement, demandez-le: on pourra sûrement vous l’obtenir en vue d’une plantation au printemps prochain.
L’heptacodium: un arbuste/arbre à floraison automnale qu’il vaut la peine de découvrir!
Bonjour , toujours très intéressant vos articles soit dit en passant ! Je me questionnait sur ce spécimen à savoir environ combiens d’années , dans de bonnes conditions en zone 4 ( rive-sud de Québec) pourrait t’il prendre pour atteindre 8 mètres de haut ???? Et après combien de temps aussi , l’écorce commence à s’exfolier ? Est-ce qu’on parle de 20 ans , 30 ans ou bien déjà après 4-5 ans on atteint une hauteur d’arbre intéressante 🙂 merci beaucoup .
Dans 10 ans environ, il va commencer à ressembler plus à un petit arbre et l’écorce commencera à s’exfolier, mais il lui faudrait encore 5 à 10 ans avant d’arriver à sa forme et sa hauteur finale et avant que l’écorce donne vraiment une allure d’eucalyptus.
Merci beaucoup 🙂 belle découverte !!
Bonjour, est-il possible de le bouturer, si oui, comment. Merci
Oui, idéalement au printemps ou au début ou milieu de l’été (boutures en vert ou semi-aoûtées). Une hormone d’enracinement est recommandée.
[…] roses et tiennent encore, ainsi que plusieurs rosiers qui refleurissent en fin de saison. Et l’heptacodium de Chine (Heptacodium miconioides), malheureusement peu connue, fleurit massivement à l’automne. […]
Est-il tolérant à la pollution urbaine? J’aimerais le planter près du chemin, sous les fils électrique.
Je ne sais pas. Cette plante est tellement nouvelle sur le marché qu’il est possible que personne n’ait encore regardé cet aspect de sa culture.
Es t’il normal que présentement les feuilles du bas sont devenues brunes, aimerait une réponse s.v.p.
Normalement, non, mais il fait exceptionnellement sec. Ça pourrait en être la cause.
Bonjour, j’ai mon heptacodium depuis plusieurs années et il fleurit à tous les mois d’août, septembre et cette année, sûrement dû à la longue période de chaleur, il me donne plein de bractées rouges dont vous avez parlé. Je suis situé dans les basses laurentides près de St Jérôme. C’est une splendeur.
Merci pour tout le savoir que vous avez et que vous nous partagez.
Chez moi aussi, cette année il rougit de façon extraordinaire… mais en 20 ans, c’est seulement la 2e fois, climat oblige!
C’est étrange comme commentaire attendu que dans votre livre sur les arbustes, vous indiquiez que tous les spécimens nord-américains de 20 ans ne mesuraient que 3m et qu’en chine, à l’état naturel 7,5m. Ça me semble contradictoire avec ce que je lis aujourd’hui